Bon, c’est décidé, je ne gratterai pas une page entière pour un groupe à qui il aura fallu plus de huit ans pour sortir son nouvel album. Un disque affiché qui plus est à dix-sept minutes et quarante-quatre secondes seulement...
S’il a fallu autant de temps à Todd Jones pour revenir casser des bouches (ou en tout cas « essayer »), c’est probablement parce qu’il est aujourd’hui le seul rescapé de l’époque
You Will Never Be One Of Us. En effet, quatre ans après la sortie de ce troisième album, John Gianelli (basse) et Taylor Young (batterie) prenaient la décision de quitter le navire laissant alors seul à bord celui qui en 2007 posait les fondations d’une formation régulièrement plombée par ses nombreux changements d’effectifs. Pour cette version 2024 de Nails, Todd Jones s’est donc entouré de trois nouveaux musiciens déjà plein d’expériences. On retrouve ainsi Shelby Lermo (Human Corpse Abuse, Ulthar, ex- Extremity, ex-Vastum...) à la guitare, Andrew Solis (Apparition, Despise You...) à la basse et enfin Carlos Cruz (Mantic Ritual, Warbringer, ex-Enforcer (live), ex-Power Trip (live), ex-Skeletal Remains (live)...) à la batterie. Un line-up particulièrement encourageant pour un album qui visuellement l’est au moins tout autant grâce à une très chouette illustration signée une fois de plus des mains de Jef Whitehead. Malheureusement, là vont s’arrêter en quelque sorte les réjouissances...
En effet, même si pour la forme on pourrait toujours râler quant à la durée ridicule d’
Every Bridge Burning, le véritable souci de ce quatrième album n’est pas là mais plutôt en premier lieu dans le choix de cette production que l’on doit pourtant à Kurt Ballou. Aussi, à l’exception de ces guitares toujours aussi abrasives qui sont peut-être le seul atout de cette production (et encore), celle-ci est plombée par une approche qui manque cruellement de naturel. Tout ici est extrêmement compressé et un brin synthétique avec des guitares qui prennent systématiquement le pas sur les autres instruments, une basse aux abonnés absents, une batterie qui hormis une caisse claire acceptable peine cruellement à se faire remarquer (Où sont les cymbales ? Où sont les nuances ?). Une impression désagréable d’être face à un monolithe compact et insondable duquel rien ne dépasse.
On aurait pu évidemment s’accommoder de ce seul point de contrariété mais le problème est qu’on a également le sentiment que Nails tape aujourd’hui un petit peu dans le vide. Certes, le groupe éructe, les tempos s’affolent, les guitares tranchent et la batterie cavale mais pour quoi au juste ? Alors c’est vrai, quelques morceaux tirent tout de même leur épingle du jeu comme par exemple le très bon "Give Me The Painkiller" avec sa petite ritournelle mélodique dispensée lors des premières secondes (et qui sera également reprise plus tard) ou encore "I Can't Turn It Off" et sa cadence légèrement plus chaloupée alors que d’autres séquences, notamment lors de certains ralentissements, donnent toujours autant envie de se taper la tête contre les murs mais dans l’ensemble on ne peut pas dire que l’on retient grand chose de ces bourre-pifs menés pied au plancher. Sur la forme, difficile de nier l’efficacité de ces déflagrations instantanées qui s’imposent effectivement avec fracas et une immédiateté évidente. Sur le fond, je serais par contre beaucoup plus mitigé dans la mesure où l’essentiel des riffs dispensés tout au long de ce gros quart d’heure me passent malheureusement un petit peu au-dessus...
Alors oui, sur le moment on a peut-être effectivement le sentiment de se manger une grosse soufflante dans le cornet mais une fois les dix-sept minutes enfilées, on ressort finalement d’
Every Bridge Burning sans bleus ni ecchymoses. Outre une production des plus discutables qui cherche à gommer systématiquement toutes aspérités et autres nuances pourtant indispensables, ce quatrième album est desservi par des compositions faciles et sans envergures qui font certainement beaucoup de bruit dans l’instant mais qui une fois passées sont finalement assez vite oubliées...
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