Il m’en a fallu, pour laisser une chance à ce nouvel EP de Thou. Peu satisfait de
The House Primordial, inquiété par ses annonces à répétition d’EPs (trois au total, devant sortir à un mois d’intervalle) et d’un nouvel album, le manque de motivation devant l’impression que le groupe de Baton Rouge accumule pour mieux masquer une impossibilité de dépasser son œuvre-maîtresse (
Heathen) a été difficile à surmonter.
Il m’en a fallu, et il m’en faut encore, pour donner à
Inconsolable l’attention qu’il mérite. Thou décline une nouvelle fois son identité, expérimentant à tout-va là où le fanatique (un peu idiot avouons-le – comme tout fanatique) attend impatiemment une véritable suite à son album de 2014, et offre ainsi ce qu’il a sorti de plus directement pur, harmonieux d’allure, par huit morceaux électro-acoustiques succédant à un court essai où le drone avait place nette. Mélodies apaisantes, chants clairs caressant en long et large, ambiance forestière et sereine… En lisant cette description, avez-vous, comme moi, cette sale pensée hautaine face à l’énième rencontre d’une formation quittant l’agression pour aller vers la douceur comme on va à confesse, une rédemption type « un cœur bat sous la brute » ? Il m’en a fallu, et il m’en faut encore, pour ne pas me moquer, cette démarche m’ennuyant d’habitude.
Ce qui serait le cas durant ces trente-deux minutes si Thou n’avait pas ici, d’une certaine manière, retrouvé ce qui fait sa singularité. Oui, vous écouterez ici ce que la bande a sorti de plus soigné, caressant, enjôleur au point d’avoir la tête ailleurs, si précieux que l’on semble ne même pas être convié, laissant les différents invités venus apporter leurs voix à ces chapitres s’amuser avec ces sludgeux poétiques lors de leur fin de soirée où l’on sort les guitares sèches… Tromperie : frôlant le slowcore (« The Unspeakable Oath »), la ballade pop / folk (« Behind the Mask, Another Mask » ou encore « Fallow State »),
Inconsolable finit par emmener avec lui dans une délicieuse fragilité, pellicule de terre semblant à deux doigts de buller à la surface de l’eau, comme un miroir de ce que
Heathen cachait derrière l’amplification. Il suffit d’entendre « The Hammer », titre à la chaleur doom rinçant et consolant comme du Revelation, pour s’en convaincre ! Nouveau détour, mais destination connue, où l’on navigue une nouvelle fois dans ces atmosphères rêveuses, la réalité se rappelant en contrepoint dans une dureté sourde (les paroles prises au passage), les douleurs et questionnements s’habillant d’une symbolique ancestrale (« Find the Cost of Freedom »), l’arrivée du silence se vivant dans le regret, cet EP en étant bien un jusqu’à ce sentiment d’incomplétude qu’il transmet après les dernière notes de « Entombed in Man ».
Un disque qui est comme redécouvrir Thou, qui demande à refaire le chemin, passer d’une impression de beauté formelle et vide pour relever ce qui est de la fragrance au départ, puis de la sensation pure, celle d’une séduction des apparats masquant une profondeur particulière, entre mythologie et modernité, syncrétisme où le mystique rejoint le politique, dans un brouillard éternel où Orphée s’assoit mélancoliquement dans une verte prairie, le voyage prochain vers les Enfers à l’esprit… Certainement, sa courte durée, ces instants où l’on flotte en dehors de lui, ainsi qu’un morceau central illuminant le reste tout en le rejetant un peu trop dans l’ombre (« The Hammer » est particulièrement marquant), poussent à voir en
Inconsolable un à-côté que seuls les amateurs de Thou prendront le temps d’apprécier. Mais que cela ne fasse pas oublier ce qu’il a de prenant et d’encourageant pour la suite, les Louisianais ayant encore visiblement de belles choses à transmettre.
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