Novembre, 1990-2016 Dossier
Novembre, 1990-2016
Depuis ma découverte du metal, il y a finalement peu de groupes que je porte encore dans mon coeur et qui ne m'ont jamais déçus, tous genres confondus. At The Gates, Opeth, Katatonia, Arch Enemy, Soilwork, Cradle of Filth, Moonspell, Dark Tranquillity... Entre ceux qui ont mis un genou à terre et ceux qui sont allés où je ne peux les suivre, mes premiers amours sont passés pour laisser place à d'autres. On vieillit, les gens évoluent, les goûts changent, rien de bien surprenant en fin de compte. Mais il y a Novembre. Découvert en 2001 lors de la sortie de "Novembrine Waltz", ce groupe m'a immédiatement conquis par son aura singulière, cette musique intemporelle, nostalgique et contemplative, entre metal atmosphérique, metal progressif et death mélodique. Rares sont les formations à dégager autant de sincérité et d'émotions, dévoilant album après album, une facette différente de leur personnalité. Malheureusement assez irréguliers, leur carrière souffre des quelques périodes d'inactivité dont la plus longue en date vient de se terminer. Sorti début avril, leur 8ème album "Ursa" met un terme à une absence de plus de 8 ans, un retour très attendu à la hauteur des espoirs placés en eux. L'occasion pour le grand fan que je suis de revenir sur une histoire de plus de 25 ans. Oui rien que ça !
Novembre fût fondé à Rome en 1990 sous le nom de Catacomb par les frères Orlando, Giuseppe (batteur) et Carmelo (chanteur et guitariste). Après une courte Rehearsal Tape 3 titres, le groupe produit une première démo cassette "Unreal" en 1991. Leur musique s'apparente alors au death metal de l'époque et s'inspire de formations telles que Terrorizer, Carcass, Entombed, Schizo ou BoltThrower, avec déjà quelques réminiscences de Paradise Lost qui forgeront leur style actuel. 2 ans plus tard, encore sous le nom de Catacomb, il sort l'EP 7" "The Return of the Ark" qui marque le début du Novembre que nous connaissons aujourd'hui. En parallèle, le combo en profite pour changer de nom : outre le fait que Catacomb ne correspondait plus à l'esprit de leur musique, cette décision a été motivée par le fait que "Catacomb" avait été choisi par un ancien membre et pour éviter les ambiguïté avec le groupe français du même nom.
Suite à cet EP, le groupe signe sur le label italien Polyphemus pour ses 2 premiers albums "Wish I Could Dream It Again" (1994) et "Arte Novecento" (1996). Produits par le grand Dan Swanö qui commence à prendre de la bouteille, ces réalisations aujourd'hui presque introuvables proposent déjà deux visions bien différentes de leur art, le premier étant très typé death metal et le second abordant un style plus froid et contrasté. Si le manque d'expérience des musiciens est encore assez flagrant, cette étape de leur carrière est loin d'être anecdotique : malgré quelques faussetés, quelques fautes de goût et un son médiocre, ces deux albums proposent déjà de superbes pièces, d'une grande beauté et d'une grande sensibilité. "Arte Novecento" compte notamment pour moi des titres parmi les plus forts des Italiens. Courant 1997, Antonio Poletti cède sa place à un certain Massimiliano Pagliuso, guitariste émérite qui accompagne Carmelo encore aujourd'hui. A l'exception de la place de bassiste qui ne cessera de tourner, le groupe parviendra alors à conserver un line-up relativement stable jusqu'en 2015.
L'après "Arte Novecento" entame une période relativement faste pour nos compères : leurs efforts leur permettent d'obtenir une signature avec la prestigieuse firme allemande Century Media pour 3 albums et ils embarquent directement pour une tournée en première partie de Moonspell. "Classica" (1999) marque le retour à un style plus brut, mixant les meilleures idées développées sur leurs précédentes oeuvres. La production et la musicalité des membres font enfin honneur aux compositions, le premier véritable album "professionnel" de Novembre. La suite sera de toute beauté : "Novembrine Waltz" (2001) ou l'équilibre parfait du style Novembre, aussi magnifiquement dur qu'atmosphérique et toujours mélodique. La promotion de ce quatrième album se fera en compagnie des étoiles montantes Opeth et Katatonia, une tournée qu'il ne fallait pas louper. Suite à ça, indécis quant au futur artistique de groupe, les Italiens décident de prendre une revanche sur leur passé en réenregistrant leur premier album. Ainsi, "Dreams d'Azur" (2002) conclut le contrat avec Century Media et redonne un second souffle à des compositions lourdement desservies par un manque d'expérience et de moyens.
