Úlfarr - Hate & Terror - The Rise Of Pure Evil
Chronique
Úlfarr Hate & Terror - The Rise Of Pure Evil
Formation anglaise originaire du comté de Cumbria, Úlfarr est à la base un projet solo de monsieur Paul Gibson (Thy Dying Light, Nefarious Dusk, Atra Mors, Baalberith, Helvellyn et quelques autres encore). Formé en 2011, le groupe est rejoint dès 2013 par plusieurs autres membres dont les trois quart finiront finalement par quitter le navire peu de temps après. Un souci d’effectif qui explique peut-être en partie ce long silence radio (le groupe n’avait plus rien sorti depuis 2014) même si la quantité de projets dans lesquels est impliqué Paul Gibson reste très certainement la raison principale.
Quoi qu’il en soit, après une série de démos (trois au total) et autres sorties à l’intérêt relativement limité (un split en compagnie de Hrafnblóð ainsi que deux albums live parus tous les deux en 2014), Úlfarr reprend aujourd’hui du service avec la sortie sur Worship Tapes (cassette) et Purity Through Fire (CD) d’un EP intitulé Hate & Terror - The Rise Of Pure Evil. À en croire Metal Archives, le seul rescapé de ces nombreuses défections évoquées plus haut serait un certain Afallach (Úir) préposé depuis 2014 à la guitare et au chant. Sauf qu’à la lecture des informations disponibles, Dominus (aka Paul Gibson) reste le seul musicien crédité à la composition et à l’exécution de ces nouveaux morceaux si l’on fait l’exception de cette boîte à rythmes programmée par un certain Skoth.
Divisé en six parties, ce disque de vingt-huit minutes s’attache à produire un Black Metal authentique à la fibre Rock’n’Roll pour le moins évidente (notamment dans ces breaks brise-nuque où l’auditeur aura bien du mal à ne pas dodeliner de la caboche et à taper du pied). Sans grande originalité mais avec toutefois pas mal d’efficacité, le projet anglais marche ainsi dans les pas de formations telles que Horna, Urgehal, Darkthrone, Sargeist, Craft ou One Tail, One Head. Alors il est évident que l’ensemble manque cruellement de personnalité mais à vrai dire, ce n’est pas ce que l’on recherche en premier lieu lorsque l’on s’enfile volontairement un disque arborant un tel artwork. En effet, il n’y a là aucune entourloupe de la part d’Úlfarr dont le Black Metal rétrograde et primitif éveillera à n’en point douter vos instincts les plus primitifs.
Taillés pour l’efficacité, les riffs dispensés par Paul Gibson ont pour eux cette immédiateté qui les rend d’emblée extrêmement sympathiques. La formule, d’une simplicité confondante, se base systématiquement sur le même modèle à savoir une succession d’attaques plus ou moins frontales à base de trémolo froids et décharnés et de blasts rachitiques ("Part I" et "Part VI" menés tous les deux à tombeau ouvert, la première partie explosive de "Part II" et tous ces autres moments que l’on peut trouver sur le reste des titres de l’album) auxquelles vont venir se succéder des titres plus entêtants ("Part V") ou plus généralement des ralentissements toujours très efficaces rappelant le Darkthrone plus Rock’n’Roll de la deuxième moitié des années 90 mais aussi énormément un certain One Tail, One Head aujourd’hui disparu ("Part I" à 2:29, "Part II" à 1:24 , cette séquence entamée à 1:35 par un "Uh" sur le très bon "Part III"). Du riff à trois notes d’obédience scandinave (Norvège et Finlande), des patterns de batterie répétitifs hérités notamment de la scène Punk (ces longues séquences de tchouka-tchouka entêtantes...), une ambiance à l’ancienne et une production plutôt naturelle (même pour cette boite à rythmes qui fait plutôt bien illusion pour le peu qu’on lui demande), voilà ce que l’on trouve tout au long de ces vingt-huit minutes sans grande originalité mais qui ont pour elles ce côté à la fois efficace et particulièrement immédiat.
Loin de figurer sur la liste des indispensables de cette année, ce premier album d’Úlfarr offre tout de même de très bons moments pour qui apprécie de genre de Black’n’Roll empruntant aussi bien à la scène norvégienne que finlandaise. Bien entendu personne n’ira crier au génie mais de toute façon ce n’est clairement pas ce que recherche ici Paul Gibson qui, en grand amateur de One Tail, One Head, Darkthrone et tous les groupes cités plus haut, n’a qu’un seul but en tête : se faire plaisir à jouer ce qu’il aime. Pour le coup, on sent que l'Anglais est parfaitement à son aise tout au long de ces vingt-huit petites minutes pendant lesquelles vous n’aurez de toute façon pas le temps de vous ennuyer. Composé et exécuté avec efficacité, voilà un premier album suffisamment solide pour compenser son manque avéré de personnalité. Ce qui en soit est déjà pas trop mal.
| AxGxB 18 Octobre 2019 - 1039 lectures |
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