Mortuary - Blackened Images
Chronique
Mortuary Blackened Images
Actif dès la fin des années 80, Mortuary est l’un des tout premiers groupes de Death Metal à avoir émergé au Mexique (à ne pas confondre avec son homologue français apparu peu ou prou à la même époque). En compagnie de Blackthorn, Cenotaph, Dark Half, Shub Niggurath, Toxodeth et Transmetal, il fait ainsi partie de ces groupes qui auront permis de braquer les projecteurs sur un pays et une scène jusque-là relégués au second plan, notamment face à la domination sans partage des scènes américaines et européennes. Mais Mortuary, comme toutes ces autres formations citées un petit peu plus haut, aura également permis de montrer la voie à toute une jeune génération de hardos particulièrement passionnés et surtout bien décidés à participer eux aussi à l’effort de guerre.
Formé en 1988 à Monterrey, Mortuary est en fait la réunion de Pestilence et Butchery, deux entités ayant périclité quelques mois plus tôt. Après une première démo intitulée Where Death Takes Your Soul parue en 1989 et un petit changement de line-up (exit le guitariste Pedro Guevara), le groupe poursuit son ascension avec la sortie en 1990 de son premier album intitulé Blackened Images. Paru en autoproduction au seul format cassette, celui-ci ne manquera pas pour autant d’attirer l’attention. Fort de ce succès d’estime, Mortuary signe donc l’année suivante un contrat avec le label mexicain Avanzada Metálica pour la réédition aux formats CD et cassette de ce premier album. Il faudra néanmoins attendre 1992 pour que Blackened Images arrive en territoires américains et européens grâce au concours des labels JL America et Brain Crusher Records (label allemand affilié à Turbo Music).
Réédité en 2020 par Iron Bonehead Productions avec pour illustration l’artwork de Chris Moyen ornant les versions de 1992 parues chez Brain Crusher Records (voir ci-contre après l'illustration originale) ainsi que les quatre titres de Where Death Takes Your Soul en guise de bonus, Blackened Images n’a clairement pas volé son statut d’album culte. Il faut dire que si celui-ci n’invente rien, il reste encore aujourd’hui d’une très grande efficacité et d’une pertinence à l’épreuve du temps. Bref, vous l’aurez compris, Blackened Images n’a pas pris une seule ride même si certains stigmates du temps qui passe sont bien évidemment perceptibles à commencer par cette production aujourd’hui bien dans son jus. Mais si celle-ci ne laisse effectivement planer aucun doute quant à son grand âge, elle n’en reste pas moins très bonne, notamment pour l’époque et le lieu (on a tous déjà entendu bien pire en provenance d’Amérique du Sud).
Bouclé en moins de trente minutes, ce premier album de Mortuary n’est donc pas du genre à s’éterniser ni à perdre son temps en circonvolutions inutiles. Largement influencé par Slayer dont il fera d’ailleurs la première partie à Mexico en 1994, le groupe propose pendant un petit peu plus de vingt-huit minutes un Death / Thrash virulent et bas du front qui à défaut d’originalité va offrir à ses auditeurs des compositions particulièrement bien ficelées qui encore aujourd’hui n’ont pas à rougir de quoi que ce soit.
Quelque part entre le Slayer de Hell Awaits, le Possessed de Seven Churches et le Sepultura de Beneath The Remains, Mortuary va s’imposer sans aucune difficulté grâce en premier lieu à un riffing extrêmement nerveux et incisif qui de ces attaques soutenues ("Abyss Angel" à 2:25, "Sickish Disease" à 0:49, "Sacrilegious" à 0:23...) à ces changements de rythmes absolument imparables ("Sickish Disease" à 1:33, "Reign Of Dead" à 1:53, "Blood Storm" à 1:33...) en passant par tous ces solos et autres leads chaotiques qui parsèment cette petite demi heure ("Reign Of Dead" à 1:53, "Rites Of Death" à 2:15, "Blackened Images" à 1:59...) doit en effet énormément au duo Jeff Hanneman / Kerry King. Ainsi le fan de Slayer que vous êtes forcément (comment ça non !?) aura probablement bien du mal à se contenir à l’écoute de tous ces titres plus efficaces et redoutables les uns que les autres. Car en plus de ce riffing qui ne cherche en rien à dissimuler ses origines, Mortuary est également un groupe chez qui lever le pied n’est pas vraiment une option. Il y a bien ici et là quelques baisses d’intensité (l’entame plutôt tranquille de "Abyss Angel", "Sickish Disease" à 1:34, "Blood Storm" à 1:33 et autres moments de ce genre dont le groove s’avère taillé pour se taper la tête contre les murs et se démettre les cervicales) mais d’une manière générale Blackened Images est un album marquée par une frénésie de tous les instants et notamment par quelques cavalcades thrashisantes qui elles aussi ont déjà dû en faire headbanger un sacré paquet. Enfin à tout cela vient enfin s’ajouter le chant hargneux et virile du regretté Joel Alanis. Un growl arraché et lointain qui comme la musique de Mortuary navigue entre Thrash (cet aspect particulièrement vindicatif) et Death Metal (trop profond pour du Thrash mais pas tout à fait assez grave pour du Death Metal).
Si Mortuary réitérera l’exercice cinq ans plus tard avec la sortie en 1995 d’un deuxième album intitulé Shine Of The End paru dans un anonymat assourdissant, Blackened Images est et restera à tout jamais la sortie la plus emblématique du groupe mexicain. Alors c’est vrai, l’influence des Californiens de Slayer suinte ici par tous les pores mais peu importe car ce que nous offre Mortuary c’est un album de Death / Thrash sincère et passionné exécuté avec les tripes par de jeunes musiciens totalement dévoués à la cause. S’il n’est donc pas d’une grande originalité, Blackened Images n’en reste pas moins un disque incontournable de la scène Death mexicaine et surtout un excellent brulot Death / Thrash à ne pas surtout pas ignorer si l’on se dit amateur du genre.
| AxGxB 10 Mars 2022 - 1143 lectures |
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