Gargantuan Blade - Gargantuan Blade
Chronique
Gargantuan Blade Gargantuan Blade
Aux premiers regards portés sur cette pochette, qui nous renvoie à un haut fait d’armes du Cimmérien, l’on se dit que l’on va avoir le droit ici à un énième album de heavy metal épique, étant donné que le genre est devenu tendance depuis quelques temps, et qui risquerait de sonner carton-pâte, comme c'est malheureusement trop fréquent depuis quelques années. Une impression qui est confirmée en lisant les titres de cet album, où les références à l’heroic-fantasy sont nombreuses, et, dans le même esprit, l’on doit y ajouter les surnoms des musiciens. Autant dire que l’on pouvait avoir des à priori assez négatifs quant à la découverte de Gargantuan Blade. Et puis, en prêtant attention aux musiciens, l’on se rend compte qu’il y a Samuel Wormius, l’ancien chanteur guitariste de The Wandering Midget, formation finlandaise de doom metal qui s’est séparée il y a deux ans. Un détail qui m’a fait passer le cap de l’indifférence, face à la multitude de sorties que l’on a de nos jours, à l’envie d’aller plus loin et d’écouter ce premier album du groupe. Et je dois dire que j’ai bien fait car je ne m’attendais pas du tout à ça.
Le ça, c’est de retrouver, enfin devrais-je dire, une formation qui pratique du doom metal à l’ancienne, sans accointances avec le psychédélisme, sans vénérer ses gros baffles et ses grosses têtes vintage et sans vouloir singer telle ou telle référence bien dans la hype actuellement. Non, nous sommes assez loin de tout ceci, même s’il y a toutefois deux références à laquelle l’on pense évidemment: Reverend Bizarre, pour certains aspects, - le pauvre Samuel Wormius ne va pas échapper, une nouvelle fois, à la comparaison avec le cultissime groupe finlandais -, et, c’est rare d’y faire référence, à The Gates of Slumber. Vous commencez à voir de quoi il s’agit et il ne manquerait plus que le tampon C.O.T.D, - pour Circle Of True Doom -, pour adouber tout cela. L’on est évidemment dans ce doom metal traditionnel qui base évidemment sa musique sur des riffs, des riffs et encore des riffs, et des compositions bien écrites. Mais pour le coup, il s’agit de vrais riffs de doom metal, de ceux dont la répétition presque ad nauseam font le sel de cette musique et la rend tellement jouissive. C’est ce que nous avons sur ces quelques trente-six minutes. Effectivement, l’on est dans quelque chose de très dogmatique dans la formulation et dans le résultat, encore qu’ici nous n’avons pas affaire à un trio mais à un quatuor, avec la présence de deux guitaristes, à la différence des deux groupes susnommés.
Evidemment que tout ceci sonne très classique, après tout nous sommes ici dans un terrain assez orthodoxe, mais il y a quelque chose qui fait la différence : Gargantuan Blade sait faire mouche avec des éléments communs. Outre les excellents riffs que l’on retrouve sur ces quatre titres, il y a cette exécution qui va faire la différence. Oui, les tempi sont majoritairement lents, mais il s’en dégage quelque chose d'à la fois ample et un peu plus martial, et, pour ainsi dire, guerrier. C’est en cela que la comparaison avec certains titres plus épiques de Reverend Bizarre m’apparait comme évidente, tout comme celle avec The Gates of Slumber. L’on est ainsi assez proche de retrouver ici la maestria d’un Suffer No Guilt. Attention, si les influences sont évidentes, elles sont toutefois bien digérées et l’on a ici quatre compositions variées qui tiennent clairement la route, voire bien plus. Il y a évidemment un souffle héroïque qui émane de tout ceci, comme si une troupe de maraudeurs s’approchaient lentement mais fièrement des troupes adverses, sûre de sa victoire. Mais ce qu’il y a de bien ici, c’est que le quatuor sait, de temps en temps, accélérer la cadence, comme sur Necromancer’s Blood, après six minutes où il nous aura terrassé par un thème bien puissant. Ce sera d’ailleurs le même constat sur la partie médiane de Black Lotus. En tout cas, le monolithisme n'est pas de mise ici.
Gargantuan Blade n’en oublie pas pour autant de souligner que s’il est un groupe de doom metal, il n’en a pas oublié que c’était un dérivé du metal, et l’on a ainsi de fréquents soli, très bien exécutés, sur chaque titre voire quelques leads jumelées sur Spectral Pillagers, une forme d’art qui a tendance à être perdue de nos jours. Il y a d’ailleurs ce bel alliage entre pesanteur et puissance qui ressort de ces quatre titres, quelque chose qui n’est plus si courant actuellement, ou bien à de trop rares exceptions. Ici, les Finlandais ont renoué avec cela et sans doute que la prestation du batteur Rex Torr n’y est pas étrangère, tant il martèle furieusement son kit de batterie en donnant justement cette ampleur à la musique de ses comparses. Dans tous les cas, c’est très bien exécuté, dans tous les sens du terme. Je dois même avouer que je suis très agréablement surpris par le chant de Samuel Wormius, vraiment excellent et qui a bien progressé depuis ces années. Il est ici assez poignant et très juste, un vrai frontman qui sait haranguer ses troupes avant l’assaut final, avec ce petit côté prêcheur teutonique. Dans tous les cas, c’est le type de chant on ne peut plus adéquat pour ce style de doom metal. Et pour couronner le tout, l’on ajoutera à tout ceci l’ajout de quelques samples bien sentis, qui vont donner cette coloration heroic-fantasy à cette réalisation.
Autant dire que ce premier album de Gargantuan Blade est une réussite, clairement, et une belle surprise, pour sûr. Les Finlandais développent ici un doom metal, certes on ne peut plus classique, mais qui est très bien fait. Surtout, c’est même un paradoxe pour un propos aussi normé, cela sonne frais et aucunement surfait. Ce n’est pas l’originalité qu’il faudra rechercher ici mais bien l’inspiration et la faculté de prodiguer un doom metal de haute facture. D’ailleurs, si j’étais quelque peu mesquin, je pense que ce groupe aurait clairement pu revendiquer le patronyme de Conan, en lieu et place d’une immondice anglaise. Encore que nous avons un beau final un peu plus poignant avec Spectral Villagers, preuve aussi d’une certaine variété dans la musique du quatuor. Je retrouve ici des sensations que j’avais eues, il y a une bonne quinzaine d’années, à la découverte de certaines œuvres des groupes cités plus haut, ou, histoire de ne pas paraître pour quelqu’un vivant dans le passé, celles que j’ai eues lors de la découverte, il y a deux ans, des Américains de Purification. L’on est clairement ici dans la même veine pour ces deux formations, certes en moins mystique ici que chez le trio de l’Oregon, dans quelque chose qui laisse clairement de l’espoir pour la suite. Dans tous les cas, le true doom metal n’est pas mort en Finlande : il relève clairement et fièrement la tête avec ce Gargantuan Blade.
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