Décidément, le trio d’EPs que nous aura offert Thou – « offert » étant le mot juste, l’ensemble se téléchargeant gratuitement
à cette adresse – a tout du réveil en douceur, faisant patienter difficilement au moment où
Magus montrera les Louisianais enfin prêts à se lever. Rêverie difficile, éclatée et inconstante avec
The House Primordial ; mélancolie des cours d’eau, les idées noires sous les images de plénitude, de
Inconsolable ; mémoire des premiers émois, sur lesquels se reconstruire, avec
Rhea Sylvia.
Car oui, ce dernier EP est l’occasion pour Thou de rendre hommage aux groupes qui l’ont marqué, mettant sa personnalité propre au service d’un style entre grunge et sludge bouclant la boucle, entre appropriation d’un genre et retour à cette façon inédite qu’ont les Ricains de jouer « leur » sludge. Pourtant, point de morceaux directement issus de la scène de Seattle (déjà maintes fois vénérée, cf. leurs nombreuses reprises de Nirvana), ni de titres faisant dire « qu’ils auraient pu sortir en 94 », une partie de
Rhea Sylvia provenant simplement du
projet du même nom du guitariste Matthew Thudium, « The Only Law » et « Deepest Sun » étant mis à la sauce Thou sur cet EP.
Surprenant donc, l’annonce du groupe de cet EP comme étant essentiellement grunge en tête, de rencontrer musique aussi corrosive, aussi lourde, aussi… sludge, lors des premières écoutes. Thou, intelligemment, ne s’est pas habillé sur
Rhea Sylvia avec le costume d’un autre, décidant, à la manière des EPs précédant directement celui-ci, de ne rappeler qu’en filigrane une part de ses influences, la voix de Bryan Funck menant majoritairement la barque de ses cris étalés et éructés à la fois. Un choix judicieux, tant c’est quand il décide de laisser la place que l’expérience se fait la moins marquante, le chant clair de Matthew Thudium, passe-partout bien que « joli », peinant à transmettre les émotions entre solennité, emphase et toxicité avec lesquelles aime danser la bande de Baton Rouge.
Ainsi, l’amateur habitué trouvera ici ce qu’il adore chez Thou agrémenté de quelques détours se mariant parfaitement à ce que les créateurs de
Heathen ont pu réaliser. Loin d’être une simple lettre d’amour ou une fiche de lecture,
Rhea Sylvia peut se voir comme un nouvel exemple de la capacité du groupe à unir les contraires, émerveillant tout en alourdissant l’atmosphère, l’ensemble se vivant dans une brume où errer, des formes mythologiques se devinant derrière l’opacité. Cependant, et malgré une construction clairement réfléchie de bout en bout (jusqu’à cette superbe reprise de Crowbar, sorte de retour à ce que la formation peut produire de plus mesquin et jouissif), la même frustration de ne pas entendre davantage, avec plus d’ampleur, ce qui est effleuré sur ces trente minutes est également l’émotion qui lie ces trois EPs ensemble. Thou, que ce soit sur
The House Primordial,
Inconsolable, ou l’essai ci-présent, s’est amusé avec sérieux, nous emmenant avec lui dans ses dérives et sa nostalgie. Il est grand temps de voir s’il est encore capable de nous mettre à terre.
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