Forbidden Temple / Ultima Thule - Forbidden Temple / Ultima Thule
Chronique
Forbidden Temple / Ultima Thule Forbidden Temple / Ultima Thule (Split-CD)
La Belgique et les Pays-Bas ne se sont jamais aussi bien portés en matière de Black Metal que durant ces quelques dernières années qui ont vu l’émergence de groupes comme Moenen Of Xezbeth, Vaal, Wederganger, Perverted Ceremony, Dikasterion, Gevlerkt, Possession, Necromantic Worship, Saqra’s Cult, Fluisteraars et probablement d’autres que j’oublie... Une effervescence qui ne semble pas prête de vouloir s’arrêter et que célèbre aujourd’hui le label New Era Productions avec la sortie d’un split réunissant Forbidden Temple, groupe belge à qui l’on doit déjà trois sympathiques démos, et Ultima Thule, groupe hollandais responsable de l’excellent Enthralling Lunar Majesty sur lequel je n’arrive malheureusement pas à mettre la main à bon prix…
De ces deux groupes, on ne sait pas grand-chose, chacun jouant à la fond la carte d’un certain obscurantisme en choisissant de ne diffuser que très peu d’informations les concernant. Une attitude élitiste qui sied à merveille à ce genre de Black Metal rétrograde d’un autre temps. Car comme quelques-uns de leurs homologues cités plus haut (notamment Moenen Of Xezbeth, Perverted Ceremony, Vaal, Gevlerkt et Necromantic Worship), Forbidden Temple et Ultima Thule n’entendent pas dévoiler leur art noir au plus grand nombre mais uniquement à ceux qui sauront trouver leur chemin jusqu’à eux.
Disponible en LP et en CD, on appréciera dans un premier temps les artworks sobres mais soignés qui à défaut d’originalité permettent de planter le décor. Pour ma part, j’ai un faible pour celui d’Ultima Thule. Entre le logo à base de masses d’arme et d’épée et ce gars grimé et encapé, crachant du feu à l’orée d’une forêt elle-même située au pied d’un ancien château en ruine, il m’est bien difficile de résister. En termes de contenu, nous sommes sur un split plutôt bien fourni puisque Forbidden Temple qui ouvre les hostilités propose quatre morceaux dont une introduction contre trois pour Ultima Thule. Le tout pour une durée n’excédant pas la demi-heure.
Honneur à la Belgique avec Forbidden Temple qui se fend donc d’une introduction à l’esprit médiéval évident en dépit des nappes de synthétiseur utilisées. Très vite, le groupe nous embarque alors dans son Black Metal lo-fi qui n’est pas sans faire penser à celui de ses compatriotes de Perverted Ceremony et Moenen Of Xezbeth mais avec cependant un petit quelque chose permettant de les distinguer. Une musique froide, à la production tout aussi décharnée, faite de riffs faméliques et lancinants, de patterns de batterie hypnotiques et de quelques accélérations salvatrices. Un Black Metal essentiellement tourné vers le mid-tempo, à la voix écorchée, glaciale et lointaine sur lequel vont venir se poser des notes de synthétiseur spectrales (voix féminines notamment) pour une atmosphère grise et brumeuse rappelant les forêts norvégiennes. Le duo n’invente rien, l’exécution est sommaire et le rendu particulièrement cru et primitif mais la recette fonctionne grâce à ces ambiances de caveaux où la pierre rencontre le froid, l’humidité et l’obscurité.
Ultima Thule entretien lui aussi la flamme d’un Black Metal à l’ancienne mais le fait cependant d’une manière un petit peu différente. Moins approximative et bancale mais tout aussi authentique, la production monte ici d’un cran tout en conservant cette âpreté qui faisait déjà le charme de ces albums sortis en Norvège au début des années 90. L’exécution est également ici moins sommaire et primitive et surtout le groupe semble porter bien plus d’intérêt aux attaques soutenues à base de blasts et de riffs éclairs balancés à toute berzingue. Certes, avec leurs mid-tempo entêtants et leurs nappes de clavier fantomatiques, "The Howling Fog" et "Silence And Snow" possèdent une certaine ressemblance avec les compositions passées de Forbidden Temple mais "False Light Dies In Their Eyes" joue quant à lui la carte d’un titre bien plus furieux et sauvage en dépit de ce break tout au synthétiseur qui va venir apporter un fort contraste avec ce qui se trouve avant et après. Là encore, les deux Hollandais ne détiennent pas la palme de l’originalité mais ils ont au moins pour eux des compositions efficaces aux atmosphères glaciales et dépouillées.
Témoignage d’une scène particulièrement bien portante dans ces deux pays que sont la Belgique et la Hollande, ce split saura faire écho auprès de tous les amateurs de Black Metal à l’ancienne, dépouillé de tout artifice inutile en matière de production et plaçant les atmosphères comme l’élément central d’une musique qui pue la haine et le désespoir. Décidément, il se trame des choses particulièrement louches dans ces deux pays voisins.
| AxGxB 30 Août 2018 - 1343 lectures |
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