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Déclinaison(s)

Interview

Déclinaison(s) Entretien avec A.K. (2012)
L'énigmatique projet Decline of the I aura convaincu les amateurs de Black Metal avant-gardiste et novateur cette année. L'occasion de discuter avec le sympathique A.K. qui répond à mes questions avec précision et détente !

1) Salut A.K. ! Nous avions déjà discutés ensemble cette année pour une interview de de Vorkreist, par ailleurs tu étais aussi dans l'actualité avec Merrimack. Tout cela sans compter tes projets comme Neo Inferno 262, Malkhebre et aujourd'hui Decline of the I... J'aimerais savoir si tu trouve le temps de dormir la nuit car tu dois vraiment passer beaucoup de temps sur la musique ? Tu es d'ailleurs sûrement un des musiciens les plus productifs de la scène, je suppose que tout ceci répond à un besoin viscéral de composer, d'explorer de nouvelles pistes mais ce que j'aimerais savoir c'est comment fais-tu le tri ? Qu'est ce qui te fait dire "Tiens ce riff irait bien à Vorkreist, cet arrangement à Neo Inferno..." ?

A.K.
 : Oui, je fais beaucoup de musique. C'est quelque chose qui m'habite en permanence. Quand je n'en fais pas concrètement, j'y pense, je construis des arrangements dans ma tête, des mélodies... Composer, c'est viscéral, pour moi. Sinon, j'éprouverais clairement un trop plein, quelque chose de trop lourd à porter, que j'arrive à recracher par la musique.
Je pense pas en terme de "production", simplement de besoin. C'est vrai que ça fait 3 disques qui sortent cette année... Il y en aura sûrement moins l'année prochaine !
Quand, je compose, ça vient assez naturellement. A part pour des riffs plus secondaires, quand je prends ma guitare, je sais assez vite à quelle entité il va appartenir. J'évolue dans le metal extrême, mais je n'ai pas 2 groupes identiques. D'ailleurs, quand je lis des chroniques, on rapproche rarement, à part pour citer mon CV, deux groupes dans lesquels j'évolue. J'ai certes un style, une approche personnelle mais je sais l'adapter en fonction d'un groupe, en fonction de ce qu'il dégage, m'inspire...

2) Deuxièmement, je me demande ce qu'un musicien comme toi qui a donc une approche très productive pense du schéma typique -à savoir un album tous les deux/trois ans- qui est quand même légion actuellement, même si certains groupes le remettent en cause ?

J'ai pas vraiment d'avis sur la question, parce que je ne sais pas comment fonctionnent les autres groupes. Je crois que c'est un rythme qui vient assez naturellement. C'est à peu près le temps qu'il faut pour faire un disque... Pour ma part, je m'en fous un peu vu que je compose tout le temps... Je ne sors d'ailleurs pas du tout tout ce que je fais. J'ai quantité de projets, de débuts de morceaux, etc. qui dorment quelque part. Peu importe, si ça sort, officiellement : en tout cas, c'est sorti de moi.

3) Venons-en donc à Decline of the I, ça fait un petit moment que le nom tourne par le bouches à oreilles des amateurs de Black, mais j'ai l'impression que le projet a mis pas mal de temps à se concrétiser. Pourquoi ?

Ça a été le cauchemar. Pour tout te dire, j'ai commencé à composer en 2006, et j'ai tout fini fin 2007. L'enregistrement a mis très longtemps à se terminer pour diverses raisons que je ne détaillerai pas. De même que la sortie. Toutes les galères possibles sont arrivées : du premier chanteur qui disparaît, au disque dur qui crash, au mauvais code barre sur le cd. Tout....
Mais voilà, je suis en train de composer les deux suivants, en même temps, et ça avance très vite. Si tout va bien, ils devraient sortir dans pas trop longtemps (et à priori, pas un tous les 2-3 ans).

4) Que représente cet artwork pour le moins intriguant ? Pour tout te dire, j'arrive en général à mettre des qualificatifs sur les artworks, mais pour celui-ci je ne peux dire que "Intriguant". As-tu fais une totale confiance au graphiste ou alors as-tu posé des conditions pour la réalisation du visuel ?