Les quatre années qui suivirent "Dreams d'Azur" seront le premier gros blanc de leur carrière. Le groupe n'a pas sorti de nouvelle compositon depuis le bijou "Novembrine Waltz" et revient finalement en 2006 sous les couleurs du prestigieux label Peaceville Records avec un étonnant "Materia", résolument calme et nostalgique, loin des tourments d’antan. Une fois de plus, le groupe partira en tournée avec Katatonia déjà signés par le label anglais depuis 1999. Etonnement, le successeur de "Materia" sortira un an à peine plus tard : "The Blue" voit le retour d'un semblant de feeling death metal et des guitares acérées, un album beaucoup plus dur que le précédent qu'il complète assez bien. Cette fois-ci, c'est en compagnie de Paradise Lost que la groupe partira sur les routes, un juste retour des choses.
Ebranlé par la crise du CD, le groupe décide alors de faire une pause dans sa carrière. Les années passent, la pause s'éternise et laissera finalement le combo sans activité pendant près de 8 ans. A son réveil, on apprend le départ de l'excellent batteur et membre fondateur Giuseppe Orlando pour des raisons assez floues ; ce dernier se fera du coup enrôlé par ses compatriotes de The Foreshadowing. Cela n'empechera pas Carmelo de plancher seul sur le retour de Novembre. Entre temps, une poignée de formations locales enregistrent des covers du groupe regroupées au sein de l'intéressante compilation "A Treasure to Find", un hommage et une coïncidence bienvenue, sorte d'avant goût d'une renaissance tant attendue. Après un enregistrement fleuve de plusieurs mois, un huitième album appelé "Ursa" voit le jour le 1er avril 2016 sur lequel on retrouve une formation de nouveau sereine et prête à repartir sur de bonnes bases, à défaut d'être originale. A l'heure où j'écris, un projet de mini album serait déjà à l'étude ; espérons qu'il n'arrivent pas dans 10 ans ! | Dead 8 Avril 2016 - 895 lectures | | 1. Les débuts | Novembre Wish I Could Dream It Again 1994 - Polyphemus Records
Oui, ce premier album transpire l'amateurisme à l'image de cet artwork pour le moins kitch. Enregistré en seulement 12 jours, le son est brouillon, la prestation des musiciens laisse parfois à désirer (notamment le chant clair de Carmelo) et certains choix artistiques sont contestables (ces claviers...). Et pourtant, "Wish I Could Dream It Again" n'en reste pas moins un petit bijou d'un point de vue songwritting. Entre metal atmosphérique et death metal, le groupe impose déjà son style et sa personnalité, développant cette ambiance unique emprise de nostalgie qui sera sa marque de fabrique. Pas mal pour des petits gars d'à peine 20 ans.
| | | | Novembre Arte Novecento 1997 - Polyphemus Records
Deux ans plus tard, les Italiens tentent une approche différente de leur musique. Carmelo abandonne ses hurlements pour se concentrer sur son chant clair et leur style délaisse la violence de leur death mélodique au profit d'un son tantôt plus lourd, tantôt plus rock. Cela fait de "Arte Novecento" un album assez hétérogène, le plus froid de leur discographie d'un côté mais aussi le plus lumineux suivant les morceaux. La griffe du groupe reste néanmoins immédiatement reconnaissable, ces 64 minutes minutes proposant de superbes mélodies qui n'appartiennent qu'à eux. Déjà plus convaincant côté prestation, la production reste encore fébrile mais contrairement à "Wish I Could Dream It Again", elle donne lui un certain charme. Un de mes albums favoris malgré ses défauts.
