[ A propos de cette chronique ] Particulièrement emballé par les démos de Caverne réunies l’année dernière sous la forme d’une compilation CD intitulée
Sentiers d’Avant, Sagamore nous en avait dressé une chronique élogieuse en dépit d’une idéologie des plus nauséabondes. Présentée ici de manière bien plus subtile qu’un Nécropole, il n’en reste pas moins que le terreau dont se nourrit Amertume sert de petites idées étriquées que nous ne défendons pas ici à Thrashocore. Ce qui nous unit est donc uniquement d’ordre musical et rien d’autre.
Sorti en novembre 2015 en cassette,
Aux Frontières Du Monde sera édité par la suite en CD (mai 2016) puis en vinyle (avril 2017). En privilégiant ce format à bande d’un autre temps, Caverne entretient cette part de mystère et d’authenticité à laquelle il est naturellement attaché. Des valeurs que l’on va retrouver jusque dans la production volontairement décharnée marquée par un souffle persistant qui va rapidement conférer à ce premier album une atmosphère surannée. Mais c’est comme ça, la musique de Caverne répond à une certain idée/vision du Black Metal et en ce sens, on ne peut pas reprocher au Normand d’être fidèle à cette ligne de conduite que l’on retrouve ici ou encore chez Nécropole.
Bien que l’artwork ne soit pas identique à celui de la version cassette, il est pourtant une fois encore tiré de La Saga De Frithiof écrite par Esaias Tegnér et illustrée par August Malmström. Ce recueil de poésie publié en 1825 relate l’histoire de Frithiof, jeune viking qui va se voir refuser l’amour de sa belle par les frères de celle-ci. Poussé à l’exil, il va alors se faire un nom en naviguant sur les mers du monde, devenant aussi riche que redoutable. De retour sur ses terres natales, Frithiof va tout faire pour reconquérir son amour et se venger de ces frères qui l’on poussé à l’exil, loin des yeux d’Ingeborg.
C’est cette construction du héros, seul contre tous, en quête de l’amour perdu qui transparait à l’écoute du Black Metal de Caverne. Une vision que mon estimé collègue qualifiait déjà de "romantique" à propos de
Sentiers d’Avant et qui perdure plus que jamais sur ce premier album qui s’inscrit naturellement dans la continuité de ces dites démos. Pas de surprise donc pour tous ceux qui ont déjà jeté une oreille sur ces quelques enregistrements même si la production se fait étrangement plus lointaine et diffuse (celle-ci est pourtant signée une fois de plus par Brume au Caveau de La Celle). Un détail en ce qui me concerne, un sujet de dissension pour d’autres. Mais finalement peu importe le côté pour lequel vous pencherez puisque ce choix qui ne nous a jamais appartenu ne sert rien d’autre que cet esprit d’authenticité qui anime la musique de Caverne depuis ses débuts en 2011.
On retrouve ainsi ce qui faisait déjà tout le charme de
Sentiers d’Avant à savoir un Black Metal marqué par ces fameuses mélodies touchantes, empruntes d’une certaine nostalgie et pourtant terriblement désenchantées ainsi que l’expression d’émotions vivaces et acrimonieuses. A ce titre, Amertume porte définitivement bien son nom tant sa voix, plaintive, écorchée et lointaine, laisse entrevoir tout un panel de sentiments allant de la colère à la haine en passant par la fierté, la force, la fragilité ainsi qu’une certaine idée de la solitude qui le caractérise d’ailleurs jusque dans ce projet où il est désormais seul maître à bord. D’un point de vue strictement musical, pas d’évolution majeure à signaler. On retrouve en guise d’ouverture le titre "Le Glaive" dans une version quelque peu revisitée auquel viennent s’ajouter cinq nouvelles compositions finement composées. Certes, il n’y a rien de bien nouveau dans le Black Metal de Caverne mais la passion et la sincérité qui découle du projet le rendent particulièrement bon et captivant. Que ce soit lors de titres absolument épiques ("Rys d’Or Et Coquecrigrues" et ses mélodies fières en entêtantes, "Si Loin Qu’elle En A Peur" et ses dix-huit minutes) ou de morceaux menés la rage au ventre, le couteau entre les dents ("Le Glaive", "Moisson Éternelle", "Amertume (Petit Matin Et Gueule De Bois)"), Caverne entretien une personnalité toute française (à dissocier de ces idées servant au propos d’Amertume) qui n’appartient aujourd’hui qu’à lui. Chacun verra probablement ce qu’il eut dans ces sonorités en fonction de ses écoutes et de son expérience, pour ma part je ne peux m’empêcher de voir dans le riffing mélodique d’Amertume un certain parallèle avec les groupes Noise/Indé des années 90/00. Non, ne me crachez pas au visage car il y a bien dans ces compositions une véritable énergie Punk associée à de fortes décharges émotionnelles. Evidemment, les choses sont construites de manières bien différentes et le propos porté par Caverne est à l’opposé de celui de ces groupes qui peuvent me venir à l’esprit mais si vous vous décidez à y regarder de près, vous verrez qu’il n’y a pas grand-chose de "Metal" dans le riffing de Caverne.
Après un duo de démos ayant fait bonne presse ici ou ailleurs, Caverne réitère l’exercice le temps d’un premier album qui répond à toutes les promesses laissées en suspens après les sorties de
Des Tréfonds Du Haut Bois et
Chants Des Héros Oubliés. Certes, l’idéologie développée par le Normand - même si elle n’est pas aussi clairement mise en avant que chez Nécropole - ne sera pas du goût de tous mais si vous êtes en mesure de passer outre, Amertume à ici de belles choses à offrir pour tous les amateurs de Black Metal mélancolique et authentique. Une preuve supplémentaire que la scène française se porte encore à merveille même s’il faut parfois gratter un peu pour mettre le doigt dessus.
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