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Behind the Curtain : entretien avec Emptiness

Interview

Behind the Curtain : entretien avec Emptiness Entretien avec Phorgath (basse, voix) (2014)
Inutile de rappeler tout le bien que je pense d'Emptiness. Avec Nothing But The Whole, les Belges ont créé une musique dont l'originalité n'a pas d'équivalent, tout en ayant compris qu'elle devait servir une ambiance palpable. De fait, les questions qu’entraînait ce disque étaient nombreuses. Mais ne comptez pas sur eux pour révéler le mystère : austère et énigmatique (mais loin d'être inintéressant, heureusement !) sont des mots qui vont aussi bien à Phorgath, bassiste et vocaliste du groupe, qu'à leur nouvel album. Le jeu de piste continue !

Bonjour ! Emptiness a signé ma surprise de 2014 mais, malgré que vous soyez en activité depuis 1998, je n'avais jamais entendu parlé de vous auparavant. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore votre groupe, pouvez-vous vous présenter ?

Salut, merci pour ton intérêt pour notre groupe.
Nous sommes de Bruxelles et nous sortons cette année notre 4ème album : "Nothing but the Whole".
Nous essayons par notre musique de créer des univers où l'homme se confronte à lui même, afin de révéler ses sentiments "oubliés" et de le confronter au néant.

Votre changement de son entamé avec Error en 2012 est allé de pair avec un changement de label, d'Agonia Records à Dark Descent. Même si ce dernier se charge de formations à forte personnalité (Mitochondrion est un bon exemple), vous faites figure d'intrus au sein de son roster. Comment se passe la collaboration avec Dark Descent ? Pourquoi avoir choisi de travailler avec ce label ?

Matt de D.D. nous a très vite convaincu qu'il comprenait notre musique et qu'il croyait en nous.
Il a simplement envie de partager sa passion pour notre groupe et d'être associé à quelque chose d'unique et loin de toute "scène" ; il nous laisse donc libre et investit même dans toutes nos idées.
Enfin, grâce à son travail et sa confiance, nous parvenons à nous faire connaître du public. Nous serons à jamais reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour nous.

Votre album est assez particulier, à mille lieux des tendances actuelles. Quels sont jusqu'à présent les retours sur celui-ci ?

Les gens sont surtout surpris, essaient toujours de nous classer parmi d'autres groupes ou de nous mettre une étiquette, mais sans vraiment y parvenir.
En tout cas on parle de nous, et je pense que la plupart des gens, même si ils viennent de différents horizons musicaux, arrivent à apprécier le "trip" que nous leur proposons.
Nous faisons une musique assez frustrante et peu "directe" et essayons de mettre au défi l'auditeur ; certains prennent cela pour de la provocation.

Nothing But The Whole possède une imagerie très développée, de sa pochette aux vidéos qui l'accompagnent. Vous semblez influencés par le folklore urbain, glauque, de même que d'autres références extra-musicales (l'album possède quelque chose de très « cinématographique »). En regardant la vidéo faite pour illustrer le titre « All Is Known », j'ai par exemple pu penser à des films comme Les Yeux Sans Visage de Franju ou Begotten d'Elias Merhige... Qu'est-ce qui influence cette imagerie ? Des noms à partager ?

Nous nous influençons surtout de ce qui nous entoure, et en l'occurrence ce Bruxelles gris, souvent désordonné, voire surréaliste, où l'on aime déprimer.
En cinéma, nous apprécions entre autres le travail de David Lynch.

Ces vidéos, ainsi que la production de votre album, ont été supervisées par les studios Blackout, dont s'occupent deux de vos membres (Phorgath et Olve). Vous paraissez vouloir maîtriser votre œuvre et ce qui l'entoure dans les moindres détails. Est-ce important pour vous ? Pourquoi ? Aviez-vous dès le départ une vision précise de ce que devez être Nothing But The Whole et ce qui l'accompagne ?

