Lord Vigo - Danse de noir
Chronique
Lord Vigo Danse de noir
Lord Vigo fait partie de ces formations de seconde zone sur lesquelles il ne serait pas déraisonnable de se pencher. Officiant dans un doom metal épique et tonitruant depuis sa formation en 2014, ce combo teuton nous a déjà gratifié de trois albums qui s'étendent sur ces trois dernières années, à savoir Blackborne Souls en 2017, Six Must Die en 2018 et, enfin, Danse de noir, en Avril dernier, dont le nom peut faire tiquer plus d'un francophone. Le style de jeu est rarement sobre : au contraire, et tout particulièrement dans ce nouveau disque, le groupe agrémente ses compositions de divers effets d'ambiance, comme des sons de cloche, des voix synthétisées, des effets sonores d'explosion, pour un rendu terriblement immersif qui ne manquerait pas de parler aux fans de Candlemass ou de Solitude Aeturnus - les bruitages en moins.
Danse de noir est donc la nouvelle livraison de notre trio et il présente une originalité assez singulière, que je n'ai presque jamais rencontrée ailleurs sur un album de cette trempe, à savoir un "semi-album concept". Rush (pour ne mentionner que le premier groupe qui me passe par la tête) nous avait déjà fait le coup avec "The Fountain of Lamneth" sur Caress of Steel ou avec "Cygnus X-1" sur Hemispheres. Lord Vigo, dans un genre bien différent, s'essaie lui aussi à la composition conceptuelle sur la première partie de l'album avec les six premiers titres formant l'histoire nommée "Offworld A.D." avant de retourner, à mi-chemin, sur des morceaux plus longs mais indépendants.
Pourtant, musicalement, le tout forme un ensemble homogène, presque monolithique. Il y a çà et là des subtilités propres à chaque morceau dont je reparlerai plus loin mais la première écoute nous laisse une impression d'unicité : aucun morceau ne voit sa composition ou son exécution bâclée. Le tempo reste globalement dans des registres assez bas, fidèles au doom. Les morceaux présentent généralement les mêmes caractéristiques : compositions relativement simples, refrains marquants, voix plaintive qui lorgne sur le gothique, mélodies lentes et harmonieuses, batterie au set diversifié. Quelques exceptions sont notables : tout d'abord, dans l'histoire conceptuelle "Offworld A.D.", un morceau sur deux n'atteint pas la minute et sert de transition pour exposer un brin d'histoire et introduire le morceau suivant (une composition dans le sens plus classique du terme). Bidouillages électroniques sur "The Voight Kampff Situation", voix robotique sur ce même opener ainsi que sur "Are You Human" ou synthés sur "Fiery the Angels Fell"... cette première partie d'album respire particulièrement au travers de ces instrumentales presque ambiantes.
Le groupe, non content de ponctuer de la sorte la face A de son vinyle, distille également tout un tas de sons et d'effets sonores dans ses compositions, à commencer évidemment par ceux constituant l'histoire-conceptuelle de l'album, comme le titre éponyme où le groupe nous gratifie d'une voix robotisée féminine qui parle dans un français impeccable - dommage qu'on l'entende mal et que, de ce fait l'on n'entende pas grand-chose. On n'en finira plus, également, de relever les sons de cloche ou les pads dans "Shoulder of Orion", "At the Verge of Time", "And Then the Planets Will Align", et "As Silence Grows Old".
Certaines compositions s'armeront de petites subtilités qui les distinguent des autres, l'exemple le plus notable étant "Between Despair and Ectasy" où la vibe qui se dégage se rapproche bien plus du rock gothique où le chant, bien que similaire en tous points à celui des autres morceaux, prend un tout autre aspect. Ce morceau à la tonalité légère contraste donc avec les autres titres aux atmosphères plus lourdes et autrement plus solennelles de l'album. La composition de "As Silence Grow Olds", quant à elle, se permet quelques petites libertés avec un break aux guitares clean et à la basse ainsi qu'un tas d'ajouts de FX, pour une bouffée d'air plus qu'agréable dans un disque où tout finit par se ressembler.
Car si ce disque est chargé d'atmosphères lourdes, solennelles voire martiales comme dans "At the Verge of Time", et si le chant clair offre des moments grandioses comme sur le refrain de "Danse de noir", si les cartons entiers de mélodies proposées sont tous satisfaisants, force est de constater que ce disque tourne vite en rond. Je m'étais déjà fait le constat sur Six Must Die, où le tempo et les gammes utilisées sont presque toujours les mêmes, mais il est autrement plus évident sur Danse de noir, d'où l'usage du terme "monolithique" un peu plus haut. On note cependant quelques changements d'ambiance avec "Between Despair and Ectasy" et son penchant gothique, "As Silence Grow Olds" et son relent prog et "And the Planets Will Align" qui se rapproche plus de la mouvance heavy traditionnelle, au rythme très entraînant grâce notamment à un super jeu de batterie. Dommage que le disque ait tendance à se répéter, donc, car ce nouvel opus riche en mélodies, en effets sonores et en refrains marquants confirme l'ascension progressive de son jeune groupe, qui peut figurer sans broncher parmi les groupes de doom épique les plus intéressants de ces dernières années.
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