Sans trop savoir pourquoi, j'ai toujours beaucoup attendu de Nucleus Torn. De la découverte de leur premier album à la fin de leur trilogie, j'ai été déçu, espérant systématiquement que le potentiel des Suisses se matérialiserait en chef-d'oeuvre. Après un
"Nihil" trop court et approximatif, un
"Knell" peu passionnant et un
"Andromeda Awaiting" moins prometteur que prévu, je me disais qu'il restait peut-être un espoir dans leur passé. Prophecy Productions et le groupe ayant eu la bonne idée de réenregistrer et de compiler leurs démos au sein de cette compilation, c'était nourri de grandes ambitions que j'entamais la découverte de ces 12 pièces. Et une fois de plus : déception.
Petite présentation pour commencer. "Travallers" regroupe leurs deux EP "Silver" (2001) et "Krähenkönigin" (2004), leur démo "Submission" et deux morceaux inédits composés avant
"Nihil". Pour observer l'évolution de leur musique dans le temps, cette compilation a été organisée dans l'ordre chronologique d'écriture, ce qui explique que l'EP "Krähenkönigin" composé entre 1997 et 1998 (mais sorti seulement en 2004) ouvre le bal. Tous ces enregistrements ont évidemment été remixés et l'EP "Silver" a été retravaillé à l'occasion de cette sortie. Proposé sous la forme d'un joli digibook (à l'image des précédents opus), l'objet vous fait même les yeux doux. Difficile donc de résister. Mais parlons musique.
I. Krähenkönigin (1997-1998)
Cette compilation s'ouvre dans le dépouillement le plus total avec cet EP d'une vingtaine de minutes uniquement joué par Fredy Schnyder sur une guitare classique. Si tout n'est pas franchement mémorable, ces quatre pièces apportent leur lot de belles mélodies et nous dévoilent différentes facettes que le groupe reprendra par la suite, alternant légèreté et gravité sur des airs dépeignant des paysages intemporels de nature. Cependant, je vous mentirais si je ne vous disais pas que durant ce marathon guitaristique, l'ennui vient pointer assez rapidement le bout de son nez, l'ensemble présentant trop peu de temps forts pour éviter le décrochage.
II. Silver (1998-1999)
L'EP "Silver" s'ouvrant également sur un morceau de guitare classique, la transition était toute trouvée ; il faudra attendre le sixième titre "Witness" pour entendre d'autres instruments. Fredy et sa guitare (parfois électrique) sont alors rejoints par Patrick Schaad et son chant si particulier, ainsi que Christoph Steiner pour tout ce qui est percussions. Plus riche et passionnant que la précédente partie, "Silver" commence à donner une véritable identité à Nucleus Torn. "Witness", "Beggar" et surtout "Nucleus Torn" possèdent déjà ce petit quelque chose qui fera le charme de
"Nihil", Maria D'Alessandro en moins malheureusement. Malgré une ambiance plutôt réussie et de sublimes passages (l'intro magnifique de "Nucleus Torn"...), l'EP est plombé par quelques longueurs et mélodies peu inspirées.
III. Submission (2001-2002)
Pour moi, "Submission" est sans conteste la partie la plus intéressante des trois. De nouveau purement instrumentale, cette démo concentre le charme et la beauté des plus beaux airs de
"Knell" dans ce qu'il a de plus sombre, et d'
"Andromeda Awaiting" pour ses parties plus enjouées. Un peu de chant n'aurait pas été de trop mais la richesse instrumentale parvient à nous faire oublier cet aspect. Touchants, intrigants, imprévisibles, ces deux titres concentrent pour moi tout le potentiel de Nucleus Torn.
IV. Unreleased tracks (2002-2003)
Cette dernière partie se révèle également assez intéressante. Tout d'abord, "Leadless" surprend par ses inspirations moyen-orientales et ses expérimentations comme la partie de saxophone, mais également dans son atmosphère inhabituellement lumineuse. Mais s'il ne fallait retenir qu'un titre de cet ensemble, ce serait "Lurking". Véritable avant goût d'un
"Nihil" unique dans une discographie assez hétérogène, il se place à la limite entre le folk enchanteur d'un "Glass Spirit" et la mélancolie d'un "Traveller's Rest" (le morceau de
"Nihil") ; dommage que sa fin arrive si vite, limite bâclée.
Au final, plus une curiosité qu'un véritable *must-have*, cette compilation ne trouvera d'intérêt que pour les personnes souhaitant découvrir les premiers pas de ce groupe helvète décidément à part. On y retrouve quelques bonnes choses certes, mais l'ensemble est bien trop inégal en termes de qualité et d'émotions pour constituer un album que l'on va s'écouter pour le plaisir. Pour l'heure, je ne peux que vous conseiller de vous tourner vers
"Nihil" qui reste pour moi leur oeuvre majeure.
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