Un petit peu moins d’un an après la sortie du redoutable
Ignorance, les Américains de Sacred Reich signaient leur retour avec la parution toujours sur Metal Blade Records d’un EP aujourd’hui culte intitulé
Surf Nicaragua. Comme beaucoup de ces disques de l’époque que l’on pouvait encore trouver dans les bacs de la Fnac, je me rappelle très bien de cet artwork improbable. Celui-ci représente un militaire américain portant le fameux masque à gaz de Sacred Reich, surfant non pas une planche faite de mousse, de résines et de fibre de verre mais le couvercle d’un cercueil tout en brandissant une bombe sur le point d’exploser. Vous pensiez que le groupe n’avait déjà plus rien à dire sur la politique extérieure de son pays ? Et bien vous vous trompiez lourdement.
Car les quelques mois qui séparent la sortie de ce premier album à celle de ce court EP n’ont nullement entaché la conscience politique des Américains qui continuent de cracher au visage de leur pays tout le dégoût qui les animes. Avec le titre "Surf Nicaragua", Sacred Reich traite de l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires politiques internes du Nicaragua. Ingérence dissimulée en pleine guerre-froide visant à saper le gouvernement Sandiniste (d’obédience pro-communiste, alors lui-même soutenu par la Russie) instauré depuis la fin des années 70 après le renversement de la dictature Somoza. Sur "One Nation" le groupe parle d’unité, refusant le racisme et les conflits armées. Un titre encore largement d’actualité aujourd’hui :
"Our world is divided. The boundaries have been drawn. Your ideas are decided by where you have been born. We can't judge people by the government of their land. They're flesh and blood like us...". Quant à "War Pigs", le titre parle de lui-même. Il n’y a bien que le titre "Draining You Of Life" pour aborder des sujets plus obscurs.
Au-delà de l’aspect politique qui anime encore et toujours une grande majorité des titres de Sacred Reich,
Surf Nicaragua se destine tout de même en grande partie aux seuls aficionados des Américains originaires de Phoenix. Du haut de ses vingt-six minutes, celui-ci propose six titres parmi lesquels une reprise de Black Sabbath ("War Pigs"), deux morceaux live
("Ignorance" et "Death Squad") et seulement trois inédits ("Surf Nicaragua", "One Nation" et "Draining You Of Life"). Si l’amateur de Thrash du dimanche ne risque donc pas de se jeter sur ces quelques morceaux, ils constituent encore aujourd’hui pour le fan d’
Ignorance et de
The American Way un entre-deux toujours aussi sympathique mais pas nécessairement indispensable...
Sans être mauvais ni même quelconques, les trois inédits proposés par le groupe ne sont pas tout à fait du même niveau que ceux figurant sur
Ignorance ou même
The American Way. Si les riffs sur "Surf Nicaragua" ne figurent pas parmi les plus mémorables qu’aient pondu Sacred Reich en dépit de leur caractère agressif, les breaks sont néanmoins amenés avec toujours autant d’efficacité. Dommage néanmoins - étant donné le sujet - que le groupe ait choisi de reprendre l’un des plus célèbres thèmes de la Surf Music ("Wipe Out" par The Surfaris) car aussi courte soit la référence, cela donne une certaine légèreté dans le ton qui n’était à mon avis pas nécessaire. "One Nation", très bon morceau au demeurant, choisi quant à lui la carte du mid-tempo du début à la fin alors qu’avec "Draining You Of Life", Sacred Reich revient à ce riffing Punk/Hardcore des débuts avec une batterie sacrément volontaire (il s’agit en fait d’un réenregistrement de l’un de leurs premiers morceaux figurant initialement sur leur démo de 1986). Quant à la reprise de Black Sabbath, difficile de se tromper avec un morceau aussi efficace que vu et revu. Mais peu importe puisque c’est l’occasion pour l’auditeur de voir Sacred Reich s’amuser sur un terrain de jeu autre que le sien et aussi de constater que la voix de Phil Rind possède étonnamment un petit quelque chose qui n’est pas sans rappeler le timbre d’un certain Ozzy Osborne.
Surf Nicaragua se conclue par deux titres live issus de
Ignorance. Assez peu client du genre, je préfère très largement me tourner sur les versions studios même si, pour le coup, le son est plus que bon et permet d’apprécier l’exercice avec plaisir (même si pour chipoter, je dirais que l’on n’entend pas suffisamment le public).
Certainement pas indispensable, ce EP n’en possède pas moins un fort capital sympathie qu’il doit en ce qui me concerne à plusieurs petites choses : un puissant sentiment de nostalgie, des titres marqués par un riffing Punk/Hardcore tout sauf déplaisant (quitte à paraître un poil trop simples), une reprise de Black Sabbath, une personnalité toujours marquée notamment grâce au chant de Phil Rind, un artwork lui aussi toujours aussi cool (même trente ans plus tard) ainsi qu’une terrible envie de changer le monde et d’élever les consciences. Ça peut sembler cul-cul dit comme ça mais le groupe possède des convictions et entend bien les défendre et je trouve ça cool.
5 COMMENTAIRE(S)
07/05/2018 16:24
J'ai découvert le groupe avec cet EP, et c'est un vrai classique du thrash.
06/05/2018 23:01
Je pensais presque tout savoir sur ce skeud pour avoir planché dessus pour une kro, et là révélation, ta mention de la reprise du thème de surf, j'ai écouté ce morceau des dizaines de fois et je réalise qu'aujourd'hui, pffff
Haha. C'est marrant parce que ça m'a toujours sauté aux oreilles Comme quoi. Content d'avoir pu te faire découvrir un p'ti truc sur un disque que tu connais depuis déjà des années
06/05/2018 02:19
Je pensais presque tout savoir sur ce skeud pour avoir planché dessus pour une kro, et là révélation, ta mention de la reprise du thème de surf, j'ai écouté ce morceau des dizaines de fois et je réalise qu'aujourd'hui, pffff
05/05/2018 11:04
04/05/2018 11:57
Très bonne chronique.