Un peu malgré moi, je suis l'activité de War From A Harlots Mouth depuis son premier album
Transmetropolitan en 2007. Seul le split avec Burning Skies a été chroniqué par notre Mitchounet national. Toujours sur Lifeforce Records, les Allemands sortent fin 2010 leur troisième full-length,
MMX. Et à l'image de ce titre d'album pas des plus inspirés, cette nouvelle galette des Berlinois s'avère la moins attrayante du lot.
Les choses ont bien changé depuis
Transmetropolitan et son mélange original mais parfois bancal de mathcore, deathcore et brutal death/grind qu'accompagnaient quelques séquences jazzy rafraîchissantes. L'évolution entamée par l'opus suivant,
In Shoals, emmenait le groupe vers des contrées moins expérimentales et chaotiques mais plus matures et efficaces.
MMX s'enfonce davantage dans cette direction plus consensuelle. Beaucoup trop consensuelle cette fois. Terminé tout ce qui touchait au death/grind, notamment les growls et les pig squeals, place désormais à une musique entièrement core, entre mathcore, postcore et ce qu'on pourrait appeler deathcore s'il y avait quelque chose de death. Niveau chant, c'est maintenant soit des beuglements hardcore (bien puissants et virils), soit des braillements criards typiquement mathcore (assez insupportables pour ma part). Si vous n'aimez pas les mosh-parts, partez tout de suite en courant car
MMX les enchaîne à tour de bras. Les mosh-parts c'est sympa cinq minutes mais quand on nous en fait bouffer toutes les trente secondes, on cale très vite. L'album se fait ainsi beaucoup trop saccadé, ce qui a le don de rapidement m'énerver, et pourtant ma tolérance en la matière reste plus importante que celle de von_yaourt. Si les saccades me titillaient l'entrejambe il y a quelques années, je fais aujourd'hui vite une indigestion, leur préférant une fluidité plus agréable à l'oreille. Et ce même si elles se trouvent souvent accompagnées de dissonance. Sur ces mosh-parts, appuyées par des bons gros beuglements, War From A Harlots Mouth se rapproche désormais de très près de Despised Icon dans ses élans les plus HxC. Pas forcément une mauvaise chose...si leur occurrence était moins fréquente encore une fois. La production n'aide pas non plus à faire passer la pilule puisque froide, clinique et déshumanisée, c'est du Meshuggah tout craché. Et Meshuggah, je ne supporte pas!
Heureusement, les Allemands laissent quand même la place à d'autres rythmiques plus intéressantes. Notamment des riffs plus lents et lourds proches du postcore et qui se révèlent souvent réussis car non dénués de mélodies et instaurant une ambiance oppressante, sombre, froide et désespérée ("Insomnia" à 2'08, "Sleep Is The Brother Of Death" à 0'27, "C.G.B. Spender" vers 1'40, "Spineless" à 2'58, le final d'"Inferno III/VI"...). On retrouve également des passages blastés qui jaillissent encore assez souvent. Là c'est la grosse boucherie par contre et War From A Harlots Mouth dégage une brutalité qui n'a rien à envier aux groupes de brutal death, surtout que la batterie bénéficie d'une production puissante bien lourde et d'un placement dans le mix aux avant-gardes. Bref ça décrasse les cages à miel! Comme quoi, même si les Teutons ont sérieusement baissé le pied depuis leurs débuts, ils savent encore se montrer furieux.
MMX est sans doute l'album le moins chaotique du combo mais celui-ci ne s'est pas complètement assagi pour autant. On retrouve ainsi toujours une petite touche de chaos comme sur "The Increased Sensation Of Dullness" ou l'intro de "Spineless" qui fait penser à du Cephalic Carnage. Et qu'en est-il du coté jazzy expérimental du groupe? Il a lui presque disparu mais fait encore quelques apparitions sur des séquences lounge relaxantes pour siroter son cocktail ("To Age And Obsolete", l'interlude "Sugarcoat", "Spineless").
Ces bons côtés n'empêchent cependant pas
MMX de se faire trop répétitif (trop de mosh-parts tuent la mosh-part!) et commun, ce que n'était pas du tout War From A Harlots Mouth il y a quelques années. Sa musique reste certes efficace (j'imagine bien le bordel que ce doit être en live!) mais est devenue trop prévisible. Ce qu'
In Shoals, bien que déjà plus classique, avait évité avec brio. Les Allemands sont un peu rentrés dans le rang et c'est bien dommage. Subsistent encore heureusement quelques passages blastés bien brutaux et des séquences plus lourdes assez prenantes qui sauvent ce
MMX sinon bien plat. Si toutefois les mosh-parts et ce que la bienséance appelle deathcore sont votre raison de vivre, il se pourrait bien que le hardcore extrême, dissonant, sombre et froid de War From A Harlots Mouth vous botte plus que moi.
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