Il y a des groupes pour lesquels une simple visite de leurs réseaux sociaux suffit pour les rendre sympathiques, l’écoute devenant alors non pas accessoire mais une confirmation de ce que l’on sait déjà, à savoir qu’on les apprécie et que ce sera une formalité pour le dire simplement. Ainsi en est-il des Américains de
A LA CARTE, un trio de bons-vivants pratiquant du
morbid culinary death metal. Avant d’évoquer la musique, clarifions mon entrain : les costumes de cuistots, une photo d’Alf mangeant un sandwich de chat, un détournement de Gordon Ramsay façon « Saw » sur un tricycle avec la légende « Raw » (bon, si on ne connaît pas « Cauchemar en cuisine » on passe à côté de la blague), un oreo fourré à la crevette, bref, les mecs ne sont pas là pour s’emmerder, prendre des poses de starlettes ou jouer les durs à cuire. Du
fun, du
food porn, un coulis de carnage et du
death metal.
Mais même sur ce dernier aspect, les trois chefs parviennent à se démarquer, comme quoi ce n’était pas une simple question d’image. L’image justement, parlons-en… Elle n’est pas troublante cette pochette en mode
First Person Shooter ? Elle installe une forme de malaise qui va au-delà de la crudité de la représentation, des protagonistes présents (je reconnais Ted Bundy, Richard Ramirez, John Wayne Gacy, Albert Fish peut-être également) et du style graphique utilisé par l’auteur,
Eder Hernadez, qui m’évoque « Autoportrait » de Henri Matisse. Quoi qu’il en soit, ce soir nous sommes invités à dîner au Cecil Hotel.
Musicalement, les choses se complexifient encore et je suis bien en peine de décrire concrètement, si ce n’est objectivement, ces douze compositions parmi lesquelles se glisse une reprise d’
IMPALED (« Choice Cuts »), l’une des influences avouées par le groupe avec
MACABRE (évidemment),
SKINLESS et, plus surprenant,
GWAR. En termes de rapprochements stylistiques, je pourrais également évoquer les Canadiens de
VHS pour l’éclectisme musical, le
CEPHALIC CARNAGE de la période «
Anomalies » ou encore les Colombiens de
CORPS-SANS-ORGANES… Décidemment, ce «
Born to Entertain » ne se laisse pas facilement circonscrire tant il peut s’avérer exotique (« Maxi Pad Thai »), surprenant dans ses structures parfois quasiment
tech death (« Terrormisu ») sans pour autant sacrifier le traditionalisme, mais, surtout, ne rentrant finalement dans aucune case prédéfinie.
En définitive, tout le concept de cuisiniers prend sa pleine mesure une fois savouré pour la première fois ce deuxième album, successeur de «
Soup Dejour » (2022). En effet, ce n’est pas en tant qu’alchimistes que se présentent ces musiciens mais bien comme d’excellents assembleurs, choisissant les meilleurs plans de quelques boucheries renommées pour se les approprier et les mettre à leur sauce, un peu épaisse cela va sans dire mais jamais écœurante, les presque cinquante minutes passant étonnamment vites pour un projet aussi hermétique. Il reste que comme toute nouvelle saveur, c’est la durée qui déterminera si elle se montre addictive ou si, une fois l’effet de surprise consommé, il n’en subsistera qu’un vague souvenir plaisant que l’on ne réanimera jamais.
Par curiosité, j’ai néanmoins prêté attention à «
Soup Dejour », attiré par des chansons telles que « Fetal Fajitas », « Macabre Salad » ou encore « Rancid Risotto », cette découverte confirmant mon intuition : si le groupe semble plutôt avoir commencé comme une blague entre
Chef Wolfgang Cuck et
Chef Highman, avec des morceaux manquant encore un peu de corps tout en ayant du cœur, la progression constatée sur «
Born to Entertain » démontre clairement que ces messieurs prennent leur musique au sérieux, je gage que la troisième fournée pourrait bien être un délice.
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