GERM revient après 2 ans et demi d’attente. Une durée relativement normale entre deux opus, voire courte, mais qui a semblé une éternité avec notre Australien. Non seulement parce qu’on avait attendu moins d’un an la dernière fois, mais aussi parce que le groupe a une identité et une patte personnelle qui intriguent et donnaient envie de découvrir la suite. Ses armes étaient le black dépressif, reste de son passé en tant qu’
AUSTERE, ainsi que des éléments post black à la
ALCEST. Sur le premier album (
Wish) il y ajoutait de grosses gouttes électroniques. Sur le second (
Grief) des passages plus pop / rock qui m’avaient amené à citer
GUNS N’ROSES en mode « Estranged » pour présenter le titre « How Can I ».
Ces deux éléments ne se retrouvent pas sur le nouvel album, le troisième donc.
Escape a gardé les éléments d’origine et balayé le reste. C'est-à-dire qu’il se concentre sur ses deux facettes principales. « Le salé et le sucré » disais-je il y a deux ans. « L’ombre et la lumière » aimerais-je corriger aujourd’hui. Deux extrêmes donc, qui sont couplés pour un plaisir auditif certain. Deux extrêmes mais qui ne sont pas dosés à l’identique. Les éclaircies prennent le pas sur les ténèbres.
Mais avant tout, pour ceux qui découvriraient le groupe, reparlons une seconde de ces extrêmes. Ils commencent par les vocaux. On retrouve des cris stridents inaudibles, qui retransmettent toute la souffrance de M. Germ (Tim Yatras pour les intimes), identiques à ceux qu’il balançait à son époque dépressive AUSTERienne. Mais il aime aussi répandre du pathos à coup de vocaux clairs, avec une voix douce, qui articule, qui glisse sur nos oreilles. Le résultat est facile à retranscrire : c’est comme si vous étiez irrité par votre pauvre existence et que vous sautez par la fenêtre, du 10ème étage. Mais au lieu de vous écraser comme la merde que vous avez enfin compris être, vous êtes sauvé par un nuage en chamallow. Souffrance, désespoir, sauvetage, molletonnage… On sent un peu de tout cela rien qu’avec les voix.
Mais la musique a exactement la même fonction. De l’agressivité avec des parties accélérées, et du Cajoline extra doux. Mais l’équilibre est l’inverse de celui des voix. C’est donc un maximum de caresses qui vous attend. Et beaucoup de longs passages instrumentaux qui vont vous couver tendrement. Les mélodies sont souvent calmes, mais rendent différemment selon la voix qui lui est apposée. Germ ne cesse de naviguer avec ses outils le long des 45 minutes. Il se permet le total doudou quand il utilise vocaux clairs sur musique claire, le tristounet révolté quand il choisit les vocaux clairs sur une musique plus torturée. Puis le désespéré maudit avec des vocaux stridents sur une musique claire. Et plus rarement le vilain rebelle avec des vocaux stridents sur une musique plus torturée. Quatre variantes qui s’enchainent sur les 8 pistes.
Si vous êtes un habitué du groupe, vous reconnaissez la formule. Par contre, comme je le disais, il n’y a pas d’autres essais ou expériences sur ce coup-ci. On reste avec les visages déjà connus de Germ. Au lieu de mettre ses efforts pour tenter autre chose, il a décidé de mieux travailler son monde et d’améliorer ses acquis. Il préfère polir ses compositions, les raboter, les poncer, les rendre parfaites. Certains diront sans doute que c’est l’album le plus logique et avec la qualité la plus égale de l’Australien. Personnellement, malgré un réel intérêt pour « The Old Dead Tree », « Escape » et « I’ll Give Myself to the Wind », je suis moins touché par l’album parce que je suis toujours sensible à l’effet de découverte. J’ai trop une impression de redite et de déjà entendu pour être entièrement transporté. D’autant que certains passages en font vraiment trop. Chamallow sauce caramel...
Un album uniquement destiné à ceux qui ont besoin d’un gros câlin. Et si cela ne leur suffit pas, qu’ils aillent aussi faire un tour du côté de
SLEEPING PEONIES, très doué dans l’exercice.
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