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Atonement II - Europe Tour 2018

Live report

Atonement II - Europe Tour 2018 Full Of Hell + Immolation + Stortregn + Monument Of Misanthropy
Le 29 Mars 2018 à Paris, France (Petit Bain)
Quinze jours après Suffocation, c’est au tour d’une autre légende new-yorkaise de fouler le sol parisien. Six mois après leur passage au Fall Of Summer, les Américains d’IMMOLATION sont aujourd’hui de retour dans la cadre d’une tournée européenne en compagnie notamment de FULL OF HELL. Une union qui m’a quelque peu étonné dans la mesure où les jeunes américains officient dans un registre bien différent mêlant Grindcore, Death Metal et bribes de musique électronique et bruitiste. Pour ouvrir ce plateau, les Suisses de STORTREGN ainsi que MONUMENT OF MISANTHROPY, groupe franco-autrichien réunissant des membres de Brutal Rebirth, Svart Crown, Disfigured Divinity... A l’organisation, les Bretons de Garmonbozia qu’on ne remerciera jamais assez pour ces belles affiches parisiennes (entre autres). Et où est-ce que je joli petit monde s’était donné rendez-vous ? Et bien en bord de Seine, sur le bateau/péniche du Petit Bain.

Malgré une belle journée, c’est sous la pluie que j’arrive devant la salle. J’y retrouve Keyser occupé à boire une bière et fumer une clope. A priori STORTREGN vient de terminer son set et mon cher collègue semble avoir apprécié celui-ci. Tant pis pour moi. Après une dizaine de minutes passés dehors à discuter, nous nous décidons à rentrer alors que MONUMENT OF MISANTHROPY est déjà à l’œuvre depuis peu. Vu le logo du groupe, il ne faisait aucun doute quant à son style. En effet, les garçons pratiquent un Brutal Death moderne tout en blasts et en riffs techniques. Malheureusement pour moi, la sauce ne va pas prendre. Je trouve en effet qu’il ne se dégage pas grand-chose de l’ensemble malgré le jeu plutôt convaincant des musiciens. C’est bien fait et tout aussi bien exécuté mais les riffs ne me parlent pas. Et puis, je trouve que le chanteur manque pas mal de charisme. Alors certes, ils sont beaucoup sur scène et la place pour se mouvoir n’est pas aussi importante qu’elle le pourrait mais je ne sais pas, je m’ennuie... Et ce ne sont pas les tentatives de blagues (misogynes) qui changeront quoi que ce soit (d’ailleurs ça ne fera pas rire grand monde vu le silence de mort à ce moment-là). Finalement, le seul bon moment de ces 10/15 minutes auxquelles j’aurai assisté sera cette reprise de "Pull The Plug" de Death. Pour le reste, ce sera sans moi. Désolé les gars.

Sur la page Facebook de l’événement, FULL OF HELL était annoncé à 20h15 et IMMOLATION à 21h45. Des horaires plutôt étranges qui laissaient supposer un set excessivement long pour un FULL OF HELL plutôt habitué à s’exprimer sur de courtes durées. Et effectivement, les Américains ne joueront pas les 60 minutes annoncées mais plutôt une bonne demi-heure. Ce qui est largement suffisant pour un set de Grindcore. A cause de ses accointances électro/bruitistes, j’ai toujours choisi de ne pas m’intéresser à la musique de ces garçons qui pourtant portent de beaux t-shirts Cancer et Swans et pratiquent un style auquel je suis loin d’être réfractaire. J’avais également quelques craintes quant à la teneur de ce set que j’imaginai morcelé de longues et inutiles séquences de bruits où le public serait contraint à regarder un mec pousser et tourner quelques potards. Fort heureusement, FULL OF HELL sait pertinemment que le public n’a pas envie de ça. Du coup, le groupe va nous épargner ces moments (à l’exception de quelques introductions/conclusions peu gênantes) et s’appliquer à détruire nos tympans avec un Grind/Death des plus efficaces. A la différence de leur prédécesseurs, FULL OF HELL est mené par un chanteur qui sait tenir une scène. Dylan Walker n’est pas là pour faire semblant car entre son énergie, sa gestuelle tranchée et ses changements de voix soudains entre growl et cris arrachés, le bougre assure le spectacle à lui tout seul. Les autres musiciens, plus discrets, dispensent le chaos à leur manière, à coups de séquences ultra rapides et de moments plus lourdingues très bien fichus. Effectivement le groupe n’invente rien mais en ce qui me concerne, je suis séduit par cette énergie et ces compositions ultra efficaces (ce "Crawling Back To God" dont le riff principal est directement emprunté à l’excellent "Immortal Rites" de Morbid Angel) qui vont en faire s’agiter plus d’un dans le public désormais bien plus nombreux.

