Dodecahedron - Kwintessens
Chronique
Dodecahedron Kwintessens
Dodecahedron n’est pas le plus connu des groupes néerlandais. Ce n’est pas non plus le plus réputé des groupes de BM. Pourtant, si tu es un ardent chasseur de tombes oubliées, si tu es un passionné de trésors engloutis et si, accessoirement, tu aimes écouter du metal UG de haute qualité avec une calculatrice atomique à la main ou un décodeur intégré, alors tu te dois de connaître ces bataves, eux aussi amateurs de géométrie.
Le mélange prog’/avant-garde/BM peut accoucher de résultats particulièrement probants. Perturbants, sans doute, mais probants. DSO en est le meilleur exemple. Et ça tombe bien puisque Dodecahedron leur ressemble. En partie, au moins. Le prélude plonge de suite dans l’ambiance. Le chaos sera convoqué (la rythmique détruit tout sur son passage). Il servira de fil rouge à tout l’album. Tetrahedron - The Culling of the Unwanted from the Earth, la première véritable pièce de l’album, ajoute cependant un critère : la maîtrise. Car la noirceur extrême qui se dégage ne sacrifie jamais à la très haute technicité des morceaux, à la très grande complexité de leur structure. Comme chez DSO, ce chaos maîtrisé accouche d’une ambiance totalement aliénée, d’une plongée dans la folie comme seuls des groupes comme Leviathan, Lurker of Chalice ou Bethlehem m’avaient semblé capables.
Les structures sont surchargées en informations, gonflées d’arrangements aussi discrets qu’indispensables et toutes construites autour d’une volonté de progression évidente des titres, de reptation de la tempête vers le (faux) calme, du chaos vers l’apaisement (Hexahedron - Tilling the Human Soil ; Icosahedron - The Death of Your Body). De forts relents indus viennent en outre parsemer les titres de leurs éclats métalliques, offrant à l’atmosphère un rendu pour le moins clinique (la fin de Tetrahedron - The Culling of the Unwanted from the Earth ; Octahedron – Harbinger ; Finale).
La composition déstructurée de l’ensemble renvoie évidemment à DSO, cela ne fait aucun doute. Mais Dodecahedron n’en est jamais la pâle copie. Les ruptures, les ponts plus apaisés, les reprises conservent une cohérence qu’à mon sens DSO n’a pas toujours su garder. Les riffs restent accrocheurs ; les breaks sont destructeurs. Lorsque la lumière pointe son nez, elle le fait vraiment, la structure comme les riffs s’entourant d’atours lumineux et d’oripeaux d’une grande légèreté (Interlude ; Dodecahedron - An Ill-Defined Air of Otherness, longue pièce planante, quasi méditative mais transpercée de cris déchirants). Ce contraste – mis en avant par l’agencement matériel des titres – offre une réelle dynamique à l’album : Octahedron – Harbinger qui suit cet Interlude étant un monstre de lourdeur, de vitesse et de densité, même si son pont central renvoie encore à une menace tournoyante beaucoup plus calme.
L’ambiance post-apocalyptique qui plane sur l’ensemble de cette œuvre est riche (Finale), très structurée je l’ai dit et jamais répétitive. Dodecahedron place ici ses pions avec beaucoup de finesse et d’autorité. Kwintessens est un album de très haute qualité, parfaitement exécuté, qui devrait ravir les amateurs de BM complexe et non-immédiatement accessible.
| Raziel 8 Avril 2017 - 1718 lectures |
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