Ainsi, Cult of Occult, ce groupe de bourrins-mesquins amateurs de bières, de doom et de bières, a décidé de devenir esthète.
Jugez plutôt : artwork d'inspiration classique, morceau unique découpé en « chapitres » avec un attachement particulier à la cohérence, au mouvement, à la peinture d'un « univers »... Arrêtez, n'en jetez plus ! Sont-ce bien les mêmes personnes que j'ai interviewées lors de la sortie de
Five Degrees of Insanity, avec leurs réponses usant autant de neurones que leurs monoriffs ?
Oui, ce sont toujours elles. Et je me suis bien trompé sur ces Français que j'ai mis rapidement dans la case des moutons noirs du doom. Cult of Occult n'est pas un groupe de connards ou plutôt, il est bien plus que « simplement » cela.
Anti Life le prouve, dans ses couches où l'esprit ne sait plus où s'arrêter, chez le premier album de Highgate, chez Abandon, chez Funeralium ou encore chez cette scène aristocratique de Rouen, dans laquelle les Lyonnais semblent s'inscrire avec une telle force qu'ils donnent envie de prendre une carte et dessiner une diagonale du vide intérieur allant du sud-est au nord-ouest de l'hexagone.
Autant dire que ça pique, de constater que ceux qu'on avait mis dans une certaine case sont en vérité plus troubles que ce qu'on pouvait penser. Que ces « petits alcooliques cyniques » comme j'aimais les qualifier dans ma chronique de
Five Degrees of Insanity sont capables d'emporter sur un temps long dans l'abîme, de faire chuter avec eux, de quitter ces images d'immeubles sordides, de caves où appeler Satan une canette à la main, pour aller directement à sa rencontre. « Ici est sa demeure », avec ce qu'elle contient de délicieuse décadence, de plongée esthétique – pardon, je ne reviens toujours pas d'utiliser ce mot au sujet de Cult of Occult – où l'abattement se partage une place avec le dégoût de tout, tous et toutes.
Ça pique, et pas qu'un peu. Car on constate dans ces cinquante-trois minutes que tout était déjà là, qu'il ne s'agit que d'attention portée à une facette de la musique des Lyonnais, au point de vouloir jeter au feu sacrificiel les précédents bavardages qu'on a pu écrire à leur sujet. Que dans leurs blagues se cachaient déjà le sarcasme, ce rire qui est la marque de qui-vous-savez. Oui, Cult of Occult est toujours ce groupe qui, plutôt que de dire qu'il a une identité, donne envie de le définir comme « identitaire », dévoué au doom corps et âme, l'alcool comme chemin sacré, aidé d'un son d'une lourdeur incroyable où chacun martèle de son instrument de prédilection. Mais il manquait encore un pas à faire pour que ce fanatisme possède la part de religieux que l'on y attache généralement. Considérez-le comme franchi.
C'est que durant
Anti Life, comme en révélation, il faut croire avant de savoir. Se laisser couler dans l'imaginaire que Cult of Occult développe. Accepter de se faire matraquer, enivrer, rosser puis pétrifier. S'enfoncer dans la solennité, cette forme profonde de recueillement où la lassitude est un marche-pied spirituel (cela reste du doom, et du doom pour ceux au clair avec ce que l'ennui peut apporter de sensations). Penser que l'occulte et son culte sont des choses présentes et vibrantes dans lesquelles se diluer, l'évaporation de soi au service de Lui. Se prendre au jeu, quitte à se perdre dans certains méandres où l'attention flotte parfois, dans le vague mais toujours avec ce vague à l'âme.
Ainsi, Cult of Occult, ce groupe de bourrins-mesquins amateurs de bières, de doom et de bières, a décidé de devenir esthète. Peut-être l'a-t-il toujours été, lui et ses amours négatifs, s'habillant aujourd'hui d'une élégance qui fait voir ces éléments en pleine lumière. Ou peut-être est-ce l'ultime pied-de-nez de ces sales gosses du doom, jouant de l'énigme pour mieux se moquer de nous, perdus et enchantés derrière notre mine crevée. Peu importe que ces derniers ricanent devant la réussite de leur tour. Nous, clairement, nous ne rions pas à l'écoute de
Anti Life.
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