Sorti en fin d'année dernière sur Ván Records,
Umbra est le premier album du duo islandais Almyrkvi. Celui-ci fait suite à
Pupil Of The Searing Maelstrom, un EP paru en février 2016 qui laissait alors entrevoir une formation soucieuse de se démarquer du reste de la scène islandaise (Sinmara, Svartidauði, Misþyrming, Abominor, Naðra, Mannveira...) en allant explorer d'autres sonorités plus proches de ce que l'on peut retrouver chez des groupes comme Blut Aus Nord ou Darkspace. Des influences évidentes qui continueront aujourd’hui d'en chatouiller certains mais qui, quoi que l’on trouve à y redire, n'ont jamais empêché Garðar S. Jónsson et Bjarni Einarsson de composer des morceaux extrêmement solides ayant notamment la faculté de transporter l'auditeur dans des galaxies sombres et lointaines faites de ce que la nature à de plus grandioses et de plus insaisissables à la fois (trous noirs voraces, vents stellaires implacables, planètes inhospitalières, nuages de gaz hyper toxiques, mers d'azote, nébuleuses inconnues et effrayantes...).
Avec un artwork quasiment identique ou en tout cas très proche dans l'esprit de celui de
Pupil Of The Searing Maelstrom, il semble évident qu'Almyrkvi n'entends pas changer son fusil d'épaule. Et effectivement, c'est en toute logique que le duo reprend ici le chemin de ce Metal Noir lent et hypnotique porté par ces mêmes atmosphères vaporeuses et stellaires.
Pour instaurer ce climat bien particulier, le groupe va procéder exactement de la même manière que sur son premier EP. D’abord grâce à une batterie légèrement en retrait dans le mix servi par un son particulièrement froid et synthétique. Une production à l’approche plutôt mécanique (même si nous ne sommes pas non plus ici dans une musique dite industrielle) qui paradoxalement va se retrouver contrebalancée par le jeu très organique de Bjarni Einarsson (Sinmara, Slidhr, Wormlust...). Car en dépit de ce rythme lent qui caractérise les compositions de
Umbra, l’Islandais se plaît à donner du rythme, de la nervosité et de la variété aux compositions imaginées par son collègue. Cela se traduit ainsi par quelques accélérations sous forme de blasts tout ce qu’il a de plus classiques mais surtout par des séquences relativement explosives marquées par le jeu épileptique (mais tout en retenu) d’un Einarsson exerçant effectivement dans les limites du cadre imposé par Garðar S. Jónsson.
Mais cette batterie n’est bien évidement pas la seule responsable de ces atmosphères. Les guitares jouent elles aussi un rôle prépondérant dans leurs constructions. Tout d’abord, il y a ces riffs particulièrement monolithiques et répétitifs. Des accords simples et traînants que Garðar S. Jónsson va plaquer à la force d’une production puissante, moderne et rugueuse. Ce sont ces derniers, par leurs statures imposantes et leurs impénétrabilités, qui vont nourrir le Black Metal d’Almyrkvi de ces atmosphères menaçantes et anxiogènes. Mais afin d’apporter un peu de nuance à ces blocs de riffs lents et écrasants, on trouve aussi de nombreuses séquences plus mélodiques (mais pas forcément beaucoup moins anxiogènes) venues apporter un peu de lumière à une musique aussi sombre que les trous noirs dans lesquels elle nous balade de titre en titre ("Vaporous Flame" à 1:10 (avec renfort de chants clair ), "Forlorn Atral Ruins" à 0:27, 1:50 (avec renfort de chants clairs bis) et 4:08, "Severed Pillars Of Life" à 2:01 et 4:05, le début de "Stellar Wind Of The Dying Star" puis à 1:48 (avec renfort de chants clair ter), "Cimmerian Flame" à 3:53 puis "Fading Hearts Of Umbral Nebulas" à 1:06 et 4:09).
Plus discrètes, les nappes de synthétiseurs disséminées ici et là (sous forme de voix, de plages ambient et de bruitages étranges et peu rassurants) participent également à l’habillage sonore de l’ensemble. Un travail important que l’on ne perçoit pas nécessairement immédiatement, notamment lorsque ces éléments sont intégrés à même les compositions et non en guise de simple transition/conclusion comme c’est également le cas, mais qui pourtant permet de s’immerger encore davantage dans cet univers mêlant science-fiction, astronomie et Black Metal.
Promis à des choses intéressantes après un premier EP particulièrement concluant, Almyrkvi réitère aujourd’hui l’exercice avec le même degré de satisfaction. Son Black Metal atmosphérique nous amène donc avec lui dans les méandres de l’espace connu et inconnu. Un voyage moins éreintant que celui proposé par Darkspace (format, rythme…) mais qui n’en demeure pas moins une expérience saisissante et quasi-unique puisque finalement bien peu de groupes évoluent encore aujourd’hui dans un tel registre. A la croisée des chemins entre Blut Aus Nord (exception faite de la trilogie
Memoria Vetusta) et la fameuse entité suisse, Almyrkvi devrait aisément pouvoir trouver grâce aux yeux et aux oreilles des amateurs de ces deux formations. Quoi qu’il en soit, sa recette est aujourd’hui bien rodée et une chose est sûre, les atmosphères délivrées sont parmi les plus saisissantes dans le genre.
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