Relativement discrets depuis la sortie de
Bringer Of Drought en 2016 (un EP et deux singles parus entre 2019 et 2021), les Canadiens de Phobocosm sont finalement venus se rappeler à nos bons souvenirs en décembre 2023 avec la sortie, toujours chez Dark Descent Records, de leur troisième album. Un disque intitulé
Foreordained opéré à nouveau sous la forme d’un trio puisque le guitariste Robin Milley (Akurion, Neuraxis, Necrotic Mutation...), débarqué peu après la sortie de son prédécesseur paru sept ans plus tôt n’a retrouvé les rangs de la formation qu’après l’enregistrement de ce troisième essai longue-durée.
Illustré cette fois-ci par le Finlandais Lauri Laaksonen (Assumption, Convocation, Corpsessed, Desolate Shrine, Solothus…) avec d’ailleurs beaucoup plus de réussite que ses prédécesseurs (notamment cette illustration très moyenne de Chimère Noire pour
Bringer Of Drought qui personnellement ne m’a jamais trop donné envie de m’y intéresser),
Foreordained est passé cette fois-ci entre les seules mains expertes de Xavier Berthiaume (Chthe’ilist, Décryptal, Diabolical Oath, Disembodiment, Egregore, Mitochondrion...) qui, comme à son habitude, signe une production idéalement taillée pour le job avec dans le cas présent ces murs de guitares épais et écrasants et ces ambiances claustrophobiques et suffocantes.
Outre l’illustration bien plus engageante de monsieur Laaksonen qui effectivement m’a nettement plus enthousiasmé que celles des deux albums précédents, j’ai également été très heureux de constater que Phobocosm était revenu à des compositions sensiblement plus courtes (pas de grand-chose mais on le sent malgré tout) mais surtout à un équilibre entre atmosphère et efficacité bien moins précaire en comparaison d’un
Bringer Of Drought qui souffrait selon moi de titres ou en tout cas de séquences beaucoup trop répétitives (je pense notamment à ce "Engulfing Dust" qui en guise de préambule trainait tout de même la patte sur plus de huit minutes). Bref, vous l’aurez compris, je suis en effet bien plus emballé par ce troisième album (même si c’est avec presque deux ans de retard que je viens vous en parler) que par son prédécesseur certes sympathique mais tout de même un brin décevant.
Si dans la forme, les compositions des Canadiens visent une meilleure efficacité par une plus grande variété, notamment dynamique, le fond lui n’a pas beaucoup changé. Phobocosm poursuit ainsi avec
Foreordained sa pratique d’un Death Metal toujours aussi sombre et imposant mené pour ne rien changer au son de séquences à la fois monstrueuses et plombées mais aussi de franches accélérations bien plus brutales et agressives. Une ambivalence se faisant toujours à la faveur des passages les plus écrasants et massifs mais néanmoins mieux équilibrée sur cette troisième livraison longue-durée.
La suite, on la connait. Toujours aussi largement inspiré par les New-Yorkais d’Immolation sans pour autant en constituer une pâle copie bon marché (du growl d’Etienne Bayard au riffing dense et implacable de Samuel Dufour relevé élégamment par de nombreuses mais néanmoins discrètes dissonances en passant par ces accélérations radicales tout aussi massives et imposantes, il est bien difficile de ne pas voir les nombreux parallèles qui existent entre les deux formations tout comme il est difficile de le leur reprocher tant Phobocosm a su s’approprier cette formule afin d’offrir quelque chose de semblable et de pourtant différent), le groupe prend toujours autant de plaisir à construire des titres sombres et suffocants s’étirant généralement sur plusieurs minutes (ici entre trois et dix minutes pour une durée totale de près de trois quarts d’heure). Des compositions qui misent pour l’essentiel et comme à leur habitude sur de longues et écrasantes séquences (certaines à l’allure processionnaire comme sur "Premonition", d’autres le plus souvent au son de cadences plus ou moins tranquilles qui très justement ne manquent pas de relief) forcément un tantinet répétitives mais dont se dégagent des ambiances particulièrement imposantes qui confèrent une certaine crainte ainsi qu’une certaine déférence. Alors oui, il faut aimer son Death Metal lorsque celui-ci louvoie sur des chemins de traverse à la fois cahoteux et sinueux mais le truc c’est que lorsqu’il s’agit de corser le ton, Phobocosm ne fait jamais semblant. Qu'elles soient courtes ou plus étoffées, ces démonstrations de force qui apportent évidemment énormément de contraste (les premières secondes musclées de "Primal Dread" parfaites pour trancher avec le caractère hyper lancinant du titre qui le précède, "Everlasting Void" à 1:18, 2:29 et 5:42, "Infomorph" à 0:56, 1:52 et 6:32, "Revival" à 2:17, 3:14 et 4:56, les premiers instants de "For An Aeon" puis un petit peu plus loin à compter de 1:18), seront justement largement appréciées pour cette capacité à sortir l’auditeur de leur torpeur sans pour autant sacrifier à ces ambiances étouffantes et dominatrices évoquées précédemment.
Effectivement meilleur que son prédécesseur et cela à tous les niveaux possibles (hormis peut-être la production qui ne souffrait d’aucun véritable défaut),
Foreordained est le genre d’album dont on saura reconnaître la grande valeur dès la première écoute, surtout après plus de sept ans d’absence. Eh oui, Phobocosm aurait effectivement pu foirer son grand retour mais il n’en est rien. Mieux, celui-ci relève la barre après un
Bringer Of Drought toujours très qualitatif mais tout de même un poil en deçà. Bref, à tous les amateurs de Death Metal plombé et sombre qui n’auraient pas encore succombé aux charmes des Canadiens ou tout simplement manqué de croiser leur route, ce troisième album est bon moyen de faire connaissance avec un groupe inspiré, efficace et intelligent avant de se plonger dans la suite sortie la semaine dernière et qui s’annonce tout aussi savoureuse et convaincante. Affaire à suivre.
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