Je suis un simple fan de thrash. Quand j'ai vu que Sacred Reich avait annoncé vouloir se remettre à travailler sur du nouveau matériel qui sonnerait old-school, j'ai souri, j'étais content. En effet, même je ne suis pas un grand fan de ce groupe en général,
"Surf Nicaragua" a été l'une des mes premières portes vers le thrash - et, au passage, un des premiers morceaux que j'ai su jouer à la guitare. J'étais également stupéfait par ce changement de tempo plus qu'efficace dans "Death Squad", après la longue intro - pauvre de moi, qui ne connaissait pas encore Sodom... - et, plus tard je me suis pris une de mes plus grandes claques dans le thrash avec l'album Ignorance. Donc, Sacred Reich qui se réveille après vingt-trois ans de léthargie après quelques déboires, qui n'est pas sans rappeler certaines autres formations comme Xentrix, et qui nous annonce vouloir produire un album qui honorerait leurs racines old-school, que demander de plus?! Seulement, si le groupe m'avait dit qu'ils avaient plutôt décidé de rentre hommage à la période "Independant", je pense que je n'aurai pas sauté aussi haut...
Certains signes ne trompent pas: quand on voit que Metal Blade Records classifie cet album dans la catégorie "heavy metal" sur la fiche-promo de l'album, on est en droit de se poser quelques questions quant à ce qui va s'ensuivre, surtout si vous avez été comme moi teasé avec les deux épouvantables singles "Awakening" et "Manifest Reality". J'osais encore espérer que ces titres eurent été les moins bons de l'album, et que la formation phoenixoise nous réserverait le meilleur pour la suite. Mais quand j'ai lu ce "heavy metal", quand j'ai vu que le groupe passait presque autant de temps à nous parler politique de leurs paroles que musique en elle-même et surtout quand j'ai vu que le producteur choisi avait été Arthur Rizk, connu pour les sons très old-school mais aussi très lisses des albums de Power Trip, Smoulder, Eternal Champion, Sumerlands ou, plus récemment, Enforced, je ne m'attendais qu'au pire... et j'ai quand même été déçu.
Qu'on ne se méprenne pas: Rizk a fait un boulot monstre sur les deux Power Trip, même si musicalement je n'accroche que moyennement, il faut reconnaître que cette sonorité old-school est de très bon goût et apporte une dimension supérieure à la musique - et il en va de même pour les autres albums de thrash, voire de death comme le dernier Tomb Mold, qu'il a produit. Mais, sur "Awakening"... j'ai du mal. J'ai du mal à apprécier ce son et j'ai encore plus de mal à le comprendre. Visiblement, le groupe en a l'air très satisfait, et les fans aussi. Ils semblent se réjouir que le groupe n'ait pas choisi un son très moderne pour un groupe qui a fait ses faits d'armes il y a des décennies, et il est vrai qu'au moins, on ne pourra pas reprocher à Sacred Reich d'avoir choisi un son qui dénaturerait leur musique, à l'heure où d'autres groupes comme Exhorder semblent eux aussi sortir de leur léthargie, en optant cette fois-ci pour une production très blockbuster comme Nuclear Blast a l'habitude de proposer - avec tous ces groupes cultes qui décident de sortir un disque après plus de vingt ans de silence, on se croirait presque dans "La Nuit des Morts Vivants"... Mais, pour moi... ça ne passe pas. Ce qui se présente comme étant un "véritable retour aux sources du thrash oldschool" est simplement matérialisé par un son extrêmement faible, ce qui est plutôt malvenu quand on veut, au contraire, convaincre à coup de riffs destructeurs. Au final, on se retrouve avec une poignée de riffs qui ont une production qui collerait très bien à d'autres genres, pour d'autres finalités, mais pas du tout à celle-ci.
