« Prion, ou agent transmissible non conventionnel (A.T.N.C.) Particule infectieuse à l'origine de dégénérescences du système nerveux central ou d'encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (E.S.S.T), maladies d'évolution lente, mortelles et touchant aussi bien l'homme que l'animal. » (Larousse).
Dans le milieu du metal il en est ainsi de certains noms qui donnent une idée très précise de la teneur musicale d’un groupe ou d’un album. C’est le cas de Prion, groupe argentin formé en 1999 et dont ce « Aberrant Calamity » est le quatrième album, au titre empli de prescience. Puisant dans toutes les formes de death à tendance brutale pour nourrir la machine, Prion nous emballe sa dernière offrande derrière une pochette qui a ce je-ne-sais-quoi de cover propre au milieu slamming death et consorts. Seulement ici, pas de tromperie sur l’assiette d’empanadas, le produit fini présente sur le papier tous les atours d’un (brutal)-death de tradition. Sur le papier…
Car dès qu’on déroule un tant soi peu le menu proposé, on se retrouve très vite face à un disque pataud, dont les maladresses sont à chercher au sein même des morceaux et non pas du coté des musiciens qui n’ont pas à rougir de leur niveau. A ce sujet, mention spéciale à Gregorio Kochian, qui apostrophe son crachoir de fort belle manière, avec même de petites séances de gruik offertes par la maison, tel à 2’50 sur « Fictitious Forms Of Stability ». L’intro mélo du cd, tout en apparente finesse face au supposé déferlement de brutalité donne malheureusement le ton de toute la galette… Mais mais mais…je vous arrête tout de suite : cet album n’est absolument pas mélodique, ou joli, ou tout doux avec des p’tits bouts de cœurs roses dedans. Non, il est…vindicatif ? Et c’est à peu près tout.
En effet, dur de se raccrocher à quoi que ce soit de tangible musicalement parlant, tant le groupe déroule, avec dextérité certes, mais sans passion ni talent, sa petite formule à emporter dont le contenu est au final aussi plat que les plaines de Patagonie. Ça ronronne, mais ça ne sort jamais vraiment les griffes, et les riffs sont très coucouche, panier, papattes en rond (au hasard le riff thrashy d’« Irreversible Ways »). L’alternance quasi-systématique de plans plus speed et de ralentissements embourbe l’intégralité du disque. : la construction des titres est presque similaire pour tous et ces passages à vingt à l’heure présents à peu près partout tirent continuellement le skeud vers le bas, l’empêchant finalement de décoller. Voilà pour le coté « aberrant », où l’on confond lourd et lourdingue, plombé et plombant. Tout au long de ces 46 minutes, on attend LA compo qui nous mettra la tête dans le sable et dix minutes dans les yeux, mais c’est nous qui finissons par avoir pitié de ce groupe qui peine à hisser son death hors de l’eau (je rappelle aux têtes de linotte que c’est quand même leur quatrième sortie longue durée !).
Fort heureusement, quelques soubresauts nous empêcheront de nous endormir avant la fin, comme cet enchainement entre les pistes trois et quatre, aussi bien pensé qu’amené, la chanson « Unable To Discern » -la meilleure de toutes, alors pourquoi pas tout un album de cet acabit ?- ou le début d’ »Over The Asphalt Of A New Era » et son faux-coté à la Crescent.
Pour être tout à fait honnête, j’ai trouvé les écoutes nécessaires à la rédaction de cette chronique très longues et éprouvantes. Les bonnes idées se font rares et surtout le dosage a été fait avec les pieds ; habituellement les accalmies au sein d’un disque sont censées donner un impact plus grand aux accélérations, sauf qu’ici leur surabondance crasse dessert des compos qui méritaient bien mieux que ça (« Observed Reality » et son feeling à la Hate Eternal époque « King Of All Kings » ou le tout début de « The Hesse Paradox » avant ce lestage récurrent). Voilà pour la calamité. Au moins le titre de cet album aura lui été fort bien trouvé ! De ce groupe on préfèrera donc les albums « Times Of Plagues » ou
« Impressions », mieux construits, efficaces, plus accrocheurs et variés.
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