CORPSING ? Sincèrement, inconnu au bataillon. Les Londoniens sont pourtant présents depuis 2002, ils possèdent trois albums au compteur et, sur cet EP «
Viewing the Invisible » ils parviennent à décrocher deux invités de luxe :
Jason Mendonca du grand
AKERCOCKE et, surtout,
Luc Lemay de
GORGUTS. Comment est-ce possible pour une formation qui évolue principalement en indépendant ? Est-ce grâce à des compositions dingues ? Ces quatre titres vont-ils fondamentalement remettre en question la vision que nous avons du
death metal ? Non, bien sûr. Mais…
Je pose un « mais » car, derrière ses allures bourrues exprimées très frontalement dès l’ouverture « Be the Pack », le quatuor anglais possède quelque chose de particulier. Une identité rustre qui emprunte autant au
NAPALM DEATH des années 90 qu’à la froideur industrielle de
MEATHOOK SEED, une forme d’urgence du propos qui rappellera la verve des formations
grindcore, sachant que même cela ne rendra pas parfaitement compte du contenu exact proposé au cours de ces généreuses dix-neuf minutes. En fait, plus j’écoute l’EP, plus je me sens dans la peau d’un supporter de Tottenham m’apprêtant à aller assister à un match contre West Ham United ou Arsenal. Je me remonte au pub en hurlant des chansons de supporters, j’accompagne la meute chaude comme une barraque à
fish and chips sur le chemin du stade, je balance (et ramasse) quelques mandales en faisant la queue à l’entrée, je finis par me faire sortir pour ivresse sur la voie publique et dégradations diverses.
Bon, pour tout dire, le morceau en compagnie de l’ami
Jason est celui sur lequel j’accroche le moins : je ne suis pas bien fan des interventions en voix claires, il y a un solo (de l’invité lui-même) qui dépareille de trop avec le reste, bien bœuf et radical, l’idée générale est sympa mais j’ai vraiment le sentiment que la place de
CORPSING, c’est à l’abattoir, les mecs n’ayant pas l’air d’être habitués à la finesse de mets délicats. Et c’est tant mieux parce que « A Heart Works, a Heart Hurts » remet la jauge de violence immédiatement dans le rouge sang et, là, je commence à percevoir des trucs qui me plaisent énormément ! Un
death grind typiquement anglais, ultra radical, très urbain, qui te plante des ralentissements d’enculés comme autant de couteaux dans le dos.
Quant à
Luc Lemay, il gère l’intégralité des vocaux de « Soul Paralysis », une composition dont le pont central nous renverra indéniablement aux plus belles heures du vieux
tech death, en plus agressif et moderne certes mais l’esprit est là. L’esprit, ainsi que le poing fermé pour t’écraser la tronche, les Anglais n’étant pas du genre à tendre l’autre joue. Donc oui je suis conquis ! De la pochette au logo en étoile du chaos, des vocaux de brutes au riffing mastoc, des blasts de porcs aux ralentissements radicaux, voilà un disque qui pose fermement ses Dr. Martens dans la fosse à purin, c’est rageur et méchant, brutal mais avec encore une lueur d’intelligence mauvaise au fond des yeux, autrement dit un EP qui réalise deux exploits : d’une, te donner envie de découvrir aussi sec «
Watching the Thinker » (2005), «
The Stench of Humanity » (2007) et «
Civilisation Under Nefarious Tyrants » (2020), de deux d’être impatient à l’idée qu’un nouveau LP pourrait très prochainement voir le jour.
Voilà donc une parution on ne peut plus solide pour combattre l’hiver, qui ne s’embarrasse ni de technique ni de bons sentiments, juste de la bonne avoine qui méritera d’être développée sur un album complet.
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
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