Obituary - Dying Of Everything
Chronique
Obituary Dying Of Everything
Hormis durant sa période d’inactivité jamais OBITUARY n’avait été si long pour sortir deux albums, car ici il lui a fallu pratiquement six ans pour donner une suite à l’éponyme et surtout redresser la barre du côté de l'envie comme de l'inspiration tant celui-ci était clairement mitigé, de par un manque de couilles flagrant et un sentiment exacerbé de pilotage automatique sans aucune prise de risques. Si le quintet n’a jamais été réputé pour changer quoi que ce soit dans sa musique celle-ci a quand même tendance à nettement s’essouffler depuis le départ du regretté Ralph Santolla, et il est donc évident qu’il lui faut retrouver une vraie dynamique sous peine de devenir (même si c’est sans doute déjà le cas) un groupe ne vivant que sur son glorieux passé et qui n’a plus rien à offrir de neuf. Du coup ce onzième long-format doit retrouver une vraie dynamique et ne pas ronronner comme le font ses créateurs depuis trop longtemps, et pourtant force est de reconnaître que ce cru 2023 est le meilleur offert par ceux-ci depuis la mort de leur soliste controversé. Car pour une surprise ça en est une sacrée que nous pondent les Floridiens qui semblent vouloir retrouver leur aura tari depuis un bon bout de temps, tant ce « Dying Of Everything » va offrir de vrais moments de gloire et surtout un vrai retour dans les années 90 vu que ça va sentir régulièrement le studio Morrisound conjuguée à une envie d’en découdre continue, de par un dynamisme contant et implacable.
C’est d’ailleurs cela qui transparaît d’entrée avec le furibard « Barely Alive » qui va être lancé à toute allure sans jamais appuyer sur le frein, vu qu’ici c’est tout en sobriété et hyper remuant tant Donald Tardy a décidé d’aller à fond du début à la fin et cela fait grave plaisir à entendre, vu que ces plans enlevés se faisaient de plus en plus rares. Remuant constamment et étant sans concession (portée en prime par un groove contagieux) cette ouverture va donner le ton de ce qui va suivre, qui confirmera sans problème cet excellent ressenti initial. En effet tout le premier tiers de cette galette va passer comme une lettre à la poste, que ce soit avec « The Wrong Time » au mid-tempo majoritaire et écrasant (où l’envie de headbanguer est furieuse) ou encore avec le rampant « Without A Conscience » à l’allure ralentie mais qui garde son accroche tant là-encore c’est groovy et suffocant… mais avec des riffs qui font mouche. Si ceux-là sont totalement calibrés ils arrivent encore à être efficaces et à surprendre un peu l’auditoire, notamment via l’apport des nombreux solos où Kenny Andrews montre enfin pleinement de quoi il est capable et c’est tant mieux… tant jusqu’à présent son talent n’était dévoilé qu’avec parcimonie. Heureusement aujourd’hui il explose totalement et il illumine ici le disque de tout son jeu et visiblement cela a donné un coup de fouet à ses compagnons de route qui ne veulent pas être en reste, et du coup il ne va pas y avoir grand-chose à jeter au final.
Car si on passera volontiers son chemin sur l’ennuyeux et poussif « War » ainsi que sur les longueurs évitables de « My Will To Live » et « Be Warned » (ce dernier étant inutilement allongé - malgré ses accents Doom et sa graisse suintante forts agréables), pour le reste on digèrera le reste des compositions sans rechigner et avec un plaisir non-dissimulé. Si la deuxième moitié de cette galette est un cran en-dessous de la précédente on ne va pas faire la fine bouche et apprécier chaque seconde proposée ici, notamment les très bons et variés morceau-titre et « By The Dawn » qui jouent tous deux sur l’alternance continue. Tout cela à l’instar de l’affûté et imparable « Weaponize The Hate » où les accélérations et ralentissements se font sans douleur, hormis celle des nuques déjà lancées en mode secouage permanent et qui vont apprécier le spectacle. Et tout ça ne serait rien sans le monstrueux « Torn Apart » incandescent au possible et qui se fait presque épique sur ses plans médium, d’où émerge là-encore l’envie de bouger partout et fracasser tout ce qui se trouve aux alentours.
Alors bien sûr tout cela n’égalera pas les débuts avec Allen West et James Murphy mais force est de reconnaître que les vétérans ont pondu une œuvre qui va se placer assez haut dans une discographie inégale, mais désormais bien remplie. Si le rendu aurait été encore supérieur sans les quelques fautes de goûts et baisses de régime on ne va pas en tenir rigueur, tant le reste fait oublier tout cela et surtout du fait qu’on n’espérait plus un rendu de ce niveau et de cette qualité. Quel plaisir effectivement de voir que malgré trente-cinq années sous ce nom l’entité est encore capable d’avoir des choses à dire alors qu’on la croyait définitivement perdue corps-et-biens, en déconnexion totale avec son époque et intéressant de moins en moins le public. Nul doute en tout cas que celui-ci va revenir en force tant ce retour en grâce inattendu va se savourer régulièrement, vu que malgré sa sensation de redite régulière on va se laisser happer par ses compositions riches en harmonies autant qu’en puissance instinctive, et surtout au plaisir communicatif prouvant que ses membres ne sont pas encore morts et qu’il ne faut jamais désespérer.
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