chargement...
Remontez pour accéder au menu
178 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Sébastien "S... » Transatlantic »

Portal - ION

Chronique

Portal ION
Ikea : Autant être honnête d'emblée, et avouer que je n'ai jamais apporté à Portal l'attention qu'il semble mériter. Il faut dire que, bien que charmé par Outre, ce dernier a été découvert après une palanquée de formations s'en étant inspiré, au point de ne pas le trouver aussi incroyable que beaucoup paraissent le juger. Après un essai infructueux de Vexovoid (aux volontés d'évolution louables mais s'arrêtant à mi-chemin, entre nouveauté et redondance), je pensais même voir en les Australiens un projet à retenter plus tard, toujours plus tard. Et voici qu'arrive ION, sa pochette intrigante m'ayant fait une nouvelle fois sauter le pas malgré une absence d'attente envers lui de ma part. Électrifié de l'intérieur, les yeux écarquillés d'étonnement et d'horreur, on peut dire que, ça y est, je fais définitivement partie des conquis !

Dysthymie : De bête immonde lovecraftienne, l'entité s'est transformée en dévoreuse d'univers. Se démarquant davantage de la masse, cette dernière revêt des formes et des couleurs encore inédites à rendre fou n'importe quel être humain. C'est d'ailleurs totalement hagard que vous ressortez après la première écoute de l'abomination qu'est ION. Car sous ses formes toutes géométriques et sa puissante lumière, celle-ci semble la personnalisation même du chaos. Un chaos ici beaucoup plus maîtrisé – guidé par la propre logique du groupe – mais davantage froid et tortueux. Dès le titre introductif instrumental « Nth », la formation instaure un climat tout en tension et suffocant, trouvant également échos dans les courtes parties moins rythmées et/ou ambiancées (cf. la fin de « Phreqs » et le début de « Crone ») ainsi que la magnifique outro de « Olde Guarde » (entre grandeur du cosmos et déliquescence). Des éléments parfaitement travaillés qui donnent davantage d'ampleur au propos de Portal et d'impact aux déflagrations de violence quasi constantes. Telle une grosse décharge électrique, la musique des Australiens vous traverse de part en part. Vous êtes secoué, malmené, perturbé par ce flot à la fois rageur et très mathématique (ces riffs nerveux et les lignes de guitares dissonantes à souhait) pendant un peu plus de 37 minutes – qui, si sur le papier peuvent paraître courtes, sont des plus éprouvantes. Les nombreux effets (à commencer par ceux utilisés pour les vocaux inhumains de The Curator) ainsi que la production tant massive qu'acérée comme une lame d'acier (qui aurait très bien sied à un groupe d'indus) ne font que mettre en relief l'atmosphère glaciale et cette explosion d'énergie venue d'outre espace, tout en magnifiant l'ensemble.

Ikea : Une énergie où les particules paraissent prendre forme, cessant de titiller l'imaginaire pour dévoiler au grand jour toute leur atrocité. ION fait le même effet que de voir dans un miroir devant soi une main monstrueuse sortir, le monde inversé que l'on devine en se regardant à l'intérieur se décidant à conquérir notre réalité. Transis, sidérés, nous sommes pris dans ces lignes de fuite qui attaquent de toute part, dans ce parti-pris qui a tout de l'expérimentation casse-gueule mais accentue la réussite de Portal, jouant de la crudité et du chaos ambiant avec une puissance de suggestion frôlant l'incroyable (« Phreqs » me fait véritablement peur, ce qui m'arrive rarement en musique). Certes, l'expérience est exténuante, notamment dans une fin de disque où l'envie que l'ensemble se fasse encore plus lisible et horrible se ressent, climax d'une évolution grimpante qui, en l'état, donne le sentiment de s'arrêter avant une victoire définitive – impossible de ne pas penser par moment au Fas d'un certain Deathspell Omega, et son attaque finale que ION garde pour lui. Mais Portal, au-delà de mériter ici particulièrement son nom, montre à ses suiveurs ayant fait de la dissonance leur robe de bure qu'elle n'est pas qu'un artifice, pas qu'un outil de violence au service de masochistes accoutumés aux méthodes classiques du death metal – qu'elle peut très bien être le death metal lui-même, cet omnivore à l'appétit insatiable, et servir à assujettir avec encore plus de prégnance que des riffs et thématiques classiques. C'est bien la plus grande réussite de ce disque qui, de figure « autre », donne envie de le considérer comme un bel exemple d’œuvre death metal, où le plaisir se mêle au malaise. Et que vive la nouvelle dimensION !

