Goath - III : Shaped By The Unlight
Chronique
Goath III : Shaped By The Unlight
Mine de rien et sans faire de bruit le trio de Nuremberg est en train de s’installer tranquillement parmi les grands noms de la scène extrême de son pays, bien qu’il ne bénéficie pas encore de la notoriété qu’il est en droit d’avoir malgré sa productivité élevée et sa qualité générale. Car avec déjà son troisième album en à peine quatre ans celui-ci continue d’affirmer son autorité en conservant sa ligne directrice, mais aussi en voyant sa musique se densifier encore plus histoire d’obtenir sa meilleure sortie à ce jour. Toujours fidèle à ses compatriotes de Ván Records et ayant vu l’arrivée d’un nouveau bassiste à ses côtés, le binôme originel offre ici un vrai récital particulièrement homogène, dense et surtout varié, vu qu’il n’hésite toujours pas à alterner entre des morceaux bas du front et ultra-courts et d’autres plus longs et travaillés aux nombreux changements rythmiques. Il est effectivement flagrant que sous ses airs simples et directs l’ensemble des compos n’a jamais été aussi varié qu’aujourd’hui, et que le rendu global sans proposer quelconque originalité va néanmoins faire très mal et ne jamais souffrir de longueurs ou de redondance.
On va d’ailleurs retrouver d’entrée le style si efficace du groupe avec « Symbiosis Of Vengeance And Guilt » tout en vitesse et en accroche, porté par des blasts nombreux et déchaînés, un riffing sobre et aiguisé ainsi qu’un chant possédé qui montre différentes tessitures. Bref c’est du classique pour les Allemands mais ça le fait toujours avec brio surtout quand l’ensemble ralentit légèrement pour accentuer le mid-tempo propice au headbanging, ainsi que des relents thrashy qui donnent envie d’aller au combat. Si on retrouvait déjà ses émoluments Thrash par le passé ici la bande les a intégrés de façon plus récurrente sans que cela ne nuise au reste, il n’y a qu’à écouter le remuant et énervé « Shaped By The Unlight » pour en être définitivement convaincu (vu qu’ici c’est entraînant au possible et même carrément épique). Si elle aime varier les plaisirs elle sait aussi garder un côté primitif et radical aguicheur et tempétueux qui fait mal par où ça passe, la preuve avec d’abord le très court et primal « Pretending To Serve While Raping » et son tabassage de bas-étage qui ne fait pas de quartier, mais qui conserve un vrai attrait sans pour autant se montrer linéaire (malgré sa répétition de façade). Même constat sur le rapide et dynamique « Smoltification » qui donne envie de taper du pied et qui bien que jouant sur l’alternance ne se pose pas de questions, afin d’y aller tête baissée. Pourtant si cette sobriété est présente la majorité du temps elle se complète facilement avec les différentes rythmiques et ambiances plus travaillées et propres aux Bavarois, notamment les passages occultes réussis où les gars ralentissent leur propos, comme sur « Dissolving Flesh Redemption ». Si ça s’excite encore sur quelques occasions ici l’ensemble montre une facette plus religieuse entre des parties vocales différentes et presque incantatoires, et un climat général plus lourd et oppressant qui va servir de mise en bouche avant le redoutable « Clitless Loyalty ». Misant autant sur les parties d’obédience martiales que sur la lenteur assumée, tout ceci amène quelque chose de plus rampant et sulfureux qui prouve que l’on est en pleine cérémonie envers le Malin, tout en n’oubliant pas d’exploser quand il le faut afin de prouver l’attractivité de l’entité qui reste intacte, même quand c’est moins furibard et que ça sort légèrement des sentiers battus. Et alors qu’on approche tranquillement vers la fin de ce long-format « Perception » pointe le bout de son nez en redonnant envie d’en découdre vu qu’ici on est porté par une rythmique en médium particulièrement guerrière et entraînante (qui n’est pas sans rappeler les dernières réalisations de URN), qui met le côté furibard sur le bord de la route au profit d’une envie de headbanguer communicative et d’où émerge des accents Heavy bienvenus et troussés comme il faut.
Car comme on n’est pas à une surprise près la conclusion intitulée « Impregnated In Black Fire » va carrément nous gratifier de passages quasiment Doomesques tant ça se retrouve bridé à fond, et couplé à un riffing écrasant où va s’ajouter comme précédemment des relents Hard/Heavy forts sympathiques (dont un solo très inspiré par ce genre), et servir ainsi de terminaison parfaite avec cette plage totalement à part mais addictive au possible. Si dans cet exercice les teutons prouvent là-encore qu’ils maîtrisent parfaitement leur sujet cette prise de risque osée et assumée montre qu’ils ont clairement passé un cap, et qu’ils n’ont plus peur de sortir des sentiers battus. Et même si « Epitome Of Perpetual Rage » est un peu plus faible que le reste (en tournant un peu en roue-libre), il n’en reste pas moins qu’ils prouvent là-encore qu’ils se sont surpassés pour offrir un rendu à la hauteur de leurs précédentes réalisations, tout en allant plus loin en termes d’homogénéité et d’expérience.
Donnant autant envie de prendre les armes pour aller combattre l’ennemi que d’invoquer Satan et ses légions démoniaques, ce troisième chapitre est incontestablement leur meilleur mettant ainsi ses créateurs parmi ce qui se fait probablement de mieux actuellement dans leur pays natal, où la scène noire est clairement dans le creux de la vague. Autant dire qu’il serait franchement dommage de passer à côté de cette sortie impeccable et addictive qui gagne en force et en accroche à chaque écoute, démontrant s’il le fallait une fois encore qu’il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes pour être efficace… tant ici les minutes défilent facilement et avec délectation, surtout avec cette production puissante et naturelle. Ultime bon point d’un disque où l’on appréciera d’entendre chaque note de guitare et chacun des éléments de la batterie, totalement audibles et distinctifs dans le mixage final, ce qui en ces temps de son plastique et synthétique sans âme est encore plus appréciable que d’habitude.
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