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Kill-Town Death Fest 2019 (The Decompomorphosis) - 1er Jour

Live report

Kill-Town Death Fest 2019 (The Decompomorphosis) - 1er Jour Abhorrence + Adversarial + Chthe'ilist + Corpsessed + Grave + Kever + Lucifericon + Suffering Hour
Le 05 Septembre 2019 à Copenhague, Danemark (Pumpehuset)
Revenu d’entre les morts l’année dernière pour une édition de la résurrection particulièrement savoureuse, le Kill-Town Death Fest a décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin et ainsi de poursuivre son travail d’excellence avec une édition 2019 prévue, comme à l’accoutumée, début septembre histoire de terminer les vacances en beauté et d’attaquer la rentrée sur les meilleures bases possibles. En attendant, si l’affiche a pu paraître moins extraordinaire à bon nombre d’entre nous, elle ne réservait pas moins d’excellentes surprises pour autant avec par exemple le premier concert d’ABHORRENCE en dehors de Finlande en 30 ans, le retour d’IGNIVOMOUS après 10 ans d’absence en Europe, la première venue dans nos contrées de groupes comme CHTHE’ILIST, BLACK CURSE, TRANSGRESSOR ou TOMB MOLD et quelques one-shot particulièrement attendus comme ceux d’ANTEDILUVIAN, ADVERSARIAL, ANATOMIA, MITHOCONDRION ou VASTUM et puis encore tout un tas de bonnes surprises donnant toujours autant d’intérêt à ce festival : le retour de NECROVATION sur les planches dont le dernier concert remontait tout de même à 2014, le premier concert d’ABYSMAL DIMENSIONS dans lequel on retrouve des membres de Blood Incantation, Scolex et Spectral Voice, le set 100% old school de GRAVE, etc. Autant d’arguments qui ne pouvaient que signifier mon retour dans l’un des festivals les plus "chill" que je connaisse malgré un rythme sacrément costaud à tenir puisqu’en ce qui me concerne j’aurai vu 39 des 40 groupes proposés sur ces quatre jours. Allez, hop, c’est parti.
(AxGxB)

L'édition 2018 du Kill-Town Death Fest, celle de la Résurrection, avait été une telle réussite et une telle succession d'orgasmes auditifs que ma venue en 2019 ne faisait que peu de doutes à peine ma valise défaite en septembre dernier. L'annonce, dès le 1er janvier, de la tenue de l'édition qui nous préoccupe aujourd'hui, répondant au doux nom de THE DECOMPOMORPHOSIS, et la vente des pass quelques jours plus tard, ne furent pas seulement un franc succès, mais ont rapidement tourné au plébiscite, avec un sold-out en quelques heures. Pas mal pour un "petit" festival, dans un "petit" pays, spécialisé dans un genre musical "mal aimé" avec des affiches pointues, voire confidentielles. Les sept cents heureux détenteurs du précieux sésame ont aveuglément fait confiance à Killtown Bookings puisque le line-up ne fut révélé qu'au compte-gouttes, un groupe par jour pendant quarante jours, et ce, une fois les pass écoulés.
Après un premier séjour à Fredericia en juillet dernier à l'occasion du METAL MAGIC FESTIVAL, en mode détente, version Les Bronzés, le soleil en moins, me voici de retour au Danemark, cette fois dans la version 127 Heures à Copenhague. Non pas que je sois repartie un bras en moins, mais le Kill-Town Death Fest est loin d'être une promenade de santé, mais plutôt une épreuve d'endurance physique pour qui souhaite en profiter pleinement. Au regard du menu concocté par le chef étoilé Daniel Abecassis et sa brigade, il serait dommage de ne pas goûter à chacun des mets proposés, quitte parfois à perturber ou fatiguer ses papilles, mais surtout à les satisfaire !
Jugez plutôt des agapes putrides du millésime 2019 :
- quarante groupes de Death Metal, de l’old-school au Black/Death en bifurquant par le Funeral Doom,
- quatorze nationalités représentant quatre continents (mais aucune formation française...),

