Regurgitated Entrails - Sickening Indulgence Of Flesh
Chronique
Regurgitated Entrails Sickening Indulgence Of Flesh
Formé en 2022 par de jeunes musiciens occupés dans divers projets tout aussi récents (Submerged, Necrotic Infibulation, Virologist, Brutalism...), Regurgitated Entrails n’a pas manqué d’attirer rapidement l’attention grâce à la sortie il y a deux ans d’une première démo autoproduite tombée quelques mois plus tard dans les filets des labels Maggot Stomp Records et Brutal Minds Records. Vraisemblablement pressés d’en découdre, les cinq californiens (parmi lesquels des anciens Putrib Tomb et Desecation) reviendront très vite faire parler d’eux avec la sortie en mai dernier de leur premier album. Un disque intitulé Sickening Indulgence Of Flesh et dont la délicieuse illustration signée du maître Jon Zig (Cenotaph, Decaying Purity, Deeds Of Flesh, Defeated Sanity, Disavowed, Disgorge, Gorgasm, Pyaemia, Septycal Gorge...) laisse évidemment peu de doutes sur ce qui vous attend à l’écoute de celui-ci...
Effectivement, aussi jeunes soient-ils (la vingtaine et pour certains d’entre eux quelques années de plus seulement), les cinq garçons s’émancipent à travers la pratique d’un Brutal Death à l’ancienne faisant largement écho à la scène américaine des années 90 et du début des années 2000 et à ce qui a pu faire (et fait encore) tout son charme. Ainsi, outre cette illustration effectivement sans équivoque, Sickening Indulgence Of Flesh se distingue également par une production certes moderne mais qui pour autant n’en oublie pas d’où elle vient. Entre ces guitares particulièrement épaisses, ce growl profond (pour ne pas dire inintelligible) et abrasif et cette caisse claire bien raide qui claque juste comme il faut (idéale pour se faire casser la tête lors de ces nombreuses séances de blasts et autres gravity), il y a ici matière à se réjouir. Un retour en arrière très éloigné des productions aseptisées ayant vérolé le genre ces quinze dernières années et que l’on doit au jeune Michael Foster des excellents Necropsy Odor. Une production qui dénuée d’artifice et autre tour de passe-passe constitue à n’en point douter l’un des atouts de ce premier album.
Soucieux de bien faire, les petits gars derrière Regurgitated Entrails ne se sont pas fixés pour mission de révolutionner quoi que ce soit mais plutôt de redorer le blason d’un genre qui, on l’a vu, a quelque peu souffert ces dix / quinze dernières années de certains travers bien souvent rédhibitoires (productions en plastique, illustrations abominables et sans âmes, efficacité résidant dans la seule utilisation abusive de breaks outranciers et ainsi de suite...). En choisissant de revenir à l’essentiel, les Américains devraient donc redonner le sourire (et peut-être même un peu d’espoir) aux amateurs tatillons obligés depuis déjà belle lurette d’opérer une sélection drastique dans le flot de toutes ces sorties estampillées Brutal Death.
Bouclé en vingt-cinq minutes, Sickening Indulgence Of Flesh n’est pas du genre à perdre son temps en digressions inutiles. Dès les premières secondes d"Incestual Orgy", le groupe va effectivement faire étalage de tout son potentiel, révélant ainsi d’entrée de jeu de sérieuses prédispositions en la matière et cela malgré son très jeune âge. De ces courtes salves de blasts dispensées sans crier gare à ce riffing protéiforme particulièrement épais en passant par ces ralentissements bas de plafond et autres séquences au groove extrêmement bovin (un petit côté Slam pas dégueulasse), ces quelques gravity blasts offerts ici et là et notamment en fin de parcours, ce growl qui depuis cette démo de 2022 a gagné en rugosité et en profondeur sans oublier ces quelques harmoniques sifflées, il ne manque en effet pas grand chose de ce qui caractérise en règle générale le Brutal Death Metal. Une entrée en matière extrêmement convaincante laissant naturellement espérer le meilleur pour la suite.
Une suite qui ne faiblit jamais puisque Regurgitated Entrails va évidemment conserver cette même formule autour de compositions oscillant là encore entre deux et quatre minutes. Une certaine forme de concision qui, en plus de cette variété offerte par ces nombreux changements de rythmes et ce riffing en perpétuel mouvement et de cette production parfaitement lisible, va largement contribuer à l’appréciation de ce premier album. Un disque ultra-efficace qui ne va certainement pas chambouler le petit monde faisandé du Brutal Death Metal mais qui ne devrait pas manquer cependant de réjouir un grand nombre d’amateurs probablement bien heureux de renouer avec ce genre de sorties.
Après une première démonstration concluante mais à laquelle il manquait encore un tout petit quelque chose, Regurgitated Entrails vient avec ce premier album prouver une fois de plus que la valeur n’attend pas le nombre des années. On peut évidemment ne pas aimer le Brutal Death car c’est là un genre excessif qui en oublie parfois d’offrir des riffs véritablement mémorables ou bien encore des ambiances dignes de ce nom mais pour tous ceux d’entre vous qui goûtent aux délices que le genre a à offrir, Sickening Indulgence Of Flesh est ce que l’on peut appeler une "masterclass". Un disque sans surprise (si ce n’est celle de nous faire voyager vingt / vingt-cinq ans en arrière) mais d’une efficacité à toute épreuve qui durant vingt-cinq minutes, et cela grâce à une production puissante et équilibrée ayant su conserver ce qui fait en partie le charme de ces albums des années 90 et 2000, va donc nous offrir le meilleur de ce que le genre peut nous proposer. Bref, un premier album rondement mené par des jeunes qui ont déjà tout compris et cela, peu importe les projets dans lesquels ils sont impliqués (d’ailleurs, je ne manquerais pas d'y revenir rapidement).
| AxGxB 12 Septembre 2024 - 410 lectures |
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