Seven Sisters of Sleep - Opium Morals
Chronique
Seven Sisters of Sleep Opium Morals
Tant pis pour le romantisme : Seven Sisters of Sleep est plus qu'une formation lambda qui a touché la perfection
le temps d'un EP. Il est, pour dire les choses simplement, un très bon groupe, de ceux qui prennent ce qui fait le meilleur des genres – ici, pour les retardataires, le sludge et le hardcore – en le cuisinant à leur sauce.
Ho, n'y voyez pas pour autant une sorte de réponse au sludge qui amène les choses plus loin à la manière de Thou : ce n'est toujours pas le but de SSoS, cette rencontre de petites brutes qui peinent à voir plus loin que le bout de leur nez, gênées qu'elles sont par une vision qui a évacué toutes les couleurs sauf le rouge.
Opium Morals ne change rien à la donne mais prend le parti de pratiquer un sludge jouissif, façon « power of the riff ». « Grindstone », « Moths », « White Braid », « Reaper Christ », « Orphans »… Difficile de compter les passages où les compteurs s'affolent, les Ricains ayant tellement compilé les parties de guitares galvanisantes que ce second album devient rapidement un premier choix pour, non pas s'apitoyer ou se rêver je-ne-sais-quoi faisant référence à la truanderie, mais bouger toutes les parties de son corps disponibles durant l'écoute. Party Hard.
Seulement, le petit plus que conservent les sœurs du sommeil par rapport à un early-Hang the Bastard (que les formats calibrés pour réussir composant
Opium Morals rappellent) est de ne jamais sacrifier ce qui fait leur personnalité sur l'autel de l'efficacité. Trente-trois minutes sur lesquelles taper du pied, jusqu'à se rendre compte de ces petites touches, discrètes, mais prouvant que l'ambiance de fête ne signifie pas qu'on n'y laisse pas à l'arrivée quelques neurones et bouts de chair, à l'image de la voix toujours à fleur de peau de Tim McAlary, bourrine au possible mais dont les hurlements durent trop longtemps pour le bien de tous, le bonhomme paraissant proche de l'évanouissement à chaque poussée. Le reste suit d'ailleurs cette tendance, de la production monolithique aussi prenante qu'asphyxiante à ce batteur frappant si fort qu'il finit par acculer. Un overdrive constant dans lequel finir épuisé mais content.
Certes,
Opium Morals table trop souvent sur des durées courtes là où on voudrait parfois l'entendre péter un câble en long et large mais il y a assez ici pour se dire que SSoS n'est pas tout à fait cette entité un peu idiote qu'on aime imaginer. Bien qu'il porte en étendard des racines punk et hardcore communes, son énergie vicieuse finit par le poser ailleurs du tout-venant au top de la déglingue jusqu'à la caricature. Un disque percutant, carnivore et cependant constamment au bord de la déchéance la plus complète, comme ce moment de puissance éphémère qu'on ressent quand on a trop bu en soirée, juste avant la mauvaise passe où les lieux se floutent et la bouche s'empâte... Les instants sentimentaux entre grands garçons, quoi.
| lkea 14 Décembre 2015 - 987 lectures |
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