Situation exceptionnelle : je peux parler d’une énième mutation de Fange en ayant connaissance du stade suivant.
Et pour le coup, voilà qui est favorable. Car, si
Privation a été un coup de cœur à sa sortie, le temps long a montré que cela tenait plus aux promesses qu’il contenait que ses qualités intrinsèques. Nouvelle étape d’évolution après l’épais mais un peu trop bordélique
Pantocrator, ce nouvel album – le septième en moins de dix ans ! – étonnait par son parti-pris atmosphérique assumé, mêlant à l’industriel magnifié sur
Pudeur et le sludge / death metal connu de longue des phases aériennes allant voir du côté de la cold wave.
Une direction qui prenait une place sans déranger les autres éléments constituant l’identité de Fange.
Privation fait de sa nouvelle lubie des morceaux particuliers, où l’ancien côtoie le nouveau. Ainsi, il est étonnant de les entendre revenir à des choses plus classiques – à leur échelle, rappelons que l’on a là un des groupes actuels les plus originaux – après avoir mis à genoux avec « À La Racine », « Sang-Vinaigre » et surtout « Né Pour Trahir ». Ce dernier, véritable tube à la Fange, mêlant heavenly et ambiance défaitiste typiquement française, place tant la formation dans les hauteurs que tout paraît moins élevé en comparaison.
C’est bien le défaut principal de
Privation qui, plus qu’une mutation définitive en elle-même, a pris avec le temps des allures d’album de transition.
Perdition enfoncera le clou peu de temps après, confirmant tout en maîtrisant bien mieux les envies gothiques de Fange. Ici, on oscille entre l’épatant (les paroles de « Sang-Vinaigre » à jamais gravées dans la tête), la zone de confort bien menée mais déjà connue (« Enfers Inoculés » et « Extrême-Onction ») mais aussi quelques maladresses montrant une recherche encore à mener. « Né Pour Trahir » époustoufle avec son guest de Cindy Sanchez (Lisieux, Candélabre) sublimant la musique des Français ; « Portes D'Ivoire » montre une union qui a du mal à se faire, l’intervention dans la langue de Molière de Cédric Toufouti (Hangman’s Chair) laissant penser que certains fantasmes ne gagnent pas à se réaliser. Arrivant comme un cheveu dans la soupe, cette participation ressemble à une esquisse maladroite de ce qui fera plus tard partie des moments forts de
Perdition (et notamment « Toute Honte Bue » avec Olivier Guinot au micro).
Privation manque (…) donc encore d’une certaine assurance pour être pleinement satisfaisant. Comme
Pantocrator, il s’assimile à un terrain de jeu pour Fange, qui triture son style et le modifie. Loin d’être raté pour autant – on ne peut pas dire cela d’un disque contenant des compositions comme « Sang-Vinaigre », « Né Pour Trahir » ou « Les Crocs Limés » –, il est aujourd’hui à voir comme une préparation à ce qui va suivre, déjà enthousiasmante en elle-même mais dont on attend la révélation. On le sait, elle viendra quelques mois plus tard.
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