Tout d’abord, des choses pas gentilles… Enfin, une seule chose pour être exact. Quand on s’appelle
TENEBRISME et qu’on pratique le
black metal, aussi atmosphérique soit-il, je trouve que mettre une photo de soi en promenade dans une forêt de résineux, typique des Landes, par un jour de grand soleil, hé bien cela ne fait pas très
black justement. Je sais bien que c’est la même image qui illustre également l’autre groupe de
Kaëlig Cornec (un Breton vraisemblablement),
ETNA, je m’arrête certainement sur des broutilles sans importance mais, pour certains, le visuel peut être à lui seul un déclencheur d’intérêt… Bref, le côté photo Facebook ne me donnait guère envie. Si je mets cela de côté, notre homme n’en n’est pas à ses débuts musicaux puisqu’il fut d’abord bassiste de la formation nantaise
MALKAVIAN (
thrash metal) entre 2005 et 2010 pour ensuite vraisemblablement se ré orienter vers une carrière purement instrumentale où il sera désormais seul maître à bord. Cela donne donc six albums avec
ETNA et deux avec
TENEBRISME, dont cet «
Humble sillon » qui nous intéresse aujourd’hui.
Qu’avons-nous à nous mettre sous la dent ? Deux longues compositions de seize minutes chacune plus une reprise de
DEAD CAN DANCE, « Summoning the Muse », extraite du classique
« Within the Realm of Dying Sun ». Concernant la longueur des titres, rien d’inhabituel ici puisque le disque éponyme précédent contenait déjà des morceaux d’une dizaine de minutes, il semblerait donc que ce soit la façon de composer de
Kaëlig Cornec. je préférais en revanche la production précédente, plus claire, plus aérée, plus axée sur les guitares également car ici l’accumulation d’instruments rend parfois leur distinction compliquée. En revanche, je reconnais l’effort de composition, les titres contenant de nombreuses parties aux climats variés sans pour autant donner une impression de collage. C’est construit, progressif et même s’il me manque un chant hurlé qui apporterait un peu de peps, le moment demeure toujours agréable, sans gestes de séduction vulgaire. Si cela reste du
black metal ? Je ne saurais être catégorique sur ce point. Il y a certes des parties musicales rapides sur lesquelles on imaginerait aisément un hurleur en train de vociférer mais l’esprit semble plus être à la contemplation qu’à la haine censée habiter ce style, même si je suis conscient que le
black ce n’est pas forcément que de la haine. Au final, je préfère voir en cet album l’expression d’une sensibilité capable de piocher dans un vaste panel d’influences.
Concernant la reprise, le compositeur est coutumier du fait puisqu’il a déjà réinterprété du
Philip Glass, du
BEATLES et du
ENTOMBED, le titre présenté ici étant son deuxième hommage à
DEAD CAN DANCE après « Ascension » sur l’album «
Fides » d’
ETNA (2018). Il reste que même sur un tribute, ça resterait un peu léger, c’est clairement le moment le plus faible de «
Humble sillon ». En définitive, si vous recherchez de nouveaux horizons purement instrumentaux, de nouvelles saveurs, jetez une oreille sur ce disque car l’on y devine toute l’authenticité de son auteur. A voir si ce dernier aura la capacité d’aller plus loin, pour ma part j’ai tendance à penser que le passage vers un format « groupe » avec notamment un vocaliste bonifierait réellement l’ensemble et pourrait en faire quelque chose de bien plus intéressant car le potentiel créatif est là, à bonifier.
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