- vingt-et-une exclusivités : première européenne, one-off ou encore première prestation tout court !
Vos humbles serviteurs vous ont déjà planté le décor et donné les principales informations pratiques lors du report de la précédente édition, je n'y reviendrai pas, d'autant qu'il n'y a pas de changements notables depuis l'an dernier.
Après m’être fait saucée en visitant Christiania et Nyhavn au pas de course un peu plus tôt dans la journée, je rejoins le centre-ville juste à temps pour la pose bracelet et le début d’un long week-end dans les obscures entrailles du Pumpehuset.
(ERZEWYN)


KEVER - 17h00-18h00 (Black Stage) :

Remarqués en 2014 grâce à la sortie de leur premier EP sur le label de Matt Calvert, les Israéliens de KEVER n’étaient jusque-là jamais venus nous rendre visite en Europe. Si je n’ai pas encore posé mes oreilles sur leur dernier EP sorti pourtant l’année dernière, j’étais malgré tout impatient de les rencontrer sur scène. Cependant, je ne vous cacherais par que j’avais tout de même quelques appréhensions vis-à-vis notamment de la qualité du son qui, longtemps irréprochable lorsque le festival se tenait encore à Ungdomshuset, c’était montrée l’année dernière bien moins convaincant dans l’ensemble. Heureusement, ce point a semble-t-il été revu puisque cette année et en ce qui me concerne, j’ai trouvé le son très bon même si, notamment sur la Black Stage, certains instruments comme la batterie avaient la fâcheuse tendance à occuper un peu trop d’espace au détriment des sacro-saintes guitares. Bref, revenons-en à KEVER qui n’a pas démérité une seule seconde dans cette mission consistant à débuter cette édition 2019. Plutôt discrets sur scène, les quatre Israéliens (le line-up a été quelque peu remanié depuis la sortie de Eon Of Cycling Death) vont livrer un set extrêmement efficace grâce à ce Death Metal sombre qui doit beaucoup à un certain Morbid Angel. Pas de surprise ni d’artifice quelconque mais une mise en bouche appliquée, puissante et immersive faite en grande partie à l’aide de ces nouveaux morceaux que je ne connaissais pas ("Lords Of Karma
", "Back From The Netherworld
", "Act Of Oblation" et "The Ceremony"). Il ne m’en faudra en tout cas pas davantage pour que j’aille acheter ce dit EP vendu sur les quelques tables de merchandising présentes dans la Black Stage.
(A)

Le bal des exclusivités commence avec les Israéliens de KEVER qui se produisaient pour la première fois en dehors de leur pays. KEVER propose un old-school Death Metal de belle facture, aux subtils relents morbidangeliens, assez flagrant sur un titre comme Desolation of Mankind. Avec une setlist logiquement axée sur leur dernier EP sorti en 2018 Primordial Offerings, la prestation, sans être démente, est plus qu'honorable : il leur manque certainement un peu d'expérience de la scène, car seul le bassiste me semblait très à l'aise. Autre petit bémol, j'ai trouvé le growl un peu quelconque et bien moins puissant que sur piste. L’ensemble reste toutefois plaisant, le set idéal pour se mettre en jambe.

Setlist :

01. Lords Of Karma

02. Desolation Of Mankind

03. Back From The Netherworld

04. Act Of Oblation

05. Under Dark Eclipse

06. The Ceremony

(E)


CHTHE’ILIST - 18h00-19h00 (Main Stage) :