Dysthymie : Oui, c'est une toute autre dimensION que prend le groupe avec ce dernier album. Car outre la première impression de s'être pris une grosse châtaigne et de rester clouer sur place, c'est toute le folie créatrice du groupe qui subjugue. Une folie toujours à l'image du groupe mais plus instable et creusant davantage le sillon des expérimentations. Les sonorités perturbantes et abstraites vous font toucher du bout des doigts l’innommable tout en vous laissant à vos propres visions cauchemardesques. Les choix judicieux effectués (notamment sur la production) ainsi qu'une façon de composer différente, où la musique passe avant tout, donnent également un résultat plus personnel et abouti. ION ou la consécratION.

Ikea : 8/10
Dysthymie : 8,5/10

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Portal
Death Metal Expérimental
2018 - Profound Lore Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (8)  8.5/10
Webzines : (10)  8.03/10

plus d'infos sur
Portal
Portal
Death Metal Expérimental - 1994 - Australie
  

tracklist
01.   Nth
02.   ESP ION AGE
03.   Husk
04.   Phreqs
05.   Crone
06.   Revault of Volts
07.   Spores
08.   Phathom
09.   Olde Guarde

Durée : 37 minutes 02

line up
parution
26 Janvier 2018

voir aussi
Portal
Portal
Vexovoid

2013 - Profound Lore Records
  
Portal
Portal
Swarth

2009 - Profound Lore Records
  
Portal
Portal
Hagbulbia

2021 - Profound Lore Records
  
Portal
Portal
Avow

2021 - Profound Lore Records
  

Essayez aussi
Pan.Thy.Monium
Pan.Thy.Monium
Khaooos & Kon-Fus-Ion

1996 - Relapse Records
  
Chloroma
Chloroma
Chloroma (EP)

2021 - Desidarius Recordings
  
Chaos Echoes
Chaos Echoes
Tone Of Things To Come (EP)

2012 - Chaos Echoes Products
  
Blotted Science
Blotted Science
The Animation Of Entomology (EP)

2011 - Eclectic Electric
  
Pestilence
Pestilence
Spheres

1993 - Roadrunner Records
  

Shadowspawn
Blasphemica
Lire la chronique
Burning Dead
Into the Abyss
Lire la chronique
Radiation
Reactor Collapse
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Gozer
This Is Gore
Lire la chronique
Surgical Invasion
Death Before Dishonor
Lire la chronique
High On Fire
Cometh the Storm
Lire la chronique
Necrodeath
Arimortis
Lire la chronique
Under Assault
Deadly Experiments
Lire la chronique
High On Fire
Death Is This Communion
Lire la chronique
La photo mystère du 2 Mars 2025
Jouer à la Photo mystère
Destabilizer
Monopoly on Violence
Lire la chronique
Herakleion
Necroverse (EP)
Lire la chronique
Synaptic
Enter the Void
Lire la chronique
Obscura Tour 2025
Gorod + Obscura + Skeletal ...
Lire le live report
Colisevm European Tour 2025
Iceland + Light of Dark + P...
Lire le live report
Pandemic
Phantoms
Lire la chronique
High On Fire
Blessed Black Wings
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Hazzerd
The 3rd Dimension
Lire la chronique
Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique
Violent Definition
Progressive Obsoletion
Lire la chronique
Cattle Decapitation + Revocation + Vulvodynia + Shadow of Intent
Lire le live report
Bilan 2024
Lire le bilan
Entretien avec EXOCRINE
Lire le podcast
La photo mystère du 1 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec CIRCLES OV HELL
Lire le podcast
Entretien avec Julien Truchan (BENIGHTED)
Lire le podcast
Donor
Triangle of the Lost (Rééd.)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Janvier 2025
Jouer à la Photo mystère
DeadlySins
Age of Revelation
Lire la chronique