Evil Warriors - Fall From Reality
Chronique
Evil Warriors Fall From Reality
Depuis déjà un bon moment les anciens pays du bloc communiste sont devenus les fers de lance du Black-Metal le plus extrême et poisseux, et du Death le plus suffocant et écrasant, à l’instar de la Pologne et de la République Tchèque qui ne cessent d’envoyer cohortes de groupes tous plus inspirés les uns que les autres. Pourtant l’ancienne R.D.A bien qu’ayant connu le même système politique est toujours restée en retrait, cependant elle est loin d’être inactive, preuve en est avec ce trio certes encore peu connu par chez nous mais qui ne devrait plus le rester longtemps. En effet après plus d’une décennie d’existence (et un premier opus sorti en 2011 sur un obscur label local), le trio de Leipzig semble enfin prêt à franchir une nouvelle étape de son existence, car son Metal noir crade où se mêle un soupçon de bon vieux Thrash a pris une toute autre dimension sur ce second et nouvel album. Cultivant le mystère via notamment une pochette particulièrement hermétique (peinte par le chanteur-guitariste) dont le style moderne aurait toute sa place au Centre Georges Pompidou à Paris, celui-ci va emmener l’auditeur vers des contrées obscures et froides, à la violence débridée le tout conjuguée à une haine vindicative et contagieuse, qui ne laissera pas indifférent et indemne.
En effet si au départ l’ombre des premiers TSJUDER (« Kill For Satan » et « Demonic Possessions ») flotte dans l’air celle-ci va vite s’estomper tant la musique du combo ne se contente pas de reprendre les œuvres cultes de la formation d’Oslo, car « Fall From Reality » va d’entrée placer la barre très haut tout en proposant de nombreuses variations de tempos. Après une série de riffs coupants et glaciaux en guise d’introduction, l’ensemble va monter progressivement en pression avant une série d’enchaînements et d’alternances entre blasts, hammerblasts et parties mid-tempo à la double particulièrement entraînantes, avant que le chant ne retentisse sur un léger fond de réverb’, alors que musicalement c’est toujours aussi diversifié derrière (notamment avec un break calme qui sert à mieux repartir dans la foulée). Autant dire que le ton est donné, ça frappe fort et vite mais ça sait aussi faire preuve de subtilité afin de ne pas se répéter inutilement, et ce même quand les gars simplifient leur jeu, comme sur « Excess ». Ici ça ne fait pas dans le sentimental et si ça commence de manière plutôt lente et lourde, la suite va être plus déchaînée et ne va quasiment pas relâcher la pression et son étreinte sur l’auditeur. Si là-encore c’est particulièrement brutal et rapide on y trouve aussi un riffing et un jeu de batterie totalement thrashisant qui amènent un surplus d’intérêt et d’accroche, tout en montrant une facette des teutons plus directe et rentre-dedans. Ce schéma va se retrouver plus tard sur les excellents « Reincarnation » et « Worthless Wretch » qui vont tabasser pendant la majeure partie du temps en n’offrant que peu de répit à l’auditeur, mais qui vont aussi l’étonner par leur douceur et froideur extrêmes. Car en guise de démarrage ceux-ci nous envoient en plein hiver scandinave, beau et majestueux, vu que c’est à une succession de notes cotonneuses et neigeuses auquel on a droit pendant un bon moment, et qui font office de calme avant l’arrivée du vent venu du pôle, permettant ainsi d’assurer le grand-écart stylistique et d’éviter ainsi d’être trop linéaire.
D’ailleurs il faut saluer la prise du risque effectuée par la bande qui outre s’être inspirée du travail de Nag et de ses acolytes, a été aussi chercher ses idées du côté de K. K. Warslut et de DESTRÖYER 666, tant la doublette qui va suivre mélange habilement le climat du nord de l’Europe avec celui brûlant de l’outback australien. En effet « Pillow Of Cold Water » est une vraie incitation à aller au combat, tant il est épique à souhait et que l’on y trouve l’envie et la motivation d’aller combattre son ennemi, quelque soit le moyen pour y parvenir, car après un commencement pied au plancher la suite va s’alourdir au fur et à mesure, montrant un visage plus écrasant où le tempo se fait moins excité mais conserve toute sa puissance, à l’instar « Mania And Passion ». Cependant ici c’est la furie sonore qui prend toute son ampleur, tant les mecs se lâchent complètement et jouent à fond les ballons au milieu d’un déluge de fureur, où les riffs Black les plus coupants se mêlent avec brio à ceux du Thrash le plus énervé, tout en conservant cette accroche guerrière particulièrement succulente. Et comme pour surprendre une ultime fois les allemands ont également mis les ambiances à l’honneur avec les redoutables et somptueux « Idleness And Doom » et « All The Stars » où leur force destructrice se retrouve mélangée à quelquechose de plus éthéré (notamment une fois encore grâce à des introductions longues qui laissent le temps de développer leur propos) de la part des guitares, où se glissent des solos brut de décoffrage et de nombreuses cassures de la part du batteur qui a visiblement beaucoup écouté le showman Antichristian, sans pour autant copier le style incomparable du norvégien.
A la fois très crus dans leur production mais aussi très live dans leur exécution, ces trois-quarts d’heure passent comme une lettre à la poste, et tout aussi rapidement que le rythme global. Sans jamais en faire trop et en allant à l’essentiel techniquement les fous furieux sont une véritable surprise qui déboulent de nulle part, et arrivent telle une armée de panzers pour tout retourner sur leur passage en ne laissant aucun survivant en chemin. Sans jamais faiblir de la première à la dernière seconde, et tout en gardant sa force de frappe et son côté addictif on est véritablement sur le cul par ce concentré de haine et de négativisme, qui ne prétend pas révolutionner le genre mais simplement le perpétuer en y amenant un soupçon de personnalité qui lui est propre. Passée inaperçue (ou presque) lors de sa sortie il y’a quelques semaines de cela, cette pépite mérite véritablement le détour et qu’on y prête une oreille attentive ou plus distraite, mais dans les deux cas on reste scotché par ce qu’il s’en dégage, et surtout par cette odeur de soufre et d’authenticité qui font bien plaisir tant on a parfois du mal à les retrouver aujourd’hui.
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