Un premier EP («
Stèles ») en 2019, un second en 2020 («
Stèles Vol. 2 ») puis ce LP «
Somnum Exterri » paru en janvier 2022,
Sébastien Collombet, l’homme seul derrière
DMRBR avance à son rythme pour nous proposer sa vision d’un
black metal d’obédience atmosphérique et au tempo général souvent proche du
doom.
Sur le papier, le projet peut paraître ambitieux. Il y a déjà ce bel artwork qui me fait penser, sans trop savoir réellement pourquoi, à ce que peut par exemple proposer
THE GREAT OLD ONES. Quelque chose dans les formes, les couleurs, l’abstraction, le logo également, tout cela m’évoque immédiatement cette divine formation. Ensuite, et surtout, il y a l’ambition de composer des titres longs, faisant entre neuf et treize minutes, ce qui n’est
à priori pas la chose la plus aisée à réaliser lorsqu’on est seul aux commandes. Le risque est grand de se perdre, de dériver au fil de l’inspiration et de ne jamais réellement parvenir à conclure correctement un morceau, à y mettre un point final. Et, à l’écoute de «
Somnum Exterri », cet écueil me semble avoir plutôt bien été évité par
DMRBR.
Au rayon des qualités, je relèverai donc la production assez réussie pour une sortie indépendante. Le projet n’a pas dû être simple à mener car les compositions sont riches d’arrangements, de superpositions de pistes, tant au niveau des guitares que des voix qui s’entremêlent dans différents registres :
black bien sûr mais également plus basiquement
death ou tout simplement narrées lorsque le propos s’y prête. Cette versatilité, cette diversité vocale est d’ailleurs l’un des gros points forts de l’album, elle contribue à son intérêt, à l’image d’un « The Eye and the Void ».
D'ailleurs, à titre informatif, c'est
Josh Smith de
PROPHETIC SCOURGE,
AD PATRES et
HEIR qui tient le micro sur cet enregistrement.
Ensuite, il faut admettre que
Sébastien Collombet a les moyens techniques de ses ambitions. Il brasse au fil des quarante-cinq minutes que dure «
Somnum Exterri » tout un tas d’influences métalliques qui vont du
doom death mélodique au
black atmo et le résultat sonne davantage comme un truc qui aurait pu sortir au milieu des 90’s que la vague « post » actuelle, même s’il ne peut se défaire totalement de certains tics (les arpèges en son clair sur fond de blast notamment). Sans être passéiste, il y a quelque chose de « hors du temps » dans les ambiances, une forme de mélancolie contagieuse mêlée de nostalgie, cette sentimentalité s’exprimant pleinement dans les passages purement instrumentaux. A ce titre, le final de « Foramen » est tout particulièrement réussi, certainement l’un des moments les plus aboutis de ce disque.
C’est évident,
DMRBR ne s’adresse pas à la frange la plus dure du public metal. En effet, même quand ça part sur des blasts (« Pearl »), car il y en a un certain nombre, la musique ne se dépare jamais d’un semblant de douceur et c’est bien le calme, ou la solennité, qui guide l’ensemble, faisant peu à peu tomber l’auditeur dans un état contemplatif apaisant.
Je l’avoue, j’avais de grosses réserves quant à la découverte d’un énième one man band de
black metal, les rendant souvent responsables de la sur saturation du marché. Mal m’en a pris car j’ai pu me repaître de mouvements musicaux ambitieux, réfléchis et faisant honneur à la scène hexagonale. Et même si je doute que
DMRBR côtoie un jour les étoiles, il possède suffisamment d’arguments pour mériter une écoute attentive. Je souhaite donc le meilleur à cette formation pour la suite de sa carrière discographique.
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