Psykup … Psy Cup ? Oui, c'est peut-être ça: c'est à l'occasion d'une Coupe du Monde de la Psychiatrie que les membres du groupe ont du se rencontrer. La finesse d'analyse de quelques praticiens a du alors se mêler à la folie schizophrène de patients incurables pour donner naissance à ce groupe improbable, intelligent et barré comme un Faith No More, moderne et agressif comme un
Slipknot, véloce et hargneux comme des punks coreux qui auraient découvert le thrash/death, groovy et fun comme un
System of a Down.
Découverts par hasard au détour des recommandations d'un collègue non métalleux, j'avoue que l'image et l'affiliation stylistique de ces zigotos (
pour autant que les médias aient réussi à étiqueter le groupe) auraient sans doute fait injustement passer ceux-ci sous le champ de perception de mon radar à nouveauté métallique, n'y ait-il eu cet heureux parainage. Et ça aurait été bien dommage, tant Psykup fait à présent parti pour moi de ces secrets (trop) bien gardés qui devraient – si la vie était bien faite et les goûts musicaux de nos semblables moins convenus – bénéficier d'une exposition et d'un succès autrement plus importants.
Parce qu'il y a tout ce qu'il faut pour plaire sur « L'Ombre et la Proie » … peut-être même un peu trop finalement. Trop de bonne humeur et d'humour pince-sans-rire (
cf. le sketch Bernard & Bernard dans « L'Ombre Et La Proie ») pour ceux qui pensent que le metal est evil ou n'est pas. Trop de chant clair typé émo pour ceux qui ne voient pas d'alternative aux growls. Trop de violence pour les amateurs de
Eths et
Korn (
Pan le passage death/grind à 5:57 sur « Your Vision » ! Pan les multiples passages thrash / death / punk / hardcore disséminés tout du long de l'album !). Trop groovy pour ceux qui ont peur de se bouger le cul et de se luxer le cou. C'est vraiment le gros problème de Psykup: trop schizophrènes, et trop en dehors des codes du Metal traditionnel (
et même des codes en général) pour emporter l'unanimité.
Pourtant, « l'Ombre et la Proie » renferme de quoi souiller nuitamment nombre de draps chez tout amateur de violence et d'efficacité décibelliques qui se respecte (
Enfin l'effet « Carte de France » risque d'être plus fréquent chez les poilus que chez les piercées !). En effet ça cogne, les guitares laminent, ça mosh-partise à tout va, ça découpe de la bûche à la chaîne: ça sent la sueur chez les Psykup! Et en option, en plus des caractéristiques évoquées précédemment, il faut vous dire que cet album renferme de délicats instants mêlant beauté et tension, porteurs d'un feeling presque
Townsendien, et puis du power-blues (
à 4:05 sur « Teenage Genocide »), du Matmatah acoustique (
sur « On ne sait jamais »), des mauvais trips hypnotiques (
toute la fin de « Polder », à partir de 4:35), du
Mr Bungle délirant (
batterie trip-hop véloce + guitare acoustique + sirène + chants d'indiens barjots à 3:51 sur « Polder »), des plans jazzy, et partout, mêlés à une grosse patate groovement furax, pleins de plans saccadés et syncopés qui lorgnent vers
Meshuggah. A noter aussi un chant bicéphale, principalement porté sur un registre hardcore criard et violent (
avec l'une des deux voix qui évoque la crise d'un petit môme sous perfusion de caféine … après Gronibard et Dejected, je me demande si ça n'est pas une spécificité française ça !) quand l'ambiance n'est pas plutôt à la mélodie pop ou au grunt des chaumières.
Le groupe est très actif, tourne beaucoup, et s'apprête à sortir bientôt son 3e album chez Season of Mist … Ne loupez pas ces occasions, sortez-vous les doigts de l'évacuation post-intestinale, et allez à la rencontre de ce metal ouvert et intelligent.
« Euuuh, vous aviez pensé à moi … c'est-à-dire ? … Pour égorger la chèvre ? »
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