Dans un souci de professionnalisme et afin de compléter la courte discographie de Bastard Priest, intéressons-nous aujourd'hui au premier album de ce groupe Suédois formé en 2001. Je ne vais pas vous refaire ici l'historique de ce duo formé par Matt Mendoza et Inventor. Pour cela, je vous renverrai vers la chronique de leur deuxième album sorti l'année dernière, le très bon
Ghouls Of The Endless Night. Sachez juste que ce premier album a vu le jour en 2010 sur le label Pulverized et qu'il est en grande partie constitué de titres figurant sur les deux précédentes démos de Bastard Priest dont
Merciless Insane Death sortie dans la plus grande confidentialité en 2007. La première véritable démo n'étant pas officiellement reconnue par le groupe de part sa piètre qualité (c'est eux qui le dise).
Ainsi, sur les onze titres qui composent cet album, huit sont tirés des deux premières démos de Bastard Priest. Ce qui nous fait donc un total de trois nouveaux morceaux seulement. Ceci dit, dans la mesure ou personne ou presque a déjà posé ses oreilles sur ces dites démos, cela ne devrait pas constituer un problème majeur. D'autant que ces titres ont été en partie réinterprété et réenregistré afin de mieux correspondre à l'idée que s'en faisait le groupe lui même. Pas de simple copier/coller ici mais une vraie cohérence dans ce patchwork de titres récents et plus anciens.
En matière de contenu, pas de surprise, surtout si vous avez déjà posé vos oreilles sur la musique de ce duo Suédois. Bastard Priest rend, comme beaucoup de ses confrères, hommage à la scène Death Metal Suédoise de la fin des années 80 grâce à une recette maintes fois utilisées mais toujours aussi efficace si tant est que le dosage soit respecté. En cela, cette superbe pochette à l'ancienne ne trompe pas sur la marchandise et les premières notes de "Blasphemy From Hell" suffisent à donner la pleine mesure du potentiel de Bastard Priest. A la manière d'un Death Breath avec qui le groupe partage tout de même pas mal de point commun, Bastard Priest se fend d'un Death Metal poussiéreux et fétide dont les influences sont à rechercher autant dans la scène Death Metal des années 80/90 (Possessed, Autopsy, Nihilist...) que dans la scène Punk/Hardcore de ces mêmes décennies (Discharge, Exploited...). Pas de lourdeur ni de riffs diaboliques mais un esprit rock'n'roll foutrement intense qui charge ainsi ce premier album d'un fort sentiment d'urgence en plus d'un côté délicieusement rétro. Et si l'exécution peut sembler bancale, il n'en est rien. Bastard Priest cultive son hommage grâce à une production volontairement datée que le duo reproduira d'ailleurs sur
Ghouls Of The Endless Night. Réverb sur la voix, batterie en avant dans le mixage, craquement et souffle sur les morceaux... Bref, autant de moyens utilisés pour recréer l'ambiance de ces années passées où le MP3 n'existait pas.
Du haut de ses trente trois minutes, l'album va donc à l'essentiel. Et s'il ne surprend pas, il réussit cependant à procurer suffisamment de plaisir pour en oublier le manque certain d'originalité. Ainsi, n'importe quel amateur de Death Metal à l'ancienne devrait voir son cœur s'emballer et ses poils se hérisser à l'écoute de ces titres aussi rudimentaires que jouissifs pourris par une quantité de soli aussi dissonants qu'irrévérencieux. Comment ne pas succomber aux charmes désuets et poussiéreux de titres tels que "Blasphemy From Hell", "Visions Of Doom", "Power Of Death" ou encore "Merciless Insane Death"? Les riffs, d'une simplicité déconcertante sont pourtant d'une efficacité exemplaire. Le rythme, mené pied au planché, ne nous laisse pas le temps de tergiverser et l'ambiance nauséabonde qui règne tout au long de ce
Under The Hammer Of Destruction nous transporte directement dans un bon film de zombies de série B.
Seul différence notable entre cet album et son successeur, le chant de Matt Mendoza. L'intonation utilisé par le bonhomme sur ces deux albums n'est pas tout à fait la même et aujourd'hui, comme avant, ma préférence va tout de même à ce chant légèrement plus guttural utilisé sur
Under The Hammer Of Destruction qu'à ces vocalises plus Punk de
Ghouls Of The Endless Night. La différence ne saute pas forcément aux yeux mais mérite malgré tout d'être notée.
Un premier album surprenant de fraîcheur et d'énergie malgré son caractère obsolète qui sent la poussière et la naphtaline à plein nez. Si Bastard Priest ne surprend pas, il a au moins le mérite de proposer une mixture honnête entre Death Metal et Punk/Hardcore à la sauce 80's. Terriblement efficace et surtout pas aussi anecdotique qu'il n'y paraît, ce disque se destine cependant aux nostalgiques d'une certaine époque qui continue aujourd'hui de vivre dans les bas fonds de l'underground.
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