N'espérez pas non plus vous contenter de l'aspect purement musical de l'album, en tentant de faire fi de sa production, car là aussi, il y a de quoi décevoir. Déjà, les deux titres les plus longs font 5 et 4 minutes, pour huit morceaux et un total dépassant péniblement la demie-heure, ça annonce la couleur. Je veux bien que l'album de thrash idéal ne fasse pas non plus une heure et demie - sauf si vous vous appelez Reign of Fury -, mais plus un groupe décide d'écourter son disque, plus il se doit d'être convaincant, ce qui est d'autant plus compliqué puisque vous avez moins de temps pour l'être, ce qui est logique. Là... et bien c'est presque un exploit mais le groupe parvient carrément à faire l'inverse, c'est à dire qu'il semblerait que cette demie-heure lui soit malgré tout trop longue et qu'il n'ait rien de spécial à nous dire. Les riffs sont on-ne-peut-plus génériques (sans déconner, cette rythmique sur "Awakening", c'est typiquement le genre de truc que je fais à la guitare quand je m'échauffe) avec de la corde à vide absolument partout pour meubler le vide le plus possible. Et peut-on combler le vide avec le néant? Même dans certains morceaux un poil plus convaincants comme "Divide and Conquer" qui offre un semblant de diversité avec un refrain sympatoche et un solo franchement pas dégueu on trouvera malgré tout beaucoup trop de corde à vide. Encore une fois, je veux bien que ça soit le genre qui veuille ça, mais quand ton titre dure à peine quatre minutes et que les riffs sont pas dingues... ben ça se remarque encore plus.
Mais, au fond, pouvions-nous prévoir cet album? La réponse, qui pourrait surprendre, est oui. Parce qu'il faut se rendre à l'évidence: Sacred Reich n'est plus un groupe de thrash in-your-face depuis belle lurette, il ne l'est plus depuis
"Ignorance" en fait. Quand on suit de près l'évolution musicale des américains, la transition s'effectue dès l'EP
"Surf Nicaragua" avec une nouvelle reprise de Black Sabbath - la première, "Sweet Leaf", figurait en bonus sur le premier album - inclue direct dans le disque, comme si le groupe n'avait plus peur d'assumer sa passion pour le heavy tranquille qui allait progressivement supplanter le thrash agressif. Et, de ce fait, le groupe nous l'a démontré par la suite, avec
"The American Way" qui ralentissait déjà la cadence pour proposer quelque chose de plus alternatif (à en juger par le dernier titre "31 Flavors") et le très moyen "Independant" qui pour le coup surfait carrément sur le courant groove metal avec un thrash mid-tempo assez sautillant - qui se confirmera sur
"Heal" - et là aussi mâtiné d'influences heavy. Donc, au final, quand Sacred Reich nous dit vouloir revenir avec une formule inchangée, il n'a pas tord, au final... on retrouve tout ce qu'on n'aimait pas chez lui: des riffs du tiers-monde, une batterie faible - quoiqu'ici plus variée, on ne pourra rien reprocher à Dave McClain nouvellement ajouté - des chansons trop courtes et un chant... bon, je dirai rien sur le chant, c'est du thrash. Ca en reviendrait à tirer sur l'ambulance. Mais quand même, y a eu mieux. D'ailleurs, on retrouve ce côté nettement plus heavy et alternatif que thrash avec des morceaux comme "Death Valley", qui fait clairement rock de par sa tonalité bon enfant et sautillante et la présence d'instruments pas vraiment metal comme une cymbale cowbell présente dans le refrain, qui me fait d'ailleurs plus penser à une musique de ranch américain plutôt qu'à un "Tapping the Vein".
En somme, Sacred Reich nous propose un heavy/thrash à la Metal Church, guère incisif ni convaincant et plutôt répétitif et fade, qui ne nous offre pas grand-chose à se mettre sous la dent et qui se finit bien vite, le tout avec une production pas du tout adaptée et qui rend le disque encore plus faible.
5 COMMENTAIRE(S)
28/04/2021 19:40
23/08/2019 08:20
Tjrs bien aimé ce groupe que j'avais vu début 90 ouvrir pour Sepultura et je trouve que ça fait le job.
Sur cette nouvelle galette, mention pour qq titres comme:
Salvation
Killing machine
Revolution
Something to believe
Après, ben on adhère ou on n'adhère pas, mais ceci est une autre histoire :-)
05/08/2019 21:18
J’étais assez confiant avec le retour de Mac Claine mais j'imagine que l'album etait deja composé bien avant son arrivée.
04/08/2019 11:10
Je me suis arrêté aux deux extraits qui n'avaient rien de transcendant, du coup pas trop motivé pour écouter ce nouvel album. Un retour à la Rigor Mortis quoi...
Enfin, ça va pas m'empêcher d'aller les voir à l'empreinte en septembre. En espérant qu'ils grignotent pas trop la setlist avec les nouvelles compos.
03/08/2019 01:49