Alors là, autant vous dire que j’étais sacrément impatient de voir les Canadiens de CHTHE’ILIST à l’œuvre sur la Main Stage. Et à en juger par l’affluence, il était évident que je n’étais pas le seul. Visuellement, aucun changement à signaler dans cette grande salle située à l’étage puisque l’on retrouve ce gigantesque backdrop avec le logo du Kill-Town Death Fest imaginé par le grand absent du week-end, monsieur David "Torturdød" Mikkelsen ainsi que cette barrière longeant la scène entre la batterie et les musiciens au premier rang pour donner l’illusion d’un cimetière. Malgré un an d’abshence, on se sent à Pumpehuset un peu comme à la maison avec des repères qui n’ont pas du tout changé (la Black Stage avec ces mêmes pierres tombales en bois jonchant encore une fois la scène). Réglé comme du papier à musique, le set des Canadiens va débuter pile poil à l’heure (comme tous les autres sets durant ces quatre jours exténuants) et finir complètement de me rassurer sur les progrès réalisés cette année en matière de sonorisation. D’emblée, on se prend ainsi une énorme savate dans la tronche avec ces guitares massives et cette batterie qui n’a de cesse de nous écraser. Phil Tougas, plus enthousiaste que jamais, ne cesse de bouger dans tous les sens, faisant au passage voler sa crinière tout en nous gratifiant de ces riffs les plus tordus et complexes mais aussi de ces solos particulièrement prenants. Laurent Bellemare, chanteur live présent dans les rangs de CHTHE’ILIST depuis l’année dernière, n’est pas en reste et fait lui aussi très bonne impression grâce à son growl caverneux et son charisme évident. Quant aux autres musiciens plus en retrait (mention spéciale au bassiste Antoine Daigneault et son t-shirt Violent Dirge), ces derniers ne déméritent pas pour autant et font preuve de tout autant de talent. Passant naturellement en revue une bonne partie des titres de son premier album (et les samples qui vont avec), le groupe nous régale de son Death Metal si particulier aux accents techniques évidents (Timeghoul et Demilich en tête) et au groove absolument irrésistible. Le public ne s’y trompe pas et on sent que les têtes commencent sérieusement à suivre la cadence imposée par un groupe qui, malgré son stress avoué, s’est montré absolument impeccable de bout en bout, nous offrant au passage, et cela dès le deuxième set du festival, l’un des grands moments de cette édition 2019. Si tous les concerts s’annoncent du même acabit, il va être compliqué de tenir le rythme...
(A)

Comment ne pas avoir une pensée pour DEMILICH qui se produisait ici même l’an dernier en entendant les premiers accords de CHTHE'ILIST ? Les Canadiens ont pour sûr marqué les esprits pour leur toute première performance en Europe avec leur weird Death Metal, une bonne dose d’agressivité et de modernité en plus par rapport à leur muse finlandaise. Ils ont retourné la Mainstage pendant quarante minutes, écrasant le public de leur puissance à grands renforts de riffs lugubres, de basse claquante et de cymbales virevoltantes. Impressionnants de maîtrise technique et d’assurance, à l’instar de son chanteur, infaillible patron sur scène, tantôt les deux mains sur le micro, coudes relevés et la tête renversée, tantôt les deux mains sur les genoux, faisant tournoyer son opulente chevelure. Enorme travail des ingés du Pumpehuset, ayant su proposer un son surpuissant mais limpide, et un showlight sublime en une succession de couleurs pétantes (rose, vert, bleu, violet) parfaitement raccord avec le propos musical. La seule difficulté reste de headbanguer en rythme, j’y ai renoncé rapidement... Enorme !
(E)


LUCIFERICON - 19h00-20h00 (Black Stage) :