Nous aimons être entre nous et ne subir aucune influence du monde extérieur et le blackout est l'endroit idéal pour cela.
Nous faisons une musique des bas-fonds, composée loin de tout bruits ou lumières externes et nous avons besoin de cela pour réfléchir et aller dans le détail.
Nous avions une bonne idée de ce que nous voulions et n'avons laissé que peu de place au hasard.

La production de cet album est une des plus intéressantes que j'ai entendu depuis un moment. Entre les samples ou le travail sur les bruits rappelant la scène industrielle ou ce choix particulier de mettre la voix en avant, Nothing But The Whole paraît décidément unique sous tous les angles ! Cela a dû demander énormément de travail, non ?

C'était un travail de longue haleine et nous avons fait beaucoup de sacrifices pour atteindre l'objectif que nous nous étions fixé.

Ce sens du détail se retrouve dans les morceaux de votre dernier album, fouillé et pourtant maîtrisé de bout en bout. Comment s'est déroulée la composition de Nothing But The Whole ? Est-ce l’œuvre d'une seule personne ou a-t-il été écrit collectivement ?

Nous avons tous participé à la composition et au développement de cet album. Nous nous complétons très bien et avons tous des qualifications dans des domaines différents.

Je ne peux m'empêcher de penser à The Cure en écoutant les titres « Lowland » et « Go And Hope ». Quelle est votre relation avec le groupe de Robert Smith ?

Je ne crois pas que The Cure ait eu une influence significative sur notre album mais je peux comprendre la comparaison.
Pour ma part, je n'ai jamais été un grand fan mais je les ai redécouverts récemment et je comprends que j'ai raté quelque chose.

Pour les pauvres scribouillards que nous sommes et qui essayent de trouver des points d'entrée à Nothing But The Whole, y a-t-il d'autres formations dont vous appréciez le travail et qui, selon vous, ont une importance dans la création de la musique d'Emptiness ?

En plus de certaines formations cultes qui ont été influentes depuis nos débuts, je pense qu'aujourd'hui, des groupes comme Mgmt, Suuns, Portishead, ou Connan Mockasin nous ont inspirés pour cet album.

Je ne suis pas un expert de la scène belge en ce qui concerne le metal pur et dur. Mais je suis amateur de groupes comme Daggers, AmenRa ou encore Alkerdeel. Et je ne peux m'empêcher de trouver des points communs entre ces groupes et le vôtre, en terme d'ambiance, urbaine et morne au possible. Quelle place prend votre pays dans votre musique (s'il en a une) ?

Je pense t'avoir partiellement répondu un peu plus tôt, mais ce pays a une forte influence sur notre manière de voir le monde.
C'est un endroit où la logique n'a pas vraiment sa place, et vivre parfois dans une telle aberration est une source inépuisable d'inspiration pour les artistes belges. Le surréalisme est notre identité.
Aimer la Belgique, c'est comme avoir très soif et n'avoir qu'une bière trop chaude à boire sous la pluie.
La Belgique, on aime la détester.

Nothing But The Whole est encore récent mais avez-vous déjà des projets pour la suite ? Un futur album ou autre ?

Nous avons récemment fait une soirée de présentation de notre album dans des laboratoires de films abandonnés.
Nous y avons joué notre nouvel album face à des invités masqués et sélectionnés, tout l’événement fut filmé et enregistré.
Un court métrage s'y rattachant sortira sans doute bientôt.

Une tournée de prévue pour promouvoir ce nouvel album (Si je peux me permettre de conseiller la ville de Montpellier, ce sera un plaisir de vous y voir !) ?

C'est en préparation, nous devrions annoncer quelque chose dans les mois qui viennent.

Une dernière question assez classique mais je suis curieux de lire votre réponse : Quels sont vos derniers coups de cœurs, en musique et autre ?

Dirty Beaches "Drifters/Love is the Devil", Nothing "Guilty of Everything".

Les derniers mots sont vôtres.

Go and hope.

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