War From A Harlots Mouth, en plus de présenter le symptôme du "nom complètement débile" (à croire que c'était une sorte de concours permanent dans la scène Deathcore), souffre également d'une affection pas si rare : le syndrome de la girouette. Comment qualifier autrement l'évolution du quintet berlinois ? Si le démarrage du combo était efficace comme peut l'être n'importe quel disque de Deathcore lambda, on l'avait vu s'aventurer dans des terres plus expérimentales, plus complexes, comme en témoigne leur fantastique
"In Shoals", dont Keyser avait pu vous entretenir l'année de sa sortie. Mixant Mathcore, Jazz et plans alambiqués, WFAHM avait su s'affranchir de l'étiquette
Myspace qui lui collait à la peau, et proposer quelque chose d'assez personnel tout en conservant l'envie de distribuer des pains. Puis, ce fut le début de la descente.
"MMX", passé assez inaperçu, coupait court à toute envie de perdre l'auditeur en simplifiant brutalement sa recette, consistant uniquement en des mosh-parts quasi-permanentes. Aucun feeling, aucune étincelle, juste un Mathcore froid, Meshuggah au rabais, qui destinait le disque à retourner prendre la poussière dans une étagère au bout de deux écoutes. Du blast, oui, des parties brutales qui font mouche, oui, mais quid des saccades et des cassures brise-nuques d'
"In Shoals" ? Pourquoi avoir abandonné tout ce qui avait un tant soit peu d'intérêt musicalement ? L'annonce de
"Voyeur", et surtout leur signature chez Season of Mist laissaient présager un retour à ce qui faisait de WFAHM un groupe digne d'intérêt. Et pourtant...
Ce dernier album de WFAHM souffre de tous les défauts déjà évoqués dans les chroniques des autres albums de la formation. Critiques restées sceptiques (quand elles n'ont pas descendu l'opus en flèche), ventes probablement décevantes (j'ai pu acheter le LP soldé moitié prix à peine trois mois après sa sortie), le groupe se sépare peu de temps après. Et c'est d'autant plus triste que le chant du cygne de WFAHM restera ce qu'ils auront pondu de plus laborieux.
Car le plus convaincant dans
"Voyeur", ce sont les interludes de cordes classiques, "Origin", "Beyond Life and Death" et "Epiphany". Ces dernières sont bien les seules choses porteuses d'ambiance de cette (longue) galette : sentencieuses, tristes, parfois inquiétantes, elles n'auraient pas dépareillé chez Hitchcock. Mais bon, trois titres (aussi bons soient-ils) sur quatorze ne permettent pas de rattraper un disque entier. Parce que les parties violentes, aussi efficaces soient-elles, deviennent très rapidement pénibles. Vous n'entendrez que rarement les guitares se désolidariser de la double pédale, vous assisterez à une répétition pénible du
même schéma de composition sur la totalité des morceaux : breakdown, guitares dissonantes, re-breakdown, accélérations soudaines, re-re-breakdown. C'est chiant à lire, et ça l'est tout autant à écouter. Effectivement, la production est excellente, dans la droite lignée des deux précédents opus : des frappes massives, des guitares imposantes, une voix toujours aussi puissante. Et oui, l'album est très impressionnant techniquement, les compositions reposant presque intégralement sur le jeu du batteur, qui enchaîne les contretemps improbables et les roulements véloces qui tombent aux moments les plus impromptus. Mais la force de frappe et la violence frontale ne survivent malheureusement pas à la première écoute. Et les rares bonnes choses qui ressortent un peu de ce maelstrom en toc sont vite tuées dans l'oeuf (le seul titre à vraiment donner le tournis par ses grattes et sa double pédale implacable, "H(a)unted", ne dure que quarante secondes).
Interludes mis à part, impossible d'isoler un titre par rapport à un autre tant
"Voyeur" sonne comme un seul gros
breakdown d'une demie-heure. Rien qui dépasse, tout est bien calibré, trop propre pour être vraiment honnête. Certains passages relèvent un peu le niveau en plaquant l'auditeur au sol (le démarrage surpuissant de "Temple", le martelage
beatdown en règle qu'est "Krycek"), mais eux aussi finissent par lasser rapidement. Du sous-Meshuggah gonflé aux stéroïdes, un emballage solide renforcé par une promo intensive mais dont le contenu, pétard mouillé, ne ferait même pas office d'amuse-gueule tant on reste sur notre faim. Rien de mémorable, rien de véritablement prenant,
"Voyeur" est juste un mauvais disque. Je préfère me souvenir de WFAHM pour
"In Shoals", le plus convaincant et intéressant de leur discographie.
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