Bien qu’il soit sorti sur le label irlandais Invictus Productions, je suis complètement passé à côté du premier album de ces Néerlandais. D’ailleurs je ne sais rien d’autre à leur sujet et c’est donc vierge de toutes attentes que je prends place devant la Black Stage afin d’en avoir le cœur net. A première vue, les Hollandais semblent avoir de la bouteille puisqu’en effet, les quatre garçons qui composent LUCIFERICON paraissent un peu plus âgés que la moyenne. Renseignement pris, on trouve dans les rangs de la formation l’un des deux guitaristes de Pentacle ainsi que Rob Reijnders qui a brièvement officié il y a de cela une quinzaine d’années dans les rangs de Deströyer 666. Bien loin d’un CHTHE’ILIST, LUCIFERICON joue la carte d’un Death Metal beaucoup plus classique et davantage porté sur les mid-tempos. Du coup, on perd évidemment en intensité ce que l’on gagne à l’inverse en atmosphère. Sombre, menaçant et porté sur des thèmes occultes, le Death Metal de LUCIFERICON ne fait pas du tout rigoler et impose plutôt le respect face à ces riffs particulièrement pesants. Bien entendu, ce dernier ne rechigne pas à accélérer la cadence et lorsqu’il le fait, le public n’hésite pas à marquer le coup à sa manière en s’agitant avec davantage de vigueur malgré encore une certaine retenue. En attendant, le son ne souffre d’aucun défaut particulier alors que les compositions se montrent suffisamment intéressantes et hypnotiques pour nous tenir en éveil durant ces quarante minutes plutôt convaincantes. A voir ce que tout ça donne sur disque mais pour le moment, LUCIFERICON a réussi à capter mon attention. A confirmer donc.
(A)


Je n’avais pas d’attente particulière de la part de LUCIFERICON, formation néerlandaise de Blackened Death Metal : je trouve leur album Al​-​Khem​-​Me assez quelconque et ne suis vraiment pas fan de la voix, encore moins en live. Leur performance ne m’a ni déçue, ni enthousiasmée. Ce n’était pas vilain, mais plutôt plan-plan, voire légèrement ennuyeux. Je retiendrai quand même le titre Sevenfold, morceau bien plus inspiré que la moyenne, avec une chouette atmosphère, très lent, aux riffs redondants et entêtants. Je ne les remercie pas d'avoir truffé leur setlist papier de conneries, les titres ont subi de légères transformations avec des jeux de mots plus ou moins pourris, dont les plus marquants sont ci-après reproduits, pour s'y retrouver, merci bien !

Setlist :

01. Witch Of The Cosmic Grave (aka Bitch In The Comic Cave)

02. The Temple Of Lucifericon

03. Succubus Of The 12th Aether (aka Suc Le Bus A Douze Aether)

04. Zsin-Niaq-Sa

05. Inside The Serpent's "I"
.
06. Intrinsic Being

07. Azathoz : The Alpha & Omega Of Zoa-Azoa (aka Trey Azathoz)

08. Sevenfold
. Brimstone Altar

(E)


CORPSESSED - 20h00-21h00 (Main Stage) :

En vérité, je n’étais pas particulièrement excité ni impatient à l’idée de retrouver CORPSESSED que j’avais vu pour la dernière fois au Netherlands Deathfest début 2017. J’en gardai pourtant un bon souvenir (malgré une grande scène qui ne leur convenait peut-être pas tout à fait) mais je ne sais pas, peut-être y avait-il un petit goût de déjà vu/déjà entendu... Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que les cinq garçons originaires de Järvenpää on eu vite fait de me rappeler à l’ordre avec une prestation que je n’attendais pas à un tel niveau. Profitant d’un son extrêmement puissant (et d’une scène davantage taillée à leur mesure), CORPSESSED va littéralement écraser le public durant près de trois quarts d’heure avec son Death Metal mid-tempo aux accélérations destructrices. Une force de frappe implacable qui va rendre naturellement toute résistance absolument futile. Comme à l’accoutumée, Niko Matilainen ne donne pas du tout envie d’aller s’y frotter tant il se dégage du personnage une espèce de haine prête à exploser. Pourtant, la tension retombe systématiquement entre chaque morceau mais lorsqu’il est dedans, il s’en dégage quelque chose de fort et de terriblement animal (pas de fracassage de micro sur le crâne cela dit). Du coup, même si la setlist réserve assez peu de surprise, je prends un plaisir incroyable face à ces riffs typiquement finlandais qui vous tombent ainsi sur les épaules ou bien face à ces accélérations aussi redoutables que jouissives. Et à en juger par ce qui se passe autour de moi, je ne suis pas le seul à estimer la prestation de CORPSESSED particulièrement mémorable. Le groupe nous réservera néanmoins une petite surprise en fin de parcours avec une reprise du groupe de Death/Grind Lakupaavi introduite à juste titre par un petit speech sur la mort du skieur Matti Ensio Nykänen survenue en début d’année et vécue par les Finlandais comme un drame national. Pourquoi à juste titre ? Eh bien tout simplement parce que cette reprise s’intitule "Vapauttakaa Matti Nykänen"... Un morceau expédié en moins d’une minute (que l’on trouve à la base sur le split cassette avec Undergang et Solothus paru sur Extremely Rotten Productions), chose tout à fait inédite pour CORPSESSED habitué à des formats plus étirés. Ce premier jour commence décidément très fort. Le seul truc c’est qu’il reste encore trente-six groupes...
(A)

