Overdrive (Psygnosis) - Formula 1 Original Sound Track
Chronique
Overdrive (Psygnosis) Formula 1 Original Sound Track
Vous avez passé la trentaine, et vous vous dîtes que vous reprendriez bien le sport, après plusieurs années d'abnégation et de sacrifices. Vous vous dirigez vers votre garage, et retrouvez ce matériel que vous utilisiez fréquemment, à l'époque. Une forme de nostalgie vous gagne, et vient à emplir un cœur déjà bercé par une motivation teintée de regrets. « Pourquoi avais-je arrêté ? Est-ce que je vais pouvoir reprendre tranquillement ? Est-ce que mon corps ne va pas me faire défaut ? »
Cette chair, et le pouvoir qu'elle détient...
Et si la solution était dans une musique musclée, aux accents Fusion ? Un album venu d'on-ne-sait-où, une anomalie aussi bien dans le domaine musical que celui dans lequel il a officié : le jeu vidéo.
Il sera ici question d'un projet étrange, celui de faux-semblants et d'apparences.
Car, en 1995, alors que va paraître la jeune, fringante et prometteuse PlayStation, la question de la légitimité se pose. Le jeu vidéo est un médium sérieux, et se doit d'avoir des appuis solides. C'est un art complet qui doit prendre en compte des artistes réels. Designer, graphistes et, surtout, de vrais musiciens.
Parce que légitimer un jeu de Formule 1, ce n'est pas chose facile. Alors, puisque les cinématiques n'étaient pas encore monnaie courante, l'équipe de Psygnosis a posé le problème ainsi : le support CD permet une qualité de son digne des albums musicaux, on va engager un commentateur célèbre, y aller à fond dans des effets sonores béton et créer notre propre groupe.
Sauf que réunir des musiciens, les garder sous son aile, c'est contraignant et coûteux. Alors ils ont engagé un guitariste. Cet homme dont je ne retrouve pas le nom a composé chaque track et a été épaulé par un autre collègue. Une fois les pistes guitares enregistrées instruments à la main, les pistes de batterie, de basse ainsi que les pistes additionnelles ont été faites en studio, chez Psygnosis. Ce projet d'un seul homme ou presque, dont une majeure partie est un tour de passe-passe et de composition informatique, a été placé sous le nom du groupe « Overdrive ».
Parce qu'avoir un groupe interne, ça fait sérieux, même si c'est que du vent.
Cette anomalie, sur les bases d'un mensonge publicitaire, porte ainsi douze titres, allant du Fusion le plus funky sur « Funked Up » au fracassage Heavy de « Teutonic Stomp ». Il faut savoir que cette Original Sound Track (OST) se place sous l'égide de Joe Satriani, puisque ses titres « Back to Shalla-Bal » – dont on ne dira pas qu'il a très largement inspiré F-Zero X – et « Summer Song » sont présents. Ainsi, par souci de cohérence, la composition est restée autour du Hard Rock avec pour seuls mots d'ordre : Vitesse, Formule 1 et « être très très cool » (parce qu'on roule à 320 et qu'on est des maboules).
Cet album propose ainsi une instrumentation soignée, qui met la confusion dans nos oreilles, et pourtant... Il n'y a bien aucun groupe derrière ces rythmiques impec', comme sur « Heat Haze » où commence à poindre une basse qui marque une emphase de manière puissante. Cette basse qu'on retrouvera avec plaisir sur « Stateside » ou « Chain Reaction », morceau qui appuie fortement son propos avec un martèlement qui passe tout seul, et qui ajoute un degré Heavy tout particulier. Cette track-ci permet aussi de parler du travail assez pointu sur la guitare : c'est simple, entre les élans dans les solos (« Stateside », bordel !, « Motion Blur » ou « Flat Out »), le riffing rythmique lourd (« Upping Gear », « Epic ») voire des moments funky groovy parfois bluesy ( « Vai-Lent Vengeance », « Pulling G's » ou « Flat Out », encore, mais elle envoie !), on est emporté par cette diversité, alors qu'on ne part que sur de la Formule 1 ! L'OST aurait pu se contenter de simplement jouer du Speed ou du Hard Rock convenu qui s'appuirait sur du déjà-fait. Eh bien non, on bouscule le Hard Rock, on va un pied dans le Heavy/Power, le tout dans ces inspirations Jazz-Rock de ton papa qui joue avec ses potes dans le garage avant le barbeuc'.
Et cette OST ne s'arrête pas en si bon chemin, puisque nous n'avons pas évoqué « Adrenaline Rush ». Outre ce nom de titre absolument délicieux, nous avons ici un synthé qui fond dans l'oreille, formant une emphase heureuse et sautillante. Putain, voilà un morceau taillé sur la basse et qui galvanise comme jamais ! Surtout le petit break avec changement de rythme pour un passage à tabac venu de nulle-part...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas avec cet album que je vais être objectif. Ce disque, c'est mon chouchou que je garde au plus près de moi quand j'ai un coup de mou ou quand je veux une séance de sport bien bâtie. C'est mon rituel lorsque se termine une période à s'épuiser devant les élèves : ce skeud à fond pour se brûler les muscles. Alors, par souci de bien faire, et parce que l'absence de paroles ainsi que le côté OST peuvent donner une sensation de « ça tourne en rond », je mets un bon 7,5 – mais mon coeur lui met un 10.
Oeuvre anonyme méprisée, l'OST de Formula 1 est une leçon de créativité ou, simplement, ce qu'on pourrait appeler un « tour de force » : il fallait être pris au sérieux, les personnes derrière ce projet ont livré une musique d'une puissance et d'un feeling groove très rares, histoire de donner la pêche, la banane, ou tout autre fruit qui fait du bien.
| MoM 29 Juillet 2017 - 726 lectures |
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