Ne reste donc plus qu'IMMOLATION qui prendra possession des planches une grosse demi-heure après le set de FULL OF HELL. Une attente un peu longue mais bien vite oubliée dès que résonnent les premières notes de "The Distorting Light". Alors, c’est qui les patrons ? Bah oui, c’est bien IMMOLATION. Quelques secondes sur scène suffisent pour que ce constat s’impose de lui-même à moi, à tous. Mais qui en doutait après tout ? Bon, on va chipoter un peu et s’offusquer que la guitare de monsieur Vigna ait été un peu trop sous mixée pendant une bonne moitié du set tout comme la grosse caisse mais franchement, à part ça que dire si ce n’est "la putain de sa mère" ? Quelle branlée sérieux ! Les gars sont là depuis plus de trente ans et continuent de régner avec quelques autres vieux de la vieille (Suffocation, Obituary, Asphyx, Autopsy...) en maîtres incontestés de la scène Death Metal. Un héritage sur lequel IMMOLATION va s’appuyer tout au long de ce set qui en plus de titres tirés de son dernier album va également aller piocher du côté de Dawn Of Possession ("Those Left Behind", "Into Everlasting Fire", "Immolation"), Failures For Gods ("Once Ordained"), Close To A World Below ("Father, You’re Not A Father", "Close To A World Below"), Harnessing Ruin ("Swarm Of Terror") et quelques titres plus récents issus de Shadow Of The Light et Kingdom Of Conspiracy. Caché le plus souvent derrière sa longue tignasse, Ross Dolan nous écrase de son growl profond et puissant alors qu’à sa droite tricote de ses doigts d’orfèvres un Rob Vigna au toucher et au riffing si particulier. Le voir attaquer ses notes par le bas et remonter sa main dans ces mouvements si vifs et personnels constituent assurément une petite attraction pour beaucoup. On ne pourra pas en dire autant d’Alex Bouks qui n’a pas esquissé un seul sourire (ni même une quelconque expression) pendant cette heure... En tout cas, IMMOLATION est content d’être-là et nous le fera savoir. Ross prendra ainsi deux minutes pour faire référence à leur premier passage dans la capitale remontant à 1989 au Gibus (il y a d’ailleurs une vidéo du titre "Immolation" sur YouTube pour les curieux) avant d’enchaîner avec "Destructive Currents" tiré de son dernier album. Après un "Immolation" sensé clôturer la soirée et alors que le public en redemande, le groupe lance un "Close To A World Below" en guise de conclusion. Pouah ! Alors que les lumières se rallument, les garçons choisiront de rester sur scène voir même dans la salle pour monsieur Vigna histoire de serrer quelques paluches et se faire tirer le portrait. Les patrons j’vous dit !

Si un jour vous hésitez à aller voir IMMOLATION parce qu’il fait froid ou parce qu’il pleut ou parce que c’est à huit stations de métros et qu’il y a deux changements et bien sachez que vous aurez tort. Complètement tort. Six mois après la punition infligée au Fall Of Summer, IMMOLATION réitère sa sentence avec une setlist quelque peu différente mais ô combien royale. FULL OF HELL n’a pas démérité mais ce sont clairement les New-Yorkais qui auront marqué les esprits ce soir. J’attends déjà la prochaine fois avec impatience.

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