Un beau jour (ou peut-être une nuit, allez savoir) de 1992, un jeune groupe suédois sort son premier album sans vraiment savoir jusqu'où cela le mènera. Succédant au très prometteur EP "Gardens Of Grief", "The Red In The Sky Is Ours" ouvre les portes d'une nouvelle ère dans le monde du metal, entraînant une flopée de formations qui perpétueront la tradition du style jusqu'à nos jours. Mais si si peu d'entre eux comme At The Gates ont acquis ce statut de groupe culte, ça n'est pas un hasard. Et même si ce premier album est loin d'être parfait, on ressent déjà dans la musique des suédois, ce petit air de "revenez-y" qui vous botte le cul.
On pourra dire ce qu'on veut sur leur jeunesse et leur maîtrise musicale parfois approximative, mais un Tomas Lindberg au micro, un Anders Björler à la gratte et un Adrian Erlandsson derrière les fûts, ça casse des culs. Alors évidemment, rien à voir ici avec la perfection et la dynamique d'un
"Slaughter Of The Soul" mais la comparaison serait presque ordurière tellement les premières heures du combo suédois ne jouent pas sur les mêmes choses. La manière de composer est bien différente : les morceaux sont plus longs, plus lancinants tout en restant assez extrêmes et mélodiques. Le groupe instaure d'emblée une atmosphère apocalyptique appuyée par le chant d'écorché de Tomas, les riffs démoniaques de M. Björler un poil thrashy et le tabassage de fûts de Adrian.
A cette époque, aussi incroyable que cela puisse paraître, le groupe comptait dans ses rangs un violoniste en la personne de Jesper. Surprenant mais finalement plutôt anecdotique, sa présence se fait très très rare, parfois en solo ("The Season To Come"), parfois intégré dans les compositions ("Through Gardens Of Grief", "Within") avec une prestation qui dépasse rarement la minute. Cet aspect de ce premier album se révèle particulièrement intéressant de part la dimension qu'il apporte à la musique mais il n'y a qu'à écouter "The Season To Come" pour se rendre compte des limites techniques de l'homme : une note sur deux est fausse ou en décalage rythmique, à se demander s'il ne fait pas n'importe quoi...
Enfin je ne parle que de Jesper mais l'album dans son ensemble n'est pas toujours très carré. La production n'est d'ailleurs pas à l'avantage des suédois, assez plate et confuse avec un mixage des plus approximatifs mais tout ceci est finalement bien normal pour un premier album, surtout à une époque où le metal n'était pas aussi développé qu'aujourd'hui. Toutefois, le principal y est : les compositions envoient grave du pâté avec des titres tout simplement excellents ("Windows", "The Red In The Sky Is Ours", "Neverwhere", "City Of Screaming Statues"), voir cultes comme le désormais célèbre "Kingdom Gone". Le groupe a déjà trouvé un bon compromis entre puissance et mélodie, ainsi qu'une manière unique de composer qui fera leur succès jusqu'à l'aboutissement de leur art, notamment en ce qui concerne le croisement des guitares.
Alors que les débuts de certaines formations aujourd'hui renommées ne possèdent pas grand chose d'excitant, ceux de At The Gates n'ont rien d'insignifiant, au contraire. "The Red In The Sky Is Ours", en plus d'être un honorable premier album, marque les débuts d'un groupe qui est toujours allé de l'avant et qui deviendra une des influences majeures de la scène de Gothenburg de la deuxième moitié des années 90, voir plus.
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14/11/2006 02:26
16/11/2005 12:25