Grave Circles - Tome II
Chronique
Grave Circles Tome II
Si la scène noire Ukrainienne regorge de grands noms tous plus intéressants les uns que les autres celui de GRAVE CIRCLES n'est pas encore connu, bien qu'il comporte en son sein quelques vieux briscards locaux où l'on retrouve notamment un des membres de KRODA ainsi que l'actuel batteur de PESTE NOIRE. Fondé en 2016 le groupe propose un Black Metal direct et sans concessions où intervient cependant une grande part de mélodie et de mélancolie, portées par des arpèges éthérés et des riffs venus du fin fond de l'espace. Du coup il n'est pas étonnant que celui-ci ait été repéré par Les Acteurs de l'Ombre qui en profite pour ressortir ce premier album (publié initialement en autoproduction en fin d'année dernière), vu que musicalement son univers correspond tout à fait à celui du catalogue du label du Maine et Loire.
Et en effet dès le départ (via le très bon « Both Of Me ») on s'aperçoit de toute la palette de jeu du combo qui bien qu'étant très classique sur le fond rajoute une touche personnelle au milieu de cette alternance de blasts et parties rapides (où le son de caisse claire très sec amène un supplément de froideur), où une ambiance tribale lourde retentit comme pour prévenir qu'une cérémonie rituelle se prépare, et qu'elle ne sera pas de tout repos. Oscillant entre lenteur et vitesse tout comme du côté de la lumière et des ténèbres cette entrée en matière variée au niveau rythmique représente un bon condensé de l'univers des gars, avant que la suite ne se fasse plus sobre mais aussi tortueuse, preuve en est avec le plus solaire « Predominance » de haute volée, et surtout cohérent sur la longueur. Car débutant par une série de notes cristallines venant du fond des âges l'ensemble de cette compo va ensuite jouer les montagnes russes entre passages furibards et déchaînés, et d'autres tendres et apaisant où le tempo s'allège et amène ainsi de la luminosité bienvenue au milieu de cet océan de noirceur et de froideur, constat que l'on va retrouver directement après sur le tout aussi bon « Faith That Fades ». Reprenant un schéma quasi-semblable il fait preuve cependant d'une plus grande sobriété tant au niveau de l'écriture que de l'énergie déployée, qui s'efface sans pour autant disparaître, constat partagé sur l'excellent « Thy Light Returneth » où le côté mélodique s'affirme un peu plus et où la voix n'hésite pas à se faire discrète pour chuchoter aux oreilles de l'auditeur, au milieu de parties au ralenti au mid-tempo parfaitement en raccord. D'ailleurs cette rythmique va trouver son paroxysme sur l'excellentissime « When Birthgivers Recognize The Atrocity » qui donne envie de prendre les armes et d'aller guerroyer tant ça se montre épique et entraînant, sans jamais ralentir l'allure ni voir l'apparition de cassures qui auraient fait perdre le fil de cette invitation au combat parfaitement réussie.
Après cette relative sobriété la doublette de fin va elle continuer à se faire plus dense et tortueuse, tout d'abord avec le tentaculaire et rampant « The Unspoken Curse » au riffing coupant et précis ponctué d'un rythme lent et redondant, où la montée en pression est constante comme pour signifier que l'explosion finale est proche, chose qui intervient sur le barré et mystique « Abstract Light, Abstract Death ». On est effectivement proche de la folie et du long voyage vers l'inconnu, du fait de son ambiance générale désespérée, glaciale et brutale, clôturant ainsi les débats sur une touche religieuse et philosophique, où toute la palette de jeu de la bande est de sortie, histoire de terminer de la meilleure des façons. Car bien qu'étant particulièrement bien écrit et étant homogène de bout en bout il faut quand même reconnaître que certains plans ont tendance à se répéter d'un titre à l'autre, et surtout de s'étirer un peu trop inutilement en longueur, ce qui casse parfois la dynamique du morceau en question. Cependant il ne faut pas faire la fine bouche, car même si ce disque ne marquera pas l'année de son empreinte il réussit à équilibrer autant l'entrain débridé que les passages les plus aériens et nuageux, ce qui lui permet d'être de très bonne qualité. S'il n'atteindra pas le niveau de réputation des glorieux classiques de son pays il serait quand même dommage de ne pas se pencher sur cette oeuvre dense et travaillée, qui demandera pas mal d'écoutes avant d'être totalement assimilée, preuve de sa réussite et du travail fourni, qui mérite les applaudissements les plus nourris.
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