La photographe/graphiste, de Abrakadabra, a été très inspirée. Je lui avais plutôt donner des mots-clés, j'avais dit que je voulais quelque chose de noir et blanc, de la photo. Mais pas grand chose de plus. C'est elle qui a eu l'idée de ce corps prostré et qui a eu l'oeil de trouver exactement ce fragment-ci. Je trouve que c'est la parfaite expression de la musique et le concept de ce premier album. Le sujet, coincé, inhibé, qui se réfugie en lui-même quitte à se détruire par la même occasion.

5) La première chose qui m'a marqué dans cet opus c'est ce sampling assez intéressant ! Tu fais des choix assez originaux dans la sélection des extraits que tu samples. Retrouver "La maman et la putain", un extrait de Houelbecq ou Jacques Mesrine dans un disque n'est pas vraiment un fait courant... D’où viennent ces choix ?

Ça fait plaisir, déjà, que tu aies pu reconnaître les références. De base, ce sont les miennes. Ma culture extra-musicale n'est pas trop remplies de films d'horreur, de littérature de vampires ou de photos de morgues... Ca m'ennuie très vite, et j'en ai rien foutre qu'on me taxe de bobo parce que mes samples viennent d'Eustache, plutôt que de Hellraiser (je suis semi ironique puisqu'on l'a fait sur Neo Inferno 262). Je voulais pas un album "fantastique", mais quelque chose d'assez proche du réel, plus trivial que métaphorique ou poétique. Ou à la rigueur, une poésie blanche, neutre, comme le fait si bien Houellebecq. Pas de passion dévorante, ou de romantisme à deux sous... Essentiellement du vécu, viscéral. De la viande et des pleurs...

6) Je vois "Inhibition" comme un point de départ jusqu'au-boutiste, un commencement (ce qui est logique puisque tu annonces ce disque comme une future trilogie si je ne me trompe pas), mais aussi quelque chose de plus personnel. Ce côté "jusqu'au bout" semble venir de toi, comme si tu t'étais toi-même poussé jusqu'à tes propres limites en composant. Libre à toi de confirmer ou infirmer !

C'est très juste. J'ai vraiment commencé à composer cet album à une période très sombre de ma vie, où j'étais effectivement inhibée. Les lectures de Laborit, d'ailleurs, dont la trilogie rend hommage et s'inspire, m'ont beaucoup aidé. Il me fallait, de toute façon, expulser tout ça, de la façon la plus honnête, la plus épidermique. Je ne peux en aucun cas tricher, sinon, c'est moi que je trahis, tout simplement.

7) Forcément, avec ce que je viens de dire, je trouve que le point le plus bluffant du disque est la cohérence sans faille qu'il affiche malgré le nombre conséquent d'influences. C'est un point que tu as particulièrement travaillé ?

Comme un dingue. Des heures à monter, remonter, démonter tous les patterns, riffs, arrangements, pour y trouver une cohérence, pour que je ne me sente pas simplement comme un pantin écartelé entre diverses hétérogénéités... Ça fait partie de mes névroses, je crois, de toute façon. Il m'est impossible de ne pas créer des liens entre toutes les parties. Que chaque morceau soit corps plutôt que monstre. C'est d'ailleurs pour ça que j'admire beaucoup Diapsiquir. Ça a été un réel apprentissage de bosser avec Toxic à plusieurs reprises. De voir à quel point, même si les albums sont très travaillés, il y a aussi une incroyable folie, un souci de déraison...

8) Parlons de ces influences ! Le style de Decline of the I est assez indéfinissable, alors je me suis dit "Demandons-lui comment il considère son propre groupe !"...

ahaha ! eh bien... Comme un pur produit de mes entrailles, pour commencer. L'expression d'un chemin de vie. Pour être plus trivial, je dirais du post-black metal, s'il faut bien employer une expression pour ceux qui me lisent et qui n'ont toujours pas la moindre idée de ce dont on parle, musicalement...


9) Avec les années d'expérience que tu as, je trouve que c'est intéressant de solliciter ton avis sur la scène Française. Même si elle est souvent décriée par un certain nombre, je ne suis pas le seul à dire qu'elle est la meilleure au monde. Qu'en penses-tu ? Quels sont les groupes que tu aimes en France, comment évolue ce microcosme selon toi ?

