Neptrecus - Ars Gallica
Chronique
Neptrecus Ars Gallica
Bénéficiant d’une petite réputation dans l’underground parisien comme hexagonal NEPTRECUS n’a jamais été particulièrement productif, préférant prendre son temps pour écrire et ainsi mieux se faire désirer. Il a d’ailleurs raison sur ce point car à chacune de ses réalisations on observe une amélioration constante qui fait plaisir à entendre, et montre aussi que le groupe continue son petit bonhomme de chemin sans se soucier des autres. Après le réussi « L’Aube Du Déclin » qui lui avait permis de se mettre sur de bons rails, « Frères De Sang » voyait le jour presque trois ans plus tard et montrait une entité plus mature pour un résultat mieux abouti et toujours aussi agréable. Pour ce troisième opus il s’est écoulé presque autant de temps, et seul l’EP « La Mort Des Peuples » sorti l’an dernier avait brisé ce silence qui commençait à se faire interminable, mais qui une fois encore confirmait que l’attente en valait la peine. Car fort d’un line-up stable depuis 2014 le quatuor a désormais trouvé sa place au sein de la pléthorique scène Black nationale, et continue d’améliorer son Metal noir très classique mais racé et aux paroles toujours portées par l’histoire de la France, sa fierté, ainsi que ses contes et légendes. Pour le reste rien n’a changé ou presque, le style est toujours le même et le combo continue d’inviter à tour de bras sur ces disques, vu que cette fois-ci il s’est entouré notamment d’Aharon (GRIFFON), Nokturn (AUTARCIE) et Ardraos (SUHNÖPFER, ex-PESTE NOIRE et AORLHAC), histoire d’agrémenter positivement un disque impeccable qui est le meilleur sorti par ses soins à ce jour.
Dès le début l’impression est effectivement très positive avec l’excellent « Notre Berceau – Notre Tombeau » où les franciliens mettent en avant toute leur palette de jeu, entre vitesse hargneuse sous toutes ses formes et moments plus lourds et remuants, où se greffent un soupçon de mélodie via un solo sobre et efficace qui a la bonne idée de ne pas trop en faire. D’ailleurs si la sobriété a toujours été leur créneau elle continue ici d’être présente et cela convient bien à leur musique qui n’a pas besoin d’artifices inutiles pour être cohérente et accrocheuse, à l’instar de la production à la fois sèche, glaciale et naturelle, qui renforce ainsi cette impression de cohérence du concept. Si ce premier morceau comporte ce qu’il faut de brutalité celle-ci va progressivement s’estomper pour laisser plus de place aux ambiances et aux parties lentes, même si pour l’instant on la retrouve encore en ce début d’album avec le très bon « Ethique De La Volonté ». Si à cet instant elle doit partager l’espace entre du mid-tempo remuant inspiré et des passages épiques intéressants, la vitesse reste cependant encore importante tout comme l’agressivité, notamment via des riffs coupants et ce malgré une durée générale qui aurait pu être raccourcie. Ce point est d’ailleurs est une constante pour Svarga et ses acolytes qui ont toujours eu tendance à rallonger un peu inutilement leur propos, preuve en est avec ce « Ars Gallica » dont les compos frôlent toujours au minimum les six minutes, ce qui a certains moments va être une faiblesse. Mais pour l’instant ça n’est encore gênant et le redoutable « Soyons Terribles Pour Dispenser Le Peuple De l’Être » ne va changer ce point de vue, car ça frappe vite et fort lors de son démarrage et de sa conclusion, avant que son milieu ne voie l’ajout d’un break acoustique agréable et de passages au ralenti parfaits pour souffler, toujours en gardant cette relative simplicité au niveau de l’écriture.
Et puis lorsqu’on arrive au niveau de la seconde moitié de ce long-format la hargne et la rage vont s’estomper au profit de la mélancolie, de la tristesse et du recueillement, sans pour autant basculer vers une sieste prématurée. Certes la tristesse est présente sur le très bon « Fidelitas » où le rythme général reste volontairement bridé pendant sa quasi-intégralité, afin de renforcer le côté religieux et les ambiances plus mortuaires et propices à la méditation et au souvenir du défunt. Si l’ensemble s’agite légèrement avant de se terminer il n’en reste pas moins que tout cela ne fait pas tâche avec le reste et que l’ordre dans lequel il est situé est totalement en raccord, notamment grâce à « Aux Grands Hommes La Patrie Reconnaissante » qui déboule juste après. Si depuis 1837 on peut lire cette citation en lettres d’or sur le fronton du Panthéon il y’a bien un rapport entre le célèbre monument de la capitale et cette compo, vu que les leads et la cassure mélodieuse à la guitare sèche sont adaptés pour coller au prestige de l’endroit et de ceux qui ont l’honneur d’y résider. Avec en prime un léger côté épique qui rappelle que certains maréchaux et grands noms de l’empire napoléonien y sont inhumés, le résultat est à la fois varié et homogène mais surtout intéressant et jamais pompeux, ce qui aurait été dommage à entendre.
Du coup après cet intermède moins méchant et guerrier on retrouve ces détails afin d’en terminer dignement, tout d’abord avec le long et réussi « Messager De l’Oubli » où après un démarrage assez calme la suite va monter en pression en étant carrément une incitation au combat, tant on se croirait embarqué à quelques minutes de la bataille finale et décisive. Si une certaine forme de nostalgie se fait entendre elle disparait dès que les combattants sont lancés à l’assaut de l’ennemi, et du coup la bande sort toute sa panoplie musicale pour faire vivre cet évènement du mieux possible, et elle y parvient aisément avant le feu d’artifice qui intervient avec l’ultime « Retour Aux Sources ». On peut légitimement penser qu’avec ce nom elle veut dire qu’elle n’a pas perdu en puissance ni en sauvagerie (et ainsi prouver que les passages plus posés ne seront jamais sa priorité) vu qu’ici ça redevient radical et sans concessions. Le tout est mené tambour battant et seulement ralenti par quelques courts instants bridés où l’envie de headbanguer se fait sentir, grâce aussi à un riffing impeccable. Bref comme lors de l’ouverture cette compo de clôture montre les mecs dans ce qu’ils font de plus dépouillé et d’abrasif, prouvant encore une fois qu’ils arrivent à rester crédible aussi bien à fond qu’en levant le pied, et en y greffant intelligemment quelques éléments divers.
Alors certes on pourra toujours dire que tout cela aurait été meilleur en raccourcissant certains plans qui tournent parfois un peu en rond, c’est un fait indéniable mais qui heureusement ne nuit que de façon très légère à cette réalisation qui renvoie (de par le son proposé et par sa technique sobre et efficace) vers les grandes années 90. Sans figurer dans les bilans de fin d’année ces quarante-huit minutes (malgré quelques petites baisses de régime et d’attention) passent comme une lettre à la poste, et confirment tout le bien que pouvait attendre de ce nouveau bébé vu le pedigree de chacun des membres qui jouent (ou ont joués) au sein d’autres noms réputés de l’hexagone. Du coup c’est tout à fait ce qu’il faut pour se vider la tête et apprécier le super boulot effectué par les musiciens, où l’implication collective prime sur le talent individuel afin de faire corps avec la musique, qu’on appréciera de réécouter régulièrement avec plaisir et sans à priori.
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