Dix ans, presque onze, que nous n’avions plus évoqué le cas des Canadiens de Phobocosm sur Thrashocore en dehors bien évidemment de quelques news sporadiques liées à leur activité puisque sans être hyper-productif, il s’est évidemment passé deux / trois choses depuis la sortie de
Deprived en 2014. Le groupe de Montréal a en effet sorti depuis deux autres albums (bientôt trois), un EP ainsi que deux maigres singles. Aussi étant d’humeur à rattraper le temps perdu, permettez moi aujourd’hui de revenir sur
Bringer Of Drought, deuxième album de Phobocosm paru en mai 2016 sur Dark Descent Records.
Illustré une fois de plus par Jocelyn Avoine travaillant sous le pseudonyme bien connu de Chimère Noire (Abyssal, Ancient Death, Apparition, Artificial Brain, Bell Witch, Cosmic Putrefaction, Hooded Menace...), ce deuxième album ne donne visuellement pas spécialement envie de s’y plonger. Sans être particulièrement repoussante, je trouve cette illustration assez quelconque et finalement un peu trop artificielle (comme une simple superposition de calques). Bref, si je ne dirais pas qu’elle m’a tenu à bonne distance de
Bringer Of Drought, je peux à l’inverse affirmer qu’elle ne m’a jamais donné envie de m’y replonger. Côté production, l’enregistrement s’est fait à plusieurs mains puisque messieurs Xavier Berthiaume (Atramentus, Gevurah, Oriflamme...), Christian Donaldson (Cryptopsy...) et Samuel Dufour (guitariste chez Phobocosm) s’y sont tous les trois collés. Mixage et mastering ont quant à eux été confiés à l’Américain Colin Marston (Dysrhythmia, Gorguts, Kralllice, Paroxysm Unit...) et sans grande surprise, le résultat final est évidemment impeccable.
Si rien ne semble avoir changé du côté de Phobocosm (malgré l'arrivée d'un nouveau guitariste en la personne de Robin Milley (Akurion, Neuraxis, Necrotic Mutation…)), un petit coup d’oeil au tracklisting proposé sur votre droite suffit à comprendre que l’approche opérée ici par Phobocosm n’est plus tout à fait la même. Face aux huit titres et aux quarante-sept minutes de ce premier album, les Canadiens viennent leur opposer ici seulement quatre nouveaux morceaux pour un tout petit peu plus de trente-cinq minutes. Mais si
Bringer Of Drought est effectivement moins chargé en compositions et plus court en minutes, ces chiffres à la baisse sont pourtant révélateurs d’une approche toujours nuancée mais désormais davantage portée sur les atmosphères. C’est d’ailleurs le souci de ce deuxième album, ce qui m’a quelque peu échaudé lors de sa découverte il y a un petit peu plus de neuf ans et qui m’a longtemps tenu éloigné des Canadiens. En effet, je trouve que ce second longue-durée n’est pas très bien équilibré d’un point de vue dynamique. La faute en premier lieu à un "Engulfing Dust" à la fois très lent et répétitif et qui du haut de ses presque huit minutes fait davantage figure de très longue introduction plutôt qu’autre chose. Certes, le groupe va reprendre des couleurs dès les premières secondes de "Tidal Scourge" mais ce premier titre représentant à lui seul un quart de l’album, autant en termes de composition que de durée, j’ai toujours trouvé que cela le plombait plus qu’autre chose. D’ailleurs, si la suite est heureusement plus contrastée, il n’en reste pas moins que ce sont tout de même ces séquences plombées qui dominent désormais à l’écoute de
Bringer Of Drought (toute la deuxième moitié de "Tidal Scourge", la première minute de "Ordeal" puis de nouveau entre 2:05 et 4:13, "Fallen" de 3:46 jusqu’à l’issue de ces presque douze minutes). N’étant en aucun cas réfractaire aux mélanges des genres ni aux sonorités Doom dans mon Death Metal, on pourrait se demander où se situe véritablement le souci mais encore une fois je trouve que ces passages manquent de relief et de dynamisme et s’appuient sur une formule trop redondante pour ne pas susciter parfois un soupçon d’ennui...
Toujours aussi influencé par les New-Yorkais d’Immolation (bien plus que par Portal et Antediluvian comme je l’écrivais à l’époque de ma chronique de
Deprived), les Canadiens nous offrent encore quelques passages bien virils comme sur "Tidal Scourge" dès 0:08 puis de nouveau à 3:03 et 4:13, "Ordeal" à 1:09 et 4:14 ou "Fallen" à 1:20. Par ailleurs, malgré ce problème de rythme évoqué plus haut, on appréciera là encore de pouvoir se délecter de ce riffing sombre, dense et complexe qui nous est servi par la paire Robin Milley / Samuel Dufour. Un jeu très inspiré par celui de Rob Vigna mais qui dans une scène où pullule les plus ou moins bons clones d’Incantation, Morbid Angel ou Cannibal Corpse reste malgré tout assez frais.
Vous l’aurez donc compris,
Bringer Of Drought n’est pas tout à fait l’album que j’escomptais après un
Deprived qui à l’époque m’avait beaucoup plu. Cependant, en dépit d’un vrai problème de rythme que je n’ai pas manqué d’énoncé plus haut, ce deuxième album n’est pas un mauvais disque en soit. Les Canadiens sont en effet de fins musiciens qui savent composer et jouer de leurs instruments. Seulement pour le coup, je trouve qu’ils ont manqué d’efficacité en cherchant à mettre l’emphase sur des passages atmosphériques malheureusement un poil trop plats et redondants. Certes, le rendu est plutôt de qualité et l’écoute n’est pas pénible en soit mais on ne peut s’empêcher de trouver parfois le temps un peu trop long, dommage...
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