Alerte chef d'oeuvre! On attendait depuis 2001 (le somptueux
"Empiricism") un album de la trempe d'"Urd"...l'attente fut longue, et les albums sortis entre temps (le très progressif
"Epic", l'intermède acoustique
"Origin" et le melting pot "Harvest") ne déméritaient pas, mais venant d'un all star band comme Borknagar (qui comprend dans ses rangs des ex Solefald, Caparthian Forest, Dimmu Borgir et autres Arcturus...), on pouvait s'attendre à ce qu'un jour ou l'autre le groupe côtoie de nouveau l'excellence. C'est donc chose faite, et l'on ne peut s'empêcher d'associer cette résurrection au retour dans le line up de Simen Hestnæs, que vous connaissez surement mieux sous le nom de Vortex, le grand échalas blond qui vocalisait en clair chez Dimmu Borgir ("Puritanical Euphoric Misanthropia") et sur les deux derniers Arcturus. Sa présence en tant que guest sur un titre d'"Harvest", le précédent album, aura été l’élément initiateur du retour du messie au sein du combo Norvégien, plusieurs années après avoir remplacé au pied levé Garm sur la seconde partie de la discographie
("The Archaic Course" et
"Quintessence", l'autre chef d'oeuvre inégalé du groupe), avant de laisser sa place à Vintersorg (ça va, vous suivez?) sur les albums suivants.
Vintersorg, qui est d'ailleurs toujours le lead singer, avait amené Borknagar au fil des années dans une direction parallèle à celle de son propre projet solo (je vous invite à lire les chroniques de Dead pour vous familiariser); l'arrivée définitive de Vortex au sein du line up amène une fraîcheur indéniable au groupe, qui se retrouve avec un duo de chanteurs tout simplement exceptionnels et qui donnent un éclat formidable aux 9 compositions d'"Urd". Dans un registre tantôt chanté (chant clair, s'entend) absolument sublime, tantôt dans un registre plus black (on n'oublie pas ses racines), le duo de chanteurs aligne des lignes vocales qui font très souvent frissonner de plaisir, et pourtant je ne suis d'habitude pas un grand amateur de chant clair. N'oublions pas de féliciter le plus discret Øystein G. Brun, qui assure depuis la création du groupe la quasi totalité des compositions, et qui s'est surpassé dans l'accomplissement d'une base musicale solide et adéquate aux prouesses vocales de nos 2 starlettes. Pour quiconque a déjà connu Borknagar par le passé, autant dire franchement qu'"Urd" est le plus "soft" de leurs albums
("Origin" mis à part), et que les racines black métal sont de plus en plus lointaines: certains titres comme "The Beauty of Dead Cities" ou "Frostbite" ne comprennent d'ailleurs pas une touche de chant black.
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Ce qui fait la force de ce "Urd".... c'est qu'il ne contient que des compositions absolument parfaites dans leur déroulement et qui ont tout un petit éclat d'excellence. C'est bien simple, il n'y a rien à jeter sur "Urd", aucun des 9 titres ne méritant la purge qu'on accorde souvent inconsciemment à un album ("tiens je zapperai ce titre la prochaine fois"): ici l'on est scotché du début à la fin à l'écoute, et l'on ressort apaisé et grandi par tant de magnificence et de beauté musicale. L'autre force de l'album est d'avoir réussi le pari d'être mémorable et "catchy" sans suivre le cliché classique couplet / refrain, Borknagar étant plutot de l'école progressive qui préfere égarer ses auditeurs au fil des plans. De fait, l'on peut réentendre la même mélodie plusieurs fois dans un même titre mais arrangé de façon complètement différente ou réapparaissant sans prévenir, ce qui donne une grande valeur de réécoute. Et à propos de mélodies, il faut bien dire que c'est ce qui finit d'achever mon dithyrambisme au sujet de cet album: au détour d'un refrain l'on frissonnera tant la ligne vocale sera à chavirer (l'ensemble de "The Beauty of Dead Cities", l''exceptionnelle "Frostbite" ou la fin de "The Earthling" à 6:00, où Vintersorg et Vortex reprennent à l'unisson la ligne vocale hurlée juste avant, effet surprise garanti); ici ou là un solo de guitare débordant de feeling écoeurera le dernier des apprentis guitaristes ("The Winter Eclipse"; "Root"); quand ce n'est pas une simple mélodie d'arrière plan qui prend tout simplement aux tripes son auditeur ("Mount Regency" à 5:26). Finalement, la seule ombre au tableau d'un album qui avait tout pour plaire, ce sera basiquement son batteur. David Kinkade, qu'on avait découvert avec "Harvest" et qui a quitté le groupe depuis, est un batteur certes très correct, mais dont le jeu n'a absolument aucune richesse ni finesse, comme pouvait l'être celui d'Asgeir leur précédent percussioniste. C'est un peu le syndrome "Martin Axenrot" si vous voyez ce que je veux dire...Donc exit les subtilités de jeu de batterie d'
"Empiricism", d'
"Epic" et consort, qui rajoutaient une couche supplémentaire de richesse musicale au mille feuille...Dommage, car on aurait aimé se dire que l'excellence allait dans tous les champs instrumentaux.
Au moment de dresser le bilan de 2012, Borknagar fera partie de mes poulains, les Norvégiens ayant dépassé toutes mes espérances musicales avec "Urd": c'est un album tout simplement beau, suffisamment équilibré au niveau des ambiances pour ne pas être mièvre malgré l'abondance de chant clair, et qui mélodiquement frise la perfection. Apaisant, aérien, riche, "Urd" n'a que des qualités ou presque, et je l'espère donnera un éclairage tout particulier cette année à Borknagar, un combo qui mérite bien davantage que le succès d'estime dont il bénéficiait jusqu'alors. Amateurs de mélodies, vous voilà gâtés, à l'attaque.
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