La meilleure du monde, je ne sais pas, mais je suis assez fier d'en faire partie. Il y a toujours eu cette passion, cette authenticité, cette volonté d'explorer des failles un peu purulentes, sans reculer. Je connais pas mal de monde, depuis toutes ces années et c'est assez impressionnant de voir qu'il y a toujours, malgré tout, cette flamme. Même si les choses évoluent, bien sûr, et que personne se repose sur ses lauriers. Cette année a été d'ailleurs un grand cru ! Je suis très content de la sortie du Merrimack et du Vorkreist, mais j'ai adoré aussi le DSO, le Hell Militia, ou le Blacklodge. Beaucoup moins, le Blut aus nord, un peu trop cheesy à mon goût...

10) Je trouve que ton parcours musical est très intéressant car tu as joué au départ un aspect assez traditionnel du Black/Death avec Vorkreist, mais depuis peu, tu sembles expérimenter des choses plus diverses ? Comment est venue cette évolution ? Y-a-t'il eu une sorte de déclic qui t'as fait te dire " Tiens essayons ça !", sans pour autant renier tes premiers amours que tu poursuis au sein de Vorkreist ? Comment résumerais-tu ton parcours musical aujourd'hui ?

Il ya  tellement de paramètres à prendre en compte que ça serait bien difficile de résumer, de pouvoir synthétiser mon parcours. La construction d'un style, c'est avant tout la construction d'une vie. Le style, c'est l'homme.... J'ai toujours été passionné par de nouvelles expériences, des mises en danger. Et puis il y a eu les rencontres aussi... Tout ça, ça a fait que je me suis retrouvé à jouer dans des festival de Black crasseux, ou alors dans un théâtre au festival d'Avignon, pour Eros Necropsique... Donc, non, pas de déclic. Plutôt un devenir.

11) Au vu des samples, j'en déduis que tu aimes les autres arts. Quels sont tes goûts en cinéma, littérature ? Penses-tu un jour pratiquer un autre art que la musique (faire de la peinture, écrire un livre...) ?

Je lis beaucoup, essentiellement de la philo, des essais, quelques romans. Là, je me remets aux classiques, Stendhal, tout ça... Donc, comme je disais, j'aime pas trop le fantastique, la SF etc. Plutôt les trucs chiants, intellos, pas très sexy. Non, sinon, je pense pas "produire" ailleurs, enfin pas de façon officielle. J'écris beaucoup, tous les jours, mais c'est plus une thérapeutique qu'autre chose. Je suis mon seul lecteur, et ça me va déjà très bien.

12) J'ai trouvé ça assez intéressant de mettre un sample sur la drogue dans l'ouverture du disque. La drogue serait donc le point de départ du commencement ?

Je ne l'avais pas vu comme ça, mais point de vue intéressant.
De toute façon, oui, ce n'est définitivement pas une fin en soi. C'est un accompagnateur. Mais sans des bases intéressantes, solides, cela ne sert à rien. Ou alors, un moyen de fuite (l'inhibition), mais qui se termine toujours, assez vite en "ligne de tristesse" (pour parler comme Spinoza...). Ça peut magnifier des choses, mais cela ne marche pas, à vide.

13) As-tu une idée de quand sortira la suite d'Inhibition ? Au sens plus général, quels sont tes projets musicaux à venir ?

Je ne sais pas encore quand sortiront les autres volets de la trilogie, mais j'avance très vite. Donc si tout va bien, j'enregistre le deuxième cet été. Pour la sortie, je ne sais pas du tout, c'est Agonia qui gérera ça, mais je vais assez vite en parler avec eux.
Ensuite, le Malhkebre devrait être terminé, enfin ! Pour Vorkreist, Merrimack, etc. On s'y remet, mais bien trop tôt pour savoir ce qu'il va advenir, quand et comment.

14) Quel est ton dernier coup de cœur musical, peu importe le style, le disque qui t'as vraiment bluffé il y a peu ?

Sans hésiter : Igorrrr. De la folie pure.

15) Voilà, merci d'avoir accepté l'interview ! Les derniers mots sont pour toi, si tu as un message à faire passer !

Merci beaucoup pour cette interview qui, comme toujours chez vous, est très intéressante.Tiens, j'en profite pour voir si les gens lisent les interview et sont un peu créatifs : j'aimerais bien faire une sorte de concours où on me proposerait des samples dans la même veine que le premier album. Le gagnant voit son sample sur le prochain album, avec citation et album en avant première, ce genre.
Si ça branche quelques lecteurs en plein désœuvrement, venez m'en parler sur facebook : http://facebook.com/declineofthei

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