Le dernier album de CORPSESSED, Impetus of Death, sorti en 2018, n’avait pas retenu mon attention plus que ça. Je n’y revenais pas souvent et avec peu d’entrain, d’autant que je gardais un souvenir mitigé de leur prestation au NETHERLANDS DEATH FEST 2017. C’est pourtant les Finlandais qui me réservent la première excellente surprise du festival, avec une prestation de haute volée, bourrine à souhait, sans répit pour mes pauvres cervicales déjà endolories par mes tentatives désespérées sur CHTHE’ILIST. Encore une fois, les ingés ont sorti l’artillerie lourde avec un son de malade et des lights à dominante verte de toute beauté. Niko Matilainen, frontman au growl abyssal, a retrouvé une voix humaine lorsqu’il a rendu hommage à Matti Nykänen, athlète finlandais de saut à ski qui vient de disparaître. Il semble que ce décès soit ressenti comme une tragédie nationale. Le cadavre se savoure donc dans une version bien vivante, avec un set en mode Destop : le décrassage, que dis-je, le décapage des oreilles, check !
(E)


ADVERSARIAL - 21h00-22h00 (Black Stage) :

Du coup, retour dans la foulée devant la Black Stage pour assister à la prestation des Canadiens d’ADVERSARIAL que je n’avais encore jamais vu (comme à peu près tout le monde ici présent j’imagine) et que d’ailleurs j’ai toujours soigneusement évité sur disque. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien. Sûrement les chroniques assez mal notées de Keyser et l’idée que je m’en faisais, à savoir celle d’un groupe de Death Metal mid-tempo pataud sans grand intérêt. Sauf qu’en fait, ADVERSARIAL n’a rien d’un groupe de ce genre et cela je vais très vite m’en rendre compte. Arrivé sur scène sous les cris (mesurés hein, c'est pas Taylor Swift non plus) de liesse d’un parterre bien décidé à en découdre (ou plutôt à en prendre plein la tronche), les Canadiens vont tout annihiler en l’espace de quelques secondes grâce à un Black/Death suffocant et particulièrement intense rappelant notamment ses compatriotes d’ANTEDILUVIAN. Pendant une grosse demi-heure, le groupe va ainsi enchaîner les punitions auditives sans jamais ralentir la cadence, mené de front par un chanteur/guitariste trapu et encapuchonné bien décidé à faire imposer le respect. Autant vous dire qu’avec une telle force de frappe, nous n’avons pas vraiment eu d’autres choix que de ployer le genou et courber l’échine en signe de reddition. ADVERSARIAL nous a offert une prestation tout en sauvagerie qui n’aura pas manqué de marquer les esprits de tous ceux ayant assisté à la messe. Quelle branlée !
(A)

Il fallait bien que ça arrive : avec une capacité de quatre cents places dans la petite salle (Black Stage) pour sept cents festivaliers, je savais que j’aurai régulièrement des difficultés à établir un contact visuel avec la scène. Ce fut le cas avec ADVERSARIAL, dont je n’ai rien vu du tout, si ce n’est cette lumière rouge fixe au-dessus des musiciens. On ne va pas se mentir, la musique des Canadiens n’est pas la plus aisée à appréhender, un peu comme si des autistes Asperger se mettaient au Black/Death, faisant jaillir leurs idées dans tous les sens, et s’étonnent que l’auditoire ne les comprenne pas. Quand on s’immerge dedans, c’est carrément génial, une déferlante de sauvagerie (ça brasse bien dans le pit et on voit les premiers slams du week-end), mais une seconde d’inattention et la porte se referme. Le résultat est finalement assez conforme à la version studio, ce qui est en soi une réussite pour cette unique date européenne de l’année.
(E)


