Poison fait partie de ces très rares sorties que j'ai dû acheter au format numérique, faute de mieux. Je n'achète que des CD et cet EP n'existant qu'au format vinyle sur Unspeakable Axe Records et en cassette chez Street Metal Blasphemy, tous les deux parus en novembre 2019, j'ai dû me rabattre sur de vulgaires MP3 via Bandcamp. Pour trois malheureux titres dont une reprise et une pochette aussi bof, j'aurais certes pu faire l'impasse. Mais Hellish étant un groupe talentueux, qui plus est chilien, que je suis depuis quelques temps, il me fallait absolument ce
Poison.
Trois dollars on ne peut mieux investis. Rien de nouveau sous le soleil de Peñaflor néanmoins le quatuor confirme encore un peu plus qu'il fait partie du haut du panier en matière de (blackened) thrash old-school aux côtés de nombreux combos excellents que le Chili a à nous offrir tels Ripper, Parkcrest, Mayhemic, Venus Torment, Thirsty Demon, Critical Defiance, etc. On retrouve d'ailleurs chez Hellish des membres en commun puisque le guitariste Javier Salgado joue aussi dans Mayhemic, Parkcrest et en tant que musicien live pour Venus Torment et anciennement Critical Defiance et que le batteur Cristian León est membre de Mayhemic et Thirsty Demon, a fait partie de Ripper et est monté sur scène avec Venus Torment. Une grande et belle famille consanguine comme on les aime !
Un manque de brassage génétique qui a l'effet inverse de celui du nord de la France tant les trois morceaux proposés sur
Poison se montrent convaincants. Hellish pratique toujours son thrash metal à l'ancienne rugueux et énergique mâtiné d'influences black metal, porté par un chant écorché plein de delay à la rage typiquement sudaméricaine, sur une production crue et épurée qui rend le tout aggressif et authentique tout en laissant entendre chacun des instruments. Oui, même la basse qui ronronne juste derrière les guitares. Des guitares qui font plaisir aussi bien au niveau des riffs, très classiques mais affûtés et efficaces en diable, que sur les quelques solos bien menés. On l'avait déjà noté, Hellish possède un bon sens de la mélodie. Le premier titre, "Black Tower", propose d'ailleurs une belle progression en accentuant cet aspect au fur et à mesure. Le suivant, "Poison", n'en est pas non plus dénué, avec notamment un bon tremolo vers 1'20, mais se différencie plutôt du précédent fort pressé (2'13 !) par une variété rythmique un peu plus importante (quelques mid-tempos) étalée sur une durée plus longue, du moins plus académique (3'25). Cela dit, c'est surtout du tchouka-tchouka que nous balance la formation qui passe la plupart de ces même pas dix minutes la tête dans le guidon. Ça fonce et ça défonce ! Même si Hellish n'est clairement pas le groupe chilien de thrash le plus bourrin.
En guise de cerise sur le gâteau, les Sud-Américains nous gratifient d'une reprise de "Apocalyptic Revolution" de Protector. Le groupe nous avait déjà fait le coup avec Assassin, Sodom, Iron Angel et Warrant (eh oui, comme certaines jeunes Thaïlandaises, ils aiment les vieux Allemands !). On aurait peut-être préféré une composition originale, néanmoins le choix du groupe n'est pas commun. Ça change de Slayer ! Cette cover s'avère en plus fort bien exécutée. On sent que le riffing sonne un peu différent de ce que fait d'habitude Hellish, plus thrash/death, que certains rythmes vont plus vite (un peu de blastouille), mais les gars arrivent à se l'approprier en lui donnant une saveur plus blackisante. Du coup la reprise se fond sans problème dans le décor. De quoi faire de
Poison une sortie indispensable ? Non, le format ultra court (8'46) le réserve à des maniacs comme moi obsédés par tout ce qui sort du Chili. L'EP, qui nous montre le visage le plus direct de ses auteurs, prouve juste une nouvelle fois que quand il s'agit de thrash metal vieillot, Hellish sait grandement y faire. Il peut aussi servir de porte d'entrée rapide à ceux qui ne connaîtraient pas encore le quatuor et qui pourraient s'en faire de nouveaux amis s'ils aiment Deathhammer et Hexecutor.
Poison s'avère également la dernière collaboration avec le chanteur-bassiste d'origine Claudio Miranda alias Necromancer, parti cette année et remplacé par Cristopher Aravena de Necromantic Forces. Surtout, il permet de faire patienter un peu en attendant un enregistrement plus conséquent, pourquoi pas un éventuel troisième album,
The Spectre of Lonely Souls datant déjà de 2018. Depuis la sortie de
Poison, toujours pas de long-format toutefois. Juste un split avec son demi-jumeau Mayhemic paru fin d'année dernière en cassette chez Sick Rites puis en mai dernier en CD sur Hell Productions. Celui-ci comportant les trois pistes de
Poison, je vais enfin pouvoir les avoir sur support physique, youhou ! Bah quoi, en ces temps troublés, oui, je me fais une joie d'un rien !
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