On connaît tous l'importance du Screamo Italien. Non content d'être une importance cruciale en ce qui concerne l'émergence du genre en Europe, il fait définitivement partie de mes préférés. Plus brutal et direct que les Français, plus émouvant et triste que les pionniers Américains mais tout de même plus chaleureux que les Suédois, les Italiens seraient plutôt à rapprocher de formations allemandes comme Tristan Tzara. Alors bien sûr, il y a l'énorme Raein, les moins connus The Death of Anna Karina, les prometteurs Storm[O] ou encore les énervés de Violent Breakfast. Mais là, l'amateur éclairé remarquera tout de suite que dans cette petite liste, il en manque un. Et pas des moindres puisqu'il s'agit de La Quiete, groupe ô combien historique dans la mouvance puisque formé en 2000 à Forli, Émilie-Romagne. Oui, la même ville que Raein ce qui explique qu'on en retrouve des membres dans La Quiete. D'ailleurs, petit détail amusant et qui n'a rien à voir avec le sujet, sachez que Rocco Rampino (alias Congorock – mais si, roh,
« Babylon » l'hymne de vos soirées électro-house vers 2010 -, collaborateur régulier de Rihanna ou des Bloody Beetroots) tient visiblement la guitare dans ce seul et unique full-lenght de nos italiens. Quant à savoir ce qu'il fichait dans La Quiete, bonne question à laquelle je n'ai pas de réponse mais qui, cela dit, me rend ce producteur de tubes Dancefloor éminemment sympathique.
Et puis, il faut dire que Rocco et ses copains n'ont pas fait le taf' à moitié puisque « La Fine non è la Fine » prend facilement position comme un essentiel du Screamo Italien, juste à la droite de Dieu (Dieu étant donc symbolisé ici par le
« Il n'y a pas de orchestre » de Raein). Neuf morceaux pour un peu plus de vingt minutes de pur plaisir Screamo à fond de caisson. Il est relativement simple d'appréhender la recette de ce disque puisqu'elle partage beaucoup de similitudes avec le Raein de l'époque : alternance entre morceaux-fusées d'une minute trente et pistes un peu plus longues où le tempo ralentit légèrement, riffs mélodiques tire-larmes joués aussi fort que possible, production relativement clean mais avec une grosse saveur D.I.Y... Bref, « La Fine non è la Fine » est construit comme une pièce représentative de son époque et également de beaucoup de disques Screamo.
« Tout ça c'est bien gentil » me direz-vous, mais ce n'est pas ça qui est en mesure d'expliquer en quoi nous sommes bel et bien devant un grand album. Et, une fois encore, il sera question d’atmosphère pour expliquer la réussite intégrale de ces neuf compositions. Quand j'utilise le mot « atmosphère », il ne s'agit pas de l’interpréter comme on le ferait pour un disque de Black Metal, en tant que synonyme d'une quelconque ambiance musicale. Non, l'atmosphère de « La Fine non è la Fine » est celle d'un groupe de jeunes gens livrant leurs âmes dans un petit studio perdu au fin fond d'une Italie représentative de son époque. L'ambiance propre à La Quiete n'est pas faite d'artifice rajoutés en over-dub ou de particularités disséminées dans la technique musicale. La Quiete est construit sur des fondations de sincérité absolue. Je suis d'ailleurs d'avis que c'est précisément à cela qu'on reconnaît dans la minute un très bon disque de Screamo puisque c'est un style qui – pour être réussi – nécessite d'être joué avec une passion sans faille, une émotion profonde et impossible à masquer. Et cet état d'esprit, « La Fine non è la Fine » non content de le revendiquer à chaque piste, le représente.
Tout est beau et paradoxalement tout est profondément triste. Un peu comme si les membres du groupe faisaient un sempiternel aller-retour entre les plages dorées de Capri et la Scampia de Naples. Dans ce disque, nous sommes face à l'instant de bonheur fugace qui pointe parfois le bout de son nez entre les misères de la vie. C'est la vision musicale de l'arbre qui pousse au milieu des terres désolées de Pripiat. Et c'en est si représentatif qu'on vient à penser que tout ceci est fait exprès, comme en témoignent ces superbes mélodies disposées à chaque instant comme sur « Metempiscopi Del Fine Ultimo : Nevrastenica Oscillazione Fra Poli Estremi » et sa kyrielle de riffs de folie, ou encore sur l'incroyable final de « Cio Che Non Siamo, Cio Che Non Vogliamo ». Il est d'ailleurs bon de noter que les textes sont partagés entre folie maladive et désespoir à couper au couteau. Seul le dernier morceau éponyme (absolument splendide au demeurant) semble faire naître une – mince et bien plombée – lueur d'espoir en forme de métaphore du parcours DIY de la formation, puisque « La fin n'est pas la fin » et que La Quiete continue d'exister à l'heure où j'écris cette chronique. Vingt minutes plus tard, l'auditeur scotché n'aura qu'une envie : appuyer sur play une nouvelle fois pour que l'espoir revienne encore, pour que ces sentiments entendus se ravive et que la fin ne soit toujours pas la fin.
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