| | | 2. L'ère Century Media | Novembre Classica 1999 - Century Media Records
Désormais signés chez la puissante firme allemande Century Media, les portes de la cour des grands s'ouvrent enfin à eux. Et ça s'entend sur "Classica" qui jouit enfin d'une production à la hauteur de leurs compositions. A mi-chemin entre leurs 2 précédentes productions, ce troisième album renoue avec une partie de la violence de "Wish I Could Dream It Again" tout en conservant la froideur de "Arte Novecento". Cet équilibre, Novembre aura à coeur de l'entretenir et d'y revenir à de nombreuses reprises quand il s'en écartera.
| | | | Novembre Novembrine Waltz 2001 - Century Media Records
Le chef d'oeuvre de Novembre pour moi. Entre la chaleur timide d'un levé de soleil et la grisaille d'une pluie d'automne, le groupe revient à une musique plus contemplative, un metal progressif mélodique d'une sensibilité que le combo n'avait jamais encore atteint. Si le début d'album est de toute beauté, c'est surtout sa seconde partie qui laisse sans voix : l’enchaînement "Flower" / "Valentine" / "Venezia Dismal" / "Conservatory Resonance" est la quintessance de ce que représente ce groupe.
| | | | Novembre Dreams d'Azur (Réenr.) 2002 - Century Media Records
Etonné au début par ce successeur au fantastique "Novembrine Waltz", ce n'est que quelques temps après que j'ai découvert qu'il s'agissait d'un réenregistrement. Ne sachant quelle suite donner à leur quatrième album, les Italiens font appel à leurs vieux amis pour redonner des couleurs à l'approximatif "Wish I Could Dream It Again". Plutôt que de réadapter les compositions, le groupe a fait le choix de rester fidèle à l'original jusqu'au son des claviers. Si l'on peut regretter que certains aspects de l'époque n'aient pas été revus, "Dreams d'Azur" a au moins le mérite de ne pas dénaturer l'esprit originel de ce premier album. La même puissance, la même magie, le même feeling, avec un meilleur son.
| | | 3. Un nouveau départ | Novembre Materia 2006 - Peaceville Records
4 ans d'absence, 5 ans sans nouvelle composition, "Materia" fait suite à un premier break dans la carrière des Italiens. Pour ce cinquième album inaugurant leur récente signature chez Peaceville Records, le groupe change une nouvelle fois de direction musicale pour embrasser un style calme, posé et résolument nostalgique où l'intégration plus prononcée du chant Italien fait des merveilles. La production sortant des studios Outer Sound et Finnvox est cette fois-ci absolument parfaite, exprimant pleinement toute la beauté des douces mélodies de ces 11 titres. Toutefois, pour du Novembre, il manquait peut-être un petit quelque chose...
| | | | Novembre The Blue 2007 - Peaceville Records
Sorti à peine un an après "Materia", "The Blue" est pour moi un des albums les plus sous-estimés de leur discographie. Novembre revient à un style plus contrasté, plus violent et renoue avec cette atmosphère familière, entre rage et tristesse. On retrouve alors cette puissance qui manquait à l'album précédent, sans pour autant perdre en émotions. Mais ce qu'il faut surtout retenir de ce septième opus, ce sont ses quelques *expérimentations* qui apportent un vrai plus aux compositions : "Nascence" et son superbe duo vocal Francesca / Carmelo, "Cantus Christi" et ses lamentations vocales, "Zenith" et ses nappes de claviers... Dommage que le son soit un peu brouillon côté saturation et que l'ensemble soit si compact car il ne lui manquaient pas grand chose pour atteindre la perfection.
| | | 4. Un retour attendu | Novembre Ursa 2016 - Peaceville Records
9 ans à attendre, quasiment sans nouvelle, il y avait de quoi avoir des doutes quant à la venue au monde de ce 8ème album. Après une longue pause, Novembre se remet en selle avec un "Ursa" *classique* qui marque le retour à un style proche de ses débuts, brut et sans fioriture, délaissant les transgressions marquées avec "Materia" et "The Blue". On était en droit d'en attendre plus certes mais "Ursa" n'en demeure pas moins un excellent album malgré son manque d'innovation. D'après les dires de Carmelo, il semblerait que le meilleur reste à venir. Amen.
| | | | Novembre pour l'album "Ursa" Entretien avec Carmelo Orlando (2016)
Quelques mots de Carmelo pour accompagner la sortie de "Ursa", il nous devait bien ça.
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