ABHORRENCE - 22h00-23h00 (Main Stage) :

Si on m’avait dit un jour que j’aurai la chance d’assister à un concert des Finlandais d’ABHORRENCE, je ne l’aurai sûrement pas cru. Mais les temps ont changé et désormais les reformations de groupes plus ou moins cultes pourtant morts et enterrés depuis des années sont des choses qui arrivent bien plus souvent qu’à une certaine époque. Toujours est-il que les organisateurs du Kill-Town Death Fest nous ont concocté ici une bien belle surprise avec, s'il vous plaît, le tout premier concert d’ABHORRENCE en dehors de sa Finlande natale depuis trente ans. Et oui, quand même ! Du coup, il y a évidemment foule devant la Main Stage pour assister à ce concert que beaucoup attendait avec impatience. ABHORRENCE arrive ainsi sur les planches de la Main Stage sous les applaudissements d’un public reconnaissant à juste titre la singularité de cet événement. Il en va de même pour chacun des cinq membres du groupe qui laisse également transparaître une certaine satisfaction ou en tout cas un véritable enthousiasme à se trouver ce soir sur les planches, notamment Jukka Kolehmainen et ses jolis favoris et Jussi Ahlroth et sa moustache rutilante. Une énergie communicative pour un set qui va particulièrement bien commencer avec trois anciens morceaux laissant en effet entrevoir un groupe en pleine maîtrise de ses moyens. Presque trente années ont passé depuis la sortie de sa première démo mais ABHORRENCE n’a rien perdu de son charme. Il est même d’ailleurs vraiment bluffant de constater à quel point le groupe reste pertinent encore aujourd’hui avec ces vieux titres exécutés d’une main de maître. Ceci étant dit, cette pertinence a tout de même quelques limites puisque en guise de quatrième morceau, les Finlandais vont nous sortir un "Anthem For The Anthropocene" issu de son nouveau EP paru l’année dernière sur Svart Records et pour lequel je n’ai pas beaucoup de sympathie. Outre cette rythmique au groove typique de certaines productions modernes sans grand intérêt, il y a ce refrain particulièrement irritant à base de "Iä! Iä!"... Mouais, je reste sceptique face à ces quelques morceaux plus récents que le groupe va nous interpréter même si la qualité du son rend la chose acceptable. En attendant, ce n’est clairement pas sur ces compositions que je prends le plus mon pied mais bien sur ceux tirés de la démo Vulgar Necrolatry et du EP éponyme parus entre 1990 et 1991. Une setlist aux petits oignons qui, si je ne dis pas de bêtises, va passer en revue la quasi-totalité de cette courte discographie (manque "Devourer Of Souls") qui se résume finalement à une petite dizaine de titres. En attendant, je ne cache pas mon plaisir d’entendre sur scène et parfaitement exécutés les excellents "Pestilential Mists", "Disintregration Of Flesh", "Caught In A Vortex" et bien entendu l’excellent "Vulgar Necrolatry". ABHORRENCE nous gratifiera également d’une excellente reprise de "Fœtal Mush" de ses compatriotes de Xysma, pionniers du genre. Autant vous dire que tout le monde était évidemment ravi de ce petit clin d’œil bien senti. Alors ouais, c’était cool et franchement on pourra dire ce que l’on veut sur les reformations notamment concernant leur pertinence sur scène ou sur disque, en attendant quand un groupe se donne autant les moyens d’y arriver (en tout cas ce soir ce fût le cas), et bien le résultat est largement à la hauteur des espérances et cela malgré ces titres plus récents bien moins convaincants.
(A)

