Si ce phénomène que l’on appelle "la dépression post-festival" n’est pas encore prise en charge et remboursée par la Sécurité Sociale, le meilleur moyen d’y remédier est peut-être encore de se replonger dans les albums des groupes que l’on a vus sur scène et pourquoi pas en profiter pour combler les quelques manquements que compte votre webzine préféré. Voilà donc pourquoi, deux ans après sa sortie sur le label canadien Profound Lore Records, je m’attelle finalement à la rédaction d’une bafouille à l’adresse d’
Iniquitous Barbarik Synthesis, quatrième album des Australiens d’Impetuous Ritual qui, comme souvent, méritait mieux que notre ignorance (un constat d’ailleurs valable pour
Unholy Congregation Of Hypocritical Ambivalence et
Blight Upon Martyred Sentience qui tous les deux manquent également à l’appel).
Du haut de ses neuf titres et cinquante minutes, ce "nouvel" album s’aborde naturellement avec toute la déférence qu’il convient d’avoir pour ce genre d’oeuvres aussi imposantes. Car on le sait, les Australiens ont toujours pris beaucoup de plaisir à malmener leurs auditeurs à coups de réalisations particulièrement denses et éreintantes. Un constat valable depuis la sortie de
Relentless Execution Of Ceremonial Excrescence en 2009 et qui ne s’est évidemment jamais démenti depuis. Mais de toute façon, avec la présence de deux membres de Portal au sein d’Impetuous Ritual (Kevin Kevinson et Brad Lee-Leong), pouvait-il vraiment en être autrement ? Je ne pense pas...
Très avare en informations le concernant, on ne sait finalement pas grand chose de ce qui concerne l’enregistrement, le mixage et le mastering d’
Iniquitous Barbarik Synthesis. Cependant et sans surprise aucune, la production de ce quatrième album est comme on pouvait s’y attendre rugueuse, opaque et punitive. Une approche Portalienne terriblement organique qui est et restera toujours le premier obstacle à braver s’il l’on souhaite pénétrer l’univers intransigeant de nos primitifs australiens.
Comme on pouvait également s’en douter, Impetuous Ritual n’a évidemment rien changé de sa formule. Une formule qui continue de faire grandement écho à celle de Portal avec qui, outre quelques membres en commun, il partage également la même vision infernale et horrifique. Oubliez ainsi toutes notions de musicalité et d’harmonie puisqu’il n’en est aucunement question ici. De ces riffs insaisissables qui bourdonnent et tourbillonnent telle une menace tapie dans l’ombre à ces attaques punitives et radicales mettant à mal notre condition physique et psychique en passant par ces constructions alambiquées et insaisissables, ces séquences moins tendues mais néanmoins vertigineuses et terriblement effrayantes sans oublier ce growl abyssal et monstrueux, les parallèles entre les deux formations sont nombreux, absolument flagrants et inattaquables. Cependant, comme l’évoquait déjà Keyser en 2009, Impetuous Ritual a toujours opté pour une approche un petit peu plus direct et moins torturée que celle de son très proche cousin. Une certaine concision qui se manifeste en premier lieu par des titres relativement courts puisqu’à l’exception de "Psychic Necrosis", "Sacreligious Penance" et "Metempsychosis" qui font tous les trois office de contre-exemple en fin de parcours, les six premiers titres d’
Iniquitous Barbarik Synthesis oscillent entre deux et quatre minutes seulement. C’est donc le coutelas entre les dents que nos hommes de cro-magnon (si vous ne voyez pas de quoi je parle je vous invite à faire une petite recherche Google Image de leurs prestations scéniques) ont entamé en 2023 ces retrouvailles après six ans d’absence.
Ainsi pris dans les tourments de ces compositions particulièrement hermétiques (n’espérez pas siffloter une quelconque mélodie, la musique des Australiens en étant complètement dénuée), l’auditeur ne peut que subir ces successions de riffs dispensés sous forme de couches denses, chaotiques et presque anti-musicales. Aborder ces compositions et leurs agencements si particuliers avec en tête une grille de lecture « classique » est ainsi voué à l’échec puisque cette musique n’existe que pour l’expérience terrifiante qu’elle procure chez l’auditeur. Une forme de mise-en-transe induite par le caractère profondément hypnotique de riffs quasi-indéchiffrables, par une batterie qui en dehors de ces nombreuses séances de blasts ne semble suivre aucun schéma pré-établi (quitte parfois à complètement s’effacer), par ces leads dissonants et sinistres qui sombrent dans le lointain... Bref, par une approche qui vaut bien davantage pour l’impression générale de bestialité primitive et effrayante qu’elle renvoie que pour son caractère purement musical.
Mais si les deux premiers tiers de l’album sont effectivement menés avec beaucoup d’intensité, les trois dernières compositions offertes par les Australiens permettent de nuancer une approche très bas du front par des compositions au long cours plus à même de voir Impetuous Ritual varier les plaisirs. Si on trouve encore quelques coups de boutoir ici et là ("Psychic Necrosis" à 6:34, "Sacreligious Penance" à 2:19, "Metempsychosis" à 0:52, 2:41 ou 6:25), le ton est tout de même plus introspectif et probablement encore plus terrifiant que lorsque le groupe laisse libre-court à ses pulsions les plus animales. Un titre comme "Psychic Necrosis" ne devrait pas manquer de coller les miquettes à quiconque oserait s’aventurer sur les terres désolées et infernales d’Impetuous Ritual. Des ambiances saisissantes que viennent habilement renforcer tout un tas de petits arrangements tels des boucles sonores étranges, des samples passés à l’endroit comme à l’envers et autres sonorités vocales habitées voir hallucinées.
S’il n’a pas trop fait évoluer sa formule depuis ses premiers tours de roue en 2009, Impetuous Ritual a su cependant conserver toute sa dangerosité. À l’instar de ses aînés,
Iniquitous Barbarik Synthesis offre à nouveau à ses auditeurs une expérience à la fois douloureuse et effrayante qui ne laissera personne indemne. Aussi ce quatrième album, s’il est toujours plus directe et moins torturé qu’un album de Portal, n’en reste pas moins un disque particulièrement dense et exigeant à ne pas mettre entre toutes les mains. Certes, la filiation avec Portal est encore aujourd’hui toujours aussi évidente mais ce parti-pris d’offrir quelque chose d’un peu moins torturé, expérimental et plus frontal s’avère également toujours aussi redoutable et efficace. Bref, si vous n’avez toujours pas posé vos oreilles sur
Iniquitous Barbarik Synthesis et que vous aimez avoir mal, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
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