Eté 2004, la pochette signée Wesley Benscoter (Autopsy, Cattle Decapitation, Slayer, Hypocrisy, Nile, Mortician…) de
Helping The World To See me fait de l’œil (oui c’est le cas de le dire) jeune chroniqueur innocent que je suis. Puis le clip de « By Your Bedside » et sa mélodie empruntée à la « Carmina Burana » confirment une certaine attirance. Mais mon allégeance à Vehemence se fera lors de la découverte de son prédécesseur
God Was Created. Un bijou de death metal progressif et mélodique bien trop méconnu. Un charme malheureusement de courte durée, lâché par Metal Blade un an après la sortie de
Helping The World To See, le groupe de Phoenix se séparera pour finalement se reformer fin 2007 avec un nouveau deuxième guitariste. Pourtant Vehemence restera assez vague sur la suite et plutôt fantomatique sur ses interventions… Il proposera au compte goutte des titres démos (R.I.P MySpace) et des concerts locaux mais toujours avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Finalement le groupe entrera dans son « studio maison » pour enregistrer un quatrième album portant l’étendard du modeste label américain Battleground Records. Dix ans plus tard, Vehemence est enfin de retour.
Ceux guettant (comme moi) le moindre message du groupe connaîtront déjà une partie de ces morceaux composés entre 2007 et 2011 (parfois renommés), diffusés dans leur version démo et/ou filmés lors de leurs concerts. La recette de Vehemence ne change donc pas, un metal extrême bigarré lorgnant toujours entre death US, death mélodique (vieille école), brutal death et black. Une appétence black nettement plus marquée désormais, pas si étonnant puisque trois des cinq membres auront joué au sein d’Abigail Williams. Tremoli et arpèges glacials, batterie martiale dense, hurlements déchirés… L’enchaînement « In The Shadows We Dwell » (riff fatal à 3:24) et « A Dark Figure In The Distance » (son break à 1:09) transpire le metal noir. Quel plaisir de retrouver le riffing de Bjorn… Le socle mélodique demeure ainsi, outre le nombre incalculable de riffs accrocheurs (un paragraphe complet), des leads (aucun titre épargné) qui montent d’un cran en recherche et technicité. Démonstration faite sur les huit minutes « heavy ahuri » de « Murdered By The Earth ». Vehemence use encore d’un tempo relativement modéré tout le long, de fait il en profitera pour varier ses débits (vagues de double pédale de face) et contraster ses luxuriantes compositions (neuf morceaux pour une heure de musique). Un pavé tout en fluidité.
L’envoutant
God Was Created contait la douce histoire d’un tueur psychopathe (nécrophile) obsédé par une femme vouant tout son amour à Jésus Christ. A l’instar du plus inégal
Helping The World To See, point de délicat concept cette fois-ci mais des vers « impétueux » contre tout type de religion et l'humanité dans son ensemble, Nathan nous plonge dans son univers (première personne souvent utilisée dans les paroles jouissives). Fini l’asthme éprouvant des débuts, place à des vocaux puissants, gutturaux et articulés que l’on tentera d’imiter. Seul désormais, le frontman s’occupera de toutes les parties criardes (épaulé à l’époque du bassiste). Des hurlements pêchant il est vrai en termes de puissance mais plutôt honorables dans l’ensemble. Un chant aidé par un mixage tout autre. Une discographie qui souffrait d’une production bien obscure… Balayée à des années lumières ici, un son massif (fûts et tympans martyrisés) et un mixage parfaitement équilibré. Mention toute spéciale aux rouleaux compresseur « It’s All My Fault » (« I hate this life ! ») et « There Are So Many Reasons To Give Up On Religion » (« Fool me once : shame on you ! Fool me twice : shame on me ! »)… Tout simplement imparables. On redemande des morceaux de ce calibre car peut-être que Vehemence a voulu trop en faire sur certains passages. Aucun remplissage mais des moments longuets qui tirent parfois sur la corde… Des baisses de régime reprises par un break impromptu, une mélodie ou un déchaînement de violence. L’ambiance mélancolique aurait pu être encore plus affinée (les finals de « In The Shadows We Dwell » et « She Fucks Like She’s Alive ») afin d’agripper la perfection.
God Was Created hante toujours mon esprit.
Association du complexe
God Was Created et du direct
Helping The World To See,
Forward Without Motion touche de près l’excellence. « De près », peut-être que son death aurait pu gagner encore en terme d’ambiance ou d’efficacité (quelques rallonges aisément amputables) mais le niveau de composition pharamineux pour le style pratiqué ainsi que les passages mandales auront indubitablement le dernier mot. Onze années de silence interminable qui auront pu faire murir naturellement le metal de Vehemence, à la fois mélodique, brutal, progressif et surtout personnel. L’attente était sensée pour ce retour imposant, j’ai de nouveau 20 ans.
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