Près de trois décennies sans avoir joué en dehors de la mère patrie pour ABHORRENCE ! L’émotion des Finlandais est perceptible lors de leur arrivée sur scène, mais le trac est rapidement dissipé devant le fervent accueil que leur réserve le public : ils trouvent rapidement leurs marques et s’approprient avec beaucoup de naturel la Mainstage. Les darons finlandais en ont encore sous la pédale et prennent autant de plaisir que leurs fans qui s’agitent dans la fosse, notamment sur la cover de XYSMA. J’imagine qu’une bonne partie du public espérait un set exclusivement old-school, mais c’est de bonne guerre, ABHORRENCE en a profité pour interpréter en intégralité son dernier EP, Megalohydrothalassophobic, sorti en 2018, même s’il faut bien avouer que les anciennes productions, tout en sécheresse et rigidité typiquement finlandaises, avaient une toute autre saveur. Pari gagné pour ce retour de nulle part, la prestation est réussie, le plaisir est contagieux, le son est très bon et le groupe longuement acclamé.

Setlist :

01. The Cult

02. Pestilential Mists

03. Disintegration Of Flesh

04. Anthem Of The Anthropocene

05. Pleasures Of Putrid Flesh

06. The Four Billion Year Dream

07 .Holy Laws Of Pain

08. Hyperobject Beneath The Waves

09. Caught In A Vortex

10. The End Has Already Happened

11. Foetal Mush (Xysma Cover)

12. Vulgar Necrolatry

(E)


SUFFERING HOUR - 23h00-00h00 (Black Stage) :

Bon, n’y allons pas par quatre chemins, SUFFERING HOUR fût en ce qui me concerne la seule véritable déconvenue de tout le festival. J’avais évidemment de fortes attentes vis-à-vis de ce groupe qui m’avait pris par surprise avec un premier album rondement mené mêlant les dissonances d’un Deathspell Omega à un Death Metal caverneux plus académique. Malheureusement les choses ne vont pas se passer tout à fait comme prévu. En fait, si j’avais assisté à la prestation des Américains sans savoir qui ils étaient, j’aurai surement apprécié le set délivré en ce jeudi soir par SUFFERING HOUR. Le problème est que je savais à qui j’avais à faire et je savais ce que je voulais entendre. Sauf qu’il en a été tout autrement. Où sont ainsi passées toutes ces dissonances et ces subtilités qui font l’identité du Black/Death de SUFFERING HOUR ? Impossible de le savoir mais elles figuraient malheureusement parmi les grandes absentes de cette prestation pourtant livrée avec conviction et intensité par un jeune trio peut-être pas suffisamment expérimenté par l'exercice du live. Une seule guitare n’était peut-être pas non plus suffisante, d’autant que le monsieur a eu pendant un moment quelques soucis techniques obligeant le groupe à continuer alors sans lui. Parfois, certaines de ces dissonances et subtilités ont fait étrangement leur réapparition mais jamais pour très longtemps. Dommage surtout qu’encore une fois, le set n’était pas mauvais du tout avec un batteur des plus volontaires et un chanteur s’amusant à changer de micro en fonction de l’intonation à donner, plutôt Black ou plutôt Death. Un set qui va donc me rester un peu en travers de la gorge.
(A)

MIDNIGHT ? Non ! SUFFERING HOUR pour la toute première fois en Europe ! Le trio américain a adopté la même panoplie et la même attitude que leurs compatriotes : capuches, cartouchières et attitude bien vénère. Perchée en haut de la volée de marche (chouette spot quand on parvient à y accéder et trouver le bon angle de vue), je surplombe la Black Stage et savoure leur Blackened Death violent, hargneux et délicieusement dissonant à la fois, l’excellent travail de l’unique guitariste restituant à la perfection l’ambiance lugubre, sauvage, mais néanmoins mélancolique de In Passing Ascension. Le set fut dense et captivant à souhait, mon coup de cœur de la journée, assurément !
(E)


GRAVE - 00h00-01h00 (Main Stage) :

