La vie est faite de rencontres ; et aussi fugaces puissent-elles être, elle laissent parfois une marque profonde, une trace que ni le vent portant les poussières, ni le temps emportant les corps, ne pourraient effacer. On revient alors auprès de l'auteur de cette marque, parce qu'on veut y percer les secrets, parce qu'elle a laissé une chaleur... Parce que le sillon qui a été creusé est un endroit où l'on se sent si bien.
C'est ce genre d'impressions que j'ai ressenties lorsque j'ai découvert NIHILIST sur le net. J'avais fait part de mon enthousiasme immédiat au chanteur-guitariste et tête pensante à l'origine du groupe, car il me fallait leur album. Avant de les voir se produire sur scène lors d'une soirée où il y avait, hélas, trop peu de monde, j'avais appris la sortie de l'EP en question. Mais ce n'était rien face à la seconde découverte que j'ai eue, une fois que je les ai rencontrés.
Avant ça, parlons musique.
Mixer les genres, ça devient une habitude dans le Metal, voire un but pour certains. Les limites n'ont plus de sens, les frontières sont artificielles, pourvu que l'on utilise des éléments qui vont nourrir la création, afin de transmettre au mieux la vision, l'émotion au cœur de l'art. Par leur Metal hybride, NIHILIST va dans plusieurs directions : post-metal, post-hardcore, deathcore, progressive... Il suffit de poser ses oreilles sur un seul morceau pour s'en rendre compte : on va ainsi voguer au sein de plusieurs phases planantes, lesquelles seront ponctuées par les hurlements post-hardcore du chanteur, eux-mêmes équilibrés par le notes chevrotantes et chaudes du guitariste vocaliste, comme dans la fin de « Fly Away », exemple de pureté dans ce que chaque genre utilisé peut donner de magnifique.
Lors du parcours, on aura des instants vraiment saisissants, notamment au milieu de « Obscura », où la grosse phase mélodique, portée par une double-pédale en gradation, se trouve appelée par un cri qui monte vers un aigu insensé. Ce morceau, le plus long de l'EP par ses 7 minutes, est même une leçon de progression. On s'en prend plein la tronche avec des montées-descentes où la basse rend le tout mélancolique à souhait, et chaque phrase se suit par la cohérence d'une musique dont la richesse n'a rien à envier à
GOJIRA ou
SOEN, pour des exemples de Prog assez différents dans l'approche mais qui trouvent une résonance – selon moi – dans ce projet.
Mais pour que ces moments aériens soient plus époustouflants encore, il faut que les variations leur donnent du relief, notamment par des épisodes bruts et percutants. Ainsi, avec « New Apocalypse », on a de quoi être ravi : non content de faire dans le virulent, le groupe se paie le luxe de proposer un riffing Black metal. On aura aussi l'impression d'écouter du breakdown-slam, notamment par la manière d'enchaîner des patterns vraiment différents sans aucune transition, le tout sous des accords massifs.
Dans cet ordre d'idée, on notera également le fracassage de « The Gift of our Life » à la première minute, récupéré ensuite par une bonne dose de Djent à 2:45, ou bien l'avalanche effectué à 3:47 dans « Messenger of the Wind », suite au tapping proche de GOJIRA tant il m'évoque ce qu'on a sur « From Mars to Sirius ».
Que ce soit dans le jeu des deux guitaristes, la basse qui prend bien l'espace, la batterie qui frappe juste et fort, et les chants qui créent une superbe dualité, autant dire qu'on a du solide avec Evolution. Mais on a oublié un élément : le DJ.
Et ici, on va commencer à évoquer les rares écueils de l'EP.
Je disais que, lorsque j'ai rencontré le groupe, j'ai eu une seconde surprise : la moyenne d'âge est de 20 ans. Le batteur n'a que 16 ans, et a commencé à apprendre son instrument il y a 3 ans. La personne à l'origine du projet est tout juste âgé de 21 ans. De fait, je suis sidéré par le recul qu'il a vis-à-vis de sa musique qu'il a intégralement composée. Dans cette première production, on y trouve aussi bien les grandes qualités que les quelques défauts des premières fois : c'est fait avec rage et envie, avec une passion brûlante et débordante, et quelques couacs peuvent être ressentis. Le DJ, notamment, est un élément qui n'a été envisagé qu'assez tard dans l'écriture de l'EP. Il vient par moments insuffler une dose de dubstep, souvent avec efficacité comme dans « Messenger of the Wind » ou « The Gift of our Life », mais ça reste assez discret, et c'est une composante qui gagnerait encore à être utilisée à son plein potentiel.
Par ailleurs, j'ai senti un manque de punch par-ci par-là lors de ruptures ou articulations, comme les silences dans « New Apocalypse ».
Mais que sont ces remarques, à la fin ? Elles signalent une chose : je parle ici de détails et, lorsqu'on en vient à chercher dans les détails, c'est que la base est là, solide et réfléchie.
Avec Evolution, NIHILIST se dévoile sous plusieurs facettes : qui apprécie les genres en question et les mélanges de styles, servis sous une bonne dose de Prog, sera ravi par ce son d'une qualité professionnelle, où les arrangements et le mix sont impeccables et ou aucun effet ne semble de trop. Outre la richesse d'écriture, je vois en ce groupe un talent fou, qui ne gagnera qu'à prendre de la maturation. Putain, produire une telle musique à 21 ans, ça mérite tous les honneurs !
Je prends le pari : d'ici cinq ans, ils se feront une place dans le milieu.
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