Bliss Of Flesh - Tyrant
Chronique
Bliss Of Flesh Tyrant
Ecouter Bliss Of Flesh, c’est avant tout accepter de partir pour un voyage, peut-être sans retour, surement sans espoir.
La fin de l’étape précédente – une trilogie basée sur la Divine Comédie de Dante -, ne nous aura pas emmené au paradis, malgré la teneur de l’opus clôturant cette première salve – ni perdus en d’obscurs mondes faits d’ailleurs mais bel et bien sur Terre puisque l’enfer est ici.
Artwork magnifique, composition étalée sur seulement deux semaines, concept basé sur la servitude volontaire…Mais que nous réserve ce nouvel opus ? La réponse apparait bientot, happés que nous sommes par un mid-tempo donnant le répons à des blasts en pagaille – tout l’album en regorge d’ailleurs – et le chant totalement versatile de Necurat, oscillant entre colère et désespoir, haine et dégout, voix blacks et chants déclamés (« Vanitas »).
Ici la misanthropie est reine, elle est tapie dans l’ombre, observe les moutons ravis de servir, les foules abruties et ceux les manipulant, pointe du doigt l’ignorance crasse et vous la recrache à la gueule, vicieuse et vénéneuse.
Les moments plus introspectifs sont paradoxalement les plus puissants car noirs et sans fioritures, sans filets, sans faux-fuyants. Plongés tête la première dans le miroir, dans notre propre reflet, l’on se voit et l’on s’écœure, de nous-même et de nos choix. Le tout dans cette atmosphère de fin du monde, de richesse sans fin (ces violoncelles sur « Serve » ou « Hexis »), ces mélodies propres à réveiller les morts, émergeant d’un cercueil de fer orné de taffetas souillé.
Ici, point n’est besoin de track-by-track détaillé ou d’analyse fouillée ; cet album se vit et se respire comme un ensemble, un Tout, complet syncrétisme de toutes leurs époques.
Que celui qui compare encore ce groupe à un mix entre Belphegor et Behemoth soit empalé sur le champ ! Bliss Of Flesh est devenu un monstre et le maitre de son propre monde, où tout n’est que noirceur et ténèbres, seul rédacteur de son Necronomicon et son plus fidèle défenseur.
Je pensais ce groupe grand, mais il est dorénavant hors d’atteinte pour la concurrence. Il nous regarde, pauvres petits insectes, nous démener et l’acclamer. Fier défenseur, du haut de sa tour d’ébène, d’un style qui n’aura jamais été aussi pur et froid, il sourit : nous sommes à notre tour asservis.
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