Si j’aurai bien évidemment aimé voir Dismember au Kill-Town Death Fest, il était tout de même peu probable que les organisateurs aient la capacité financière de les accueillir. Et surtout, le Scandinavian Death Fest avait déjà mis la main dessus pour un contrat exclusif empêchant toute autre date en Europe en 2019. Du coup, ça n’a pas bronché du côté de Copenhague qui pour l’occasion est allé nous chercher un autre patron de la scène scandinave du début des années 90 en la personne de GRAVE. Bien sûr, le groupe n’a aujourd’hui pas tout à fait la même aura qu’un Dismember bien plus rare sur les planches puisque tout juste reformé, mais quand même, il faudrait être sacrément blasé pour ne pas apprécier le Death Metal à l’ancienne d’Ola Lindgren et sa bande. D’autant que le set de ce soir est un set old school axé uniquement sur les premières démos de GRAVE ainsi que sur son premier album mythique sorti en 1991 comme ils l’avaient d’ailleurs déjà fait au Netherlands Death Fest en 2018. Efficace et parfaitement rôdé, le set des Suédois ne souffre d’aucun défaut particulier. Seules les poses un peu désuètes de Tobias Cristiansson et Mika Lagrén prêtent un peu à sourire tout comme ces appels du pied (ou plutôt de la main) vers le public mais dans l’ensemble, rien de gênant. En tout cas, ces quelques détails sont bien vite oubliés face à une setlist à l’ancienne mettant à l’honneur des titres tels que "Deformed", "Black Dawn", "Hating Life", "Extremely Rotten Flesh" ou "Annihilated Gods". Si la calvitie d’Ola commence à se voir avec ses cheveux un peu filasses, le blondinet n’a rien perdu de son énergie, de sa hargne mais aussi de sa sympathie. Il mène la danse avec talent sans trop en faire, introduit chaque morceau avec quelques mots seulement et s’attache à l’essentiel, produire avec ses copains un Death Metal de qualité et offrir au public ce qu’il veut, du Swedeath à l’ancienne et un enchaînement de classiques tous plus redoutables les uns que les autres. Mission accomplie puisqu’en ce qui me concerne, je ne boude pas mon plaisir, comme ce fût d’ailleurs le cas au NDF 2018 où le groupe nous avait également infligé une belle correction. Après environ une heure de show, GRAVE s’en retourne dans les loges non sans prendre le temps de remercier chaleureusement le public du Kill-Town qui lui a réservé un accueil à la hauteur de sa réputation. Certes, GRAVE peut donner le sentiment d’un groupe qui ronronne mais sur un set tel que celui-ci, tourné vers des titres qui ont fait du groupe ce qu’il était il y a 30 ans et ce qu’il est aujourd’hui, il continue néanmoins de se montrer d’une efficacité à toute épreuve. Ils l'ont ainsi parfaitement démontré en ce jeudi soir.
(A)

Sans remettre en cause l’importance et la longévité de la carrière de GRAVE au sein de la scène suédoise, je suis bien obligée de reconnaître que ce groupe m’ennuie terriblement dès lors qu’il se produit sous mes yeux et ce n’est pas faute d’avoir essayé depuis pas loin de trente ans. Cette prestation ne déroge pas à la règle bien que la bande d’Ola Lindgren (dernier membre d’origine) ait puisé dans les tréfonds de leur discographie, Into the Grave en tête, pour un set formaté old-school. Je n’ai pas grand-chose à leur reprocher, ils font le boulot, mais en pilote automatique. Je crains qu’ils ne deviennent les SLAYER du Death Metal à la longue. Ceci étant dit, la majorité du public ne semblait pas partager mon opinion, je suis restée ébahie devant le pit en folie et l’accueil chaleureux qu’ils recevaient, tandis que je piétinais en attendant de m’extirper de la salle. Et puis, ce son, trop fort, bien trop fort... Un coup à se flinguer les tympans.
(E)

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Chthe'ilist
Death Metal - 2010 - Canada
  
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Black/Death - 2013 